La Suède fait partie des dix pays affichant le taux de mortalité infantile le plus faible du monde. Selon l’institut de la statistique à Stockholm, environ deux nouveau-nés sur 1 000 décèdent chaque année avant leur premier anniversaire, dont la moitié avant leur première semaine. Le taux de mortalité infantile varie d’une année à l’autre : il était de 2,4 pour mille en 2020. Il est tombé à 1,8 pour mille en 2021. Mais la tendance est claire : en dix ans, la mortalité infantile a baissé de 20 % en Suède, contre 10 % au niveau européen.
Parmi les éléments d’explication, les observateurs mettent en avant l’importance du suivi de la grossesse et de l’accompagnement des jeunes parents. Les futures mamans voient une sage-femme entre six et dix fois avant d’accoucher. Les consultations sont gratuites et se déroulent en général dans un centre de soins à proximité du domicile de la mère. Les rendez-vous sont fixés à intervalles réguliers.
Comme dans la plupart des pays européens, l’âge moyen des femmes à la naissance de leur premier enfant a augmenté ces vingt dernières années. En 2020, les primipares étaient en moyenne âgées de près de 30 ans. Considérées comme un facteur de risque, les grossesses tardives sont aussi plus fréquentes. « Par contre, comparé à un pays comme le Royaume-Uni, nous voyons peu de grossesses précoces », remarque le pédiatre Hugo Lagercrantz. En 2021, seulement 454 bébés sont nés de mères de moins de 19 ans. C’est une baisse de plus de 60 % par rapport à 2000. M. Lagercrantz l’explique par l’usage généralisé de la contraception. Pour les jeunes filles, il suffit de prendre rendez-vous dans un centre de soins. Elles peuvent le faire seules à partir de 13 ans, grâce à une application sur leur téléphone portable. Depuis 2017, la contraception est gratuite pour les moins de 21 ans. Les avortements chez les plus jeunes (15-19 ans) ne cessent de baisser et moins de 10 ados pour 1 000 y ont eu recours en 2020.
« Enorme contrôle social »
Concernant la santé des mères, les Suédoises n’échappent pas à l’obésité, en progression. Environ 16 % des femmes enceintes en sont atteintes. Par contre, elles fument peu – seulement 6,1 % des femmes de 16 à 84 ans en 2021, selon l’agence de la santé publique. Et si elles sont aussi nombreuses à utiliser quotidiennement du snus (du tabac à priser), seulement 4 % des femmes enceintes continuent à consommer du tabac pendant leur grossesse, contre 17,8 % en France, selon des chiffres de 2015. « C’est un peu comme les châtiments corporels sur les enfants : en Suède, il y a un contrôle social énorme en ce qui concerne le tabagisme et la consommation d’alcool pendant la grossesse », observe M. Lagercrantz.
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