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En Afghanistan, les présentatrices télé se couvrent finalement le visage

Les journalistes femmes avaient choisi, samedi, de ne pas se plier à cet ordre. Le directeur de TOLOnews a expliqué, dimanche, que la chaîne avait été « forcée » de faire appliquer l’ordre selon lequel les femmes devaient se couvrir entièrement en public.

Le Monde avec AFP

Publié le 22 mai 2022 à 13h17, modifié le 23 mai 2022 à 09h49

Temps de Lecture 2 min.

Thamina Usmani présente le journal télévisé sur la chaîne afghane Tolo TV, le 22 mai 2022 à Kaboul.

Elles se sont finalement soumises à l’ordre des talibans de dissimuler leur apparence. Les présentatrices des grandes chaînes de télévision afghanes sont apparues, dimanche 22 mai, à l’antenne le visage couvert, se conformant à un ordre des talibans un jour après l’avoir défié.

Depuis leur retour au pouvoir l’année dernière, les talibans ont imposé une série de restrictions à la société civile, dont une grande partie vise à soumettre les femmes à leur conception austère de l’islam. Au début du mois, le chef suprême des talibans a émis un ordre selon lequel les femmes devaient se couvrir entièrement en public, y compris le visage, idéalement avec la burqa, un voile intégral doté d’une grille en tissu au niveau des yeux. Auparavant, seul un foulard couvrant les cheveux suffisait.

Le redouté ministère afghan de la promotion de la vertu et de la prévention du vice avait ordonné aux présentatrices de télévision de s’y conformer d’ici à samedi. Les journalistes femmes avaient d’abord choisi de ne pas se plier à cet ordre, en passant à l’antenne en direct sans dissimuler leur visage.

Les hommes portent un masque noir en solidarité

Avant de faire volte-face. Dimanche, les présentatrices portaient le voile intégral, laissant uniquement voir leurs yeux et leur front, pour présenter les journaux sur les chaînes TOLOnews, Ariana Television, Shamshad TV et 1TV. Sonia Niazi, une présentatrice de TOLOnews, a expliqué :

« Nous avons résisté et étions contre le port [du voile intégral]. Mais TOLOnews a subi des pressions, [les talibans] ont dit que toute présentatrice qui apparaissait à l’écran sans se couvrir le visage devait se voir confier un autre travail. »

Le directeur de TOLOnews, Khpalwak Sapai, a expliqué que la chaîne avait été « forcée » de faire appliquer l’ordre à son personnel :

« On nous a dit : vous êtes obligés de le faire. Vous devez le faire. Il n’y a pas d’autre solution. J’ai été appelé au téléphone hier et on m’a dit en termes stricts de le faire. Donc, ce n’est pas par choix que nous le faisons, mais contraints et forcés. »

Les autres employées ont continué à travailler avec le visage à découvert. Durant la journée, les hommes, journalistes et employés, travaillant dans les locaux de TOLOnews à Kaboul ont porté un masque leur couvrant le visage, en solidarité avec les présentatrices. Dans la soirée, les présentateurs de TOLOnews et 1TV sont également passés à l’antenne en portant des masques noirs, pour protester contre l’ordre des talibans.

Sur TOLOnews,  le 22 mai 2022, le journaliste Hamed Bahram porte un masque noir pour protester contre l’obligation faite aux femmes de se couvrir le visage.

Mohammad Sadeq Akif Mohajir, porte-parole du ministère de la promotion de la vertu et de la prévention du vice, a déclaré que les autorités n’avaient pas l’intention de forcer les présentatrices à quitter leur emploi. « Nous sommes heureux que les chaînes aient correctement exercé leur responsabilité », a-t-il commenté à l’Agence France-Presse.

Voile intégral en public

Les talibans ont ordonné que les femmes travaillant au sein du gouvernement soient licenciées si elles ne respectent pas le nouveau code vestimentaire. Les employés de sexe masculin risquent également d’être suspendus si leurs épouses ou leurs filles ne s’y conforment pas.

Les talibans ont repris le pouvoir en août 2021 en annonçant un régime plus souple que lors de leur premier règne rigoriste. Mais ils ont ces derniers mois recommencé à réprimer les oppositions et à éroder les libertés, notamment pour les femmes dans l’éducation, le travail et la vie quotidienne.

Ils ont commencé par exiger que les femmes portent au minimum un hidjab, un foulard couvrant la tête mais laissant apparaître le visage. Puis, début mai, ils leur ont imposé le port en public d’un voile intégral, de préférence la burqa, déjà obligatoire lorsqu’ils étaient au pouvoir de 1996 à 2001.

Au cours des vingt années qui ont suivi l’éviction des talibans en 2001, de nombreuses femmes des campagnes conservatrices avaient continué à porter la burqa. Mais la plupart des Afghanes, y compris les présentatrices de télévision, avaient opté pour le foulard. Les chaînes de télévision ont déjà cessé des séries et des feuilletons mettant en scène des femmes, sur ordre des talibans.

Le Monde avec AFP

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