Iran : les exécutions de femmes en forte hausse

Publié le 28 avril 2022 à 8h12

Source : JT 13h Semaine

Le recours à la peine de mort est en forte hausse (+25%) en 2021 en Iran, dénoncent Iran Human Rights et Ensemble contre la peine de mort dans un rapport publié jeudi.
Un nombre croissant de femmes, au moins 17 lors de l'année écoulée, ont été pendues.

La situation des droits de l'homme se dégrade en Iran. Deux ONG, Iran Human Rights (IHR) et Ensemble contre la peine de mort, ont alerté jeudi sur la forte hausse du recours à la peine de mort dans le pays. Notamment concernant les femmes.

"L'Iran amorce un retour en force sur la scène internationale avec les négociations entourant son programme nucléaire" mais dans le même temps ce pays "a poursuivi les exécutions" et "utilisé la peine de mort comme outil de répression contre de nombreux opposants", fustigent les deux organisations dans un communiqué publié ce jeudi. Dans la majorité des cas, ce sont des personnes condamnées pour meurtres qui ont été mis à mort. 

Au moins 17 femmes executées

En 2021, au moins 333 personnes ont ainsi été exécutées par les autorités, soit une augmentation de 25% par rapport à l'année précédente (267). "Le nombre des exécutions s'est accéléré après l'élection du président Ebrahim Raïssi en juin dernier et ont doublé dans la deuxième moitié de 2021 par rapport à la première moitié", notent les organisations. 

Au moins 17 femmes (contre 9 en 2020) et deux délinquants juvéniles ont été exécutés, tous par pendaison-strangulation.  Parmi les 17 femmes pendues, 12 l'ont été pour meurtre. Les ONG s'inquiètent du nombre croissant de femmes condamnées pour avoir tué leurs maris qui selon les ONG pourraient avoir été violents avec elles. La loi encourage les plaignants (familles de la victime, ou du condamné si il est accusé d'avoir tué un membre de sa famille) à participer personnellement à l'exécution, selon les ONG. Le rapport décrit le cas de Maryam Karimi, condamnée pour avoir tué son mari abusif qui refusait de lui accorder le divorce. En mars 2021, la fille de Mme Karimi a elle même procédé à l'exécution. 

Des actes de tortures fréquents

De même, "le nombre d'exécutions liées au trafic de drogue fait un bond spectaculaire avec un total de 126 exécutés sur l'année, soit une centaine de plus que l'année précédente" (25 en 2020). Même constat pour les personnes issues de minorités ethniques. Ainsi, 21% des prisonniers pendus étaient baloutches, bien que cette minorité ne représente que de 2 à 6% de la population, dénonce ce rapport.

Par ailleurs, la torture physique et psychologique est "utilisée de manière systématique dans les prisons", notamment comme "méthode pour arracher des aveux qui deviendront la base de condamnations à mort", rapportent les ONG. Conséquence directe, plusieurs cas de morts suspectes en prison ont été rapportés. Ces derniers auraient été causés par la torture ou le refus de soins appropriés, sans que personne en soit tenu responsable.

Le soutien de l'opinion publique à la peine de mort a fortement diminué"
Mahmood Amiry-Moghaddam

Dans leur rapport, les ONG soulignent "à quel point la population iranienne conteste les pratiques du régime". "Le soutien de l'opinion publique à la peine de mort a fortement diminué, tandis que la tendance à la diya (prix du sang) et au pardon a considérablement augmenté par rapport aux années précédentes", indiquent-elles. "La pratique inhumaine (de la peine de mort pour punir un meurtre, NDLR) n'est pas populaire parmi les Iraniens", dénonce Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de IHR. "Elle est utilisée par les autorités pour répandre la peur et faire de simples citoyens des complices de leur brutalité et de leur violence", souligne-t-il. 

Par conséquent, les organisations humanitaires appellent la communauté internationale à faire pression sur le pouvoir iranien. "Les terribles bilans de la République islamique en matière de droits de l'Homme et de peine de mort ne sont pas inclus dans les pourparlers du JCPOA" (accord de 2015 censé empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, NDLR), se désole Mahmood Amiry-Moghaddam. "Toute négociation entre l'Occident et l'Iran doit inclure la question de la peine de mort au titre de ses priorités", martèle-t-il. 


Maxence GEVIN

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