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Santé

Guyane : des femmes enceintes transférées aux Antilles faute de personnel

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Par manque de personnel à l'hôpital de Cayenne, des femmes accouchant avant terme et les nouveau-nés prématurés de Guyane française sont actuellement évacués vers les Antilles-AFP/Archives/PHILIPPE HUGUEN
Par manque de personnel à l'hôpital de Cayenne, des femmes accouchant avant terme et les nouveau-nés prématurés de Guyane française sont actuellement évacués vers les Antilles-AFP/Archives/PHILIPPE HUGUEN

C'est une "crise sanitaire", dit un médecin: par manque de personnel à l'hôpital de Cayenne, des femmes accouchant avant terme et les nouveau-nés prématurés de Guyane française sont actuellement évacués vers les Antilles.

Cinq femmes enceintes et quatre grands prématurés suivis par le centre hospitalier ont ainsi été évacués depuis la fin juin, selon la direction de l'hôpital à l'AFP.

Ces transferts interviennent depuis cette date à cause de l'impossibilité du service de réanimation néonatale d'accueillir toutes les patientes.

Pour y remédier, "des transferts sont organisés sur les Antilles et concernent des transferts in-utéro (après accord de la future parturiente) et des bébés", a ajouté la direction. Ces transferts, réalisés par avion, prennent environ 2 heures.

"Tous les jours, il y a une réunion de crise", selon un médecin sous couvert d’anonymat selon qui il s'agit de "la plus grande crise sanitaire que j’ai connue depuis des années".

Depuis le 30 juin, des médecins de l’hôpital de Cayenne et des médecins réservistes du CORRUSS (Centre opérationnel de réception et de régulation des urgences sanitaires et sociales) sont mobilisés car la moitié, voire plus, de la dizaine de praticiens du service ne sont pas à leur poste.

Selon un autre médecin, ces défections s'expliquent par "trois ans de surmenage et de sous-effectifs. On travaille un nombre d’heures au-delà du raisonnable, sous restrictions budgétaires. L’équipe est très méritante et travaille 6 jours sur 7, à raison de 70 heures par semaine. Donc, au bout d’un moment ça craque".

La direction de son côté a justifié les absences par des "congés annuels plus des arrêts maladies".

Cayenne offre le seul service de réanimation néonatale pour toute la Guyane, région de plus de 260.000 habitants caractérisée par l’un des taux de fécondité les plus élevés de France.

Le service offre 32 lits et la capacité d’accueil "est souvent dépassée", reconnaît la direction qui note également une "augmentation régulière des naissances avec grands prématurés".

- Malaise dans la profession médicale -

Le "service est toujours en tension avec, à la fois, des praticiens en maladie et une suractivité chronique", indique à l’AFP Jacques Cartiaux, le directeur de l’ARS (Agence régionale de Santé) mais "le concours des réservistes envoyés par le CORRUSS et le recours aux évacuations sanitaires vers les Antilles permettent d’assurer la sécurité", assure-t-il.

Ce dysfonctionnement coïncide avec l’ouverture d’une enquête par le parquet de Cayenne, après les décès survenus dans ce service hospitalier en juillet-août 2016 de cinq grands prématurés "des suites d'une infection nosocomiale", avait alors indiqué l’ARS, précisant que "le staphylocoque doré est un germe très banal, surtout en milieu tropical".

Une enquête a été confiée en octobre 2016 à la police judiciaire pour homicides involontaires, a confirmé à l’AFP le procureur de la République, qui a ordonné une expertise médicale.

Certaines des familles endeuillées ont aussi déposé plainte, selon une source judiciaire.

Le malaise est profond au sein du monde médical. "Les usagers nous crachent dessus, mais ils ne se rendent pas compte", déplore ainsi un médecin du service de réanimation néonatale. "Chaque fois qu’il y a un événement malheureux, on se fait traiter d’assassins", ajoute un infectiologue, membre du collectif des praticiens du centre hospitalier de Cayenne.

Au cours du conflit social qui a paralysé la Guyane en mars-avril, les équipes hospitalières ont subi la colère populaire. Les carences du système de santé, au rang desquels les maladies contractées lors d’une hospitalisation, figuraient parmi les principales récriminations de la population.

40 millions d'euros ont été proposés par le gouvernement pour moderniser le centre hospitalier de Cayenne.

Le Comité pour la performance et la modernisation de l’offre de soins (COPERMO) dressera l’échéancier de cette somme "dès réception du programme détaillé de travaux établi par l’établissement et du rapport d’évaluation socio-économique établi par l’ARS", a indiqué le gouvernement le 11 juillet.

Selon la direction de l’hôpital, un dossier "réévaluation des capacités "du service de réanimation néonatale est "en cours d'instruction".

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