Les inégalités de genre sont particulièrement saillantes dans le monde du travail. C’est notamment le cas au niveau des salaires, les femmes continuant d’être moins bien rémunérées que leurs homologues masculins, mais aussi en ce qui concerne l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle.

Au Royaume-Uni, le sujet fait de manière récurrente la une des journaux. Le quotidien britannique The Guardian a récemment mis en évidence la discrimination subie par les femmes dans la sphère professionnelle. À diplôme identique, une infirmière britannique gagnerait 2 000 livres (2 260 euros) de moins que l’un de ses collègues masculins durant sa première année de travail. Ce constat explique pour partie le mauvais classement du Royaume-Uni dans une étude conduite par le cabinet Llewellyn Consulting dans 17 pays européens, et aux États-Unis. L’écart de salaires entre les femmes et les hommes ayant au moins un enfant s’y élève à 14 %, souligne The Independent, contre 3 % en Italie ou en Espagne.

Au Brésil, le site Plus 55 nous rappelle que les inégalités continuent d’exister, malgré l’élection à deux reprises de Dilma Rousseff à la tête du pays. Le salaire des femmes représente seulement 68 % du salaire des hommes, et ce pourcentage chute à 35 % pour les femmes noires et métisse.

Pour lutter contre ces discriminations, la journaliste du Financial Times Sarah O’Connor demande davantage d’études sur les causes des inégalités salariales :

Ce n’est que quand on comprend à quoi sont dus ces écarts qu’on peut décider d’y remédier (ou pas). Le message aux employeurs qui affirment s’attaquer aux écarts de salaires entre les sexes est simple : sortez vos feuilles de calcul.”

Concilier vie professionnelle et vie privée

Il est difficile pour les femmes d’être une mère tout en faisant carrière. En Allemagne, si une part croissante des hommes opte pour le congé parental, les femmes sont toujours quatre fois plus nombreuses à arrêter leur travail pour s’occuper de leur enfant après sa naissance. La durée moyenne du congé parental pris par les femmes est par ailleurs de treize mois, contre moins de quatre pour les hommes.

L’exemple australien révèle aussi que les relations amoureuses au travail sont plus risquées pour les femmes, davantage exposées en raison de leur position hiérarchique inférieure. C’est ce que souligne Larissa Sandy, anthropologue à l’université RMIT de Melbourne :

Le genre conditionne la répartition des pouvoirs dans la plupart des entreprises australiennes. Les hommes occupent l’immense majorité des postes à responsabilité et de pouvoir, qu’ils exercent avant tout sur des femmes. Les relations amoureuses au travail peuvent être la cause, la conséquence et le mécanisme de ces relations de pouvoir, de même qu’elles peuvent être façonnées et structurées par celles-ciNos entreprises sont essentiellement conçues pour les hommes – souvent les hommes appartenant à l’élite. Cela tient au fait que, historiquement, la plupart des entreprises sont dominées par des hommes.”

Des initiatives en faveur des femmes

Plusieurs gouvernements, universités et entreprises ont mis en place des programmes pour lutter contre ces inégalités et permettre aux femmes d’innover et d’assumer de nouvelles responsabilités.

C’est notamment le cas dans le domaine du high-tech au Canada, en Australie et en Israël, où des dispositifs de soutien et d’accompagnement ont été créés pour féminiser le secteur. Il s’agit avant tout de briser l’autocensure qui empêche de nombreuses femmes de se lancer dans les nouvelles technologies. La branche investissement de la Banque de développement du Canada (BDC) a ainsi fait savoir qu’elle investirait 50 millions de dollars dans des entreprises dirigées par des femmes. Les incubateurs d’entreprise facilitent par ailleurs l’accès aux projets portés par des femmes. Le programme australien Starmate, de la société Blackbird Ventures, a par exemple décidé de revoir ses critères de sélection pour éliminer certaines barrières d’entrée des femmes dans les start-up.

Une manière de lutter contre les préjugés pour Samantha Wong, membre de Starmate :

Il ne faut pas croire que les femmes ne créent leurs entreprises que dans les milieux délaissés par les hommes. C’est un préjugé inconscient.”

En parallèle, certains gouvernements soutiennent la création d’entreprises par les femmes. C’est le cas en Belgique, où le ministre bruxellois de l’Économie, Didier Gosuin, a décidé de promouvoir l’entrepreneuriat féminin. De fait, les acteurs de l’accompagnement à la création d’entreprises sont sensibilisés aux questions de genre. Les filles sont par ailleurs encouragées à suivre des formations liées à l’entrepreneuriat comme la gestion, les technologies, l’ingénierie ou les mathématiques.

Des écoles de commerce promeuvent à ce titre leurs MBA (master of business administration) auprès du public féminin afin de diversifier le profil de leurs élèves. L’université d’Edimbourg a par exemple recruté un responsable de relations pour soutenir les candidates au long de la procédure d’admission et envisage de financer des bourses d’études pour les femmes. Dans le même temps, plus de femmes d’affaires sont recrutées pour enseigner dans le programme. Elles doivent servir d’exemples à suivre pour les étudiantes.