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Rosalind Franklin, Jocelyn Bell, Mileva Einstein... : sept femmes scientifiques victimes de l'effet Matilda

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Vidéo GEO : Ces scientifiques qui ont été victimes de l'effet Matilda

Découverte de l’ADN, syndrome de Down, mise en place de la première ligne de code… Alors que ces événements ont représenté, à leur époque, des avancées considérables pour la science, les scientifiques qui en sont à l'origine ont vu leurs noms invisibilisés dans l'Histoire. Leur point commun : elles étaient toutes des femmes. Ce phénomène porte un nom : c’est l’effet Matilda.

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"Au XIXe siècle, les femmes en Europe sont quasiment exclues du monde des sciences au nom de leur soi-disant infériorité naturelle", explique à l'AFP Louis-Pascal Jacquemond, historien spécialiste de l'histoire des femmes et des sciences. Si elles sont sœurs, mères, femmes ou filles de scientifiques, elles peuvent participer à leurs côtés aux avancées de la discipline mais leur rôle est minimisé, comme celui de l'épouse d'Albert Einstein, la physicienne Mileva Marić.

L'effet Matilda, ce phénomène qui invisibilise les femmes scientifiques

En 1968, le sociologue Robert King Merton présente sa théorie sur l’effet Matthieu, dont le nom fait référence à une phrase de l’Évangile selon Matthieu : "À celui qui a, il sera beaucoup donné et il vivra dans l'abondance, mais à celui qui n'a rien, il sera tout pris, même ce qu'il possédait". À travers sa théorie, il explique comment certains grands personnages ont parfois été reconnus au détriment de leurs proches qui ont souvent participé à leurs recherches.

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Au début des années 80, l’historienne des sciences Margaret Rossiter approfondit la théorie de Robert King Merton et l’applique au milieu scientifique et à la gent féminine. Elle donne à ce concept le nom "d'effet Matilda" en hommage à la militante féministe Matilda Joslyn Gage qui, dès la fin du XIXème siècle, avait dénoncé l'invisibilisation des femmes dans les sciences.

Trotula de Salerne

Médecin et chirurgienne au XIe siècle, Trotula de Salerne a notamment écrit "De passionibus mulierum curandarum" ("Le Soin des maladies des femmes"), un ouvrage sur la gynécologie qui fut, dès le Moyen Âge, traduit en plusieurs langues. Mais pour l’époque, il est inenvisageable qu’une femme puisse détenir de telles connaissances. Aussi le travail autour de ses divers ouvrages fut-il attribué à des hommes.

Jocelyn Bell

Passionnée d’astronomie, Jocelyn Bell entame au milieu des années 60 des études de radioastronomie à l’université de Cambridge et entame, à cette occasion, la construction d’un radiotélescope pour étudier les quasars, sous la direction de l’astronome Anthony Hewish. L’outil terminé, en 1967, elle fait la découverte de ce qui sera plus tard identifié comme étant des pulsars, sans être toutefois soutenue par l’astronome. En 1968, lors de la publication de ses résultats de recherches dans la revue Nature, c’est pourtant le nom d’Anthony Hewish qui figure dans l’article. Et en 1974, c’est à nouveau lui, ainsi que Martin Ryle, qui obtiennent le prix Nobel de physique.

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Qui sont les femmes affichées sur les nouvelles pièces américaines ?

Rosalind Franklin

Chimiste d’origine britannique, Rosalind Franklin est aujourd’hui célèbre pour son rôle capital dans la découverte de la structure de l’ADN. Pourtant, ce sont ses collaborateurs James Watson et Francis Crick, avec qui les relations n’étaient globalement pas les plus amicales, qui publient les résultats de ses recherches – relatifs au fameux cliché N°51 où sont visibles les deux hélices de la structure de l’ADN – dans la revue scientifique Nature. Rosalind Franklin et le physicien Maurice Wilkins, avec qui elle travaillait également, apparaissent seulement dans les remerciements, à la demande de ce dernier. Neuf ans plus tard, en 1962, James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins obtiennent le prix Nobel de la médecine pour "leur découverte" de la structure de l’ADN. Rosalind Franklin, alors décédée, reste, elle, la grande oubliée.

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Marthe Gautier

Dans les années 50, Marthe Gautier, qui travaille aux côtés de Raymond Turpin, chef de l’unité pédiatrique de l’hôpital Trousseau, sur les syndromes poly-malformatifs, et notamment le syndrome de Down, crée un laboratoire artisanal pour étudier les cellules des patients malades. Elle découvre ainsi que les enfants atteints de "mongolisme", terme employé à l’époque pour caractériser le syndrome de Down, ont un chromosome en plus. Une découverte décisive dans la compréhension de la pathologie. Pourtant, cette découverte est finalement attribuée à un homme, Jérôme Lejeune, et son nom à elle, mal orthographié, est relégué à la seconde place des signataires de l'article confirmant les résultats obtenus par l'équipe française en 1959. Ce n’est qu’en 1994 que le comité d’éthique de l’Inserm reconnaît que "la découverte du chromosome surnuméraire, la part de Jérôme Lejeune (...) a peu de chance d'avoir été prépondérante".

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Mileva Einstein

Épouse d’Albert Einstein, Mileva Einstein fait, elle aussi, partie de ces femmes qui ont été victimes de l’effet Matilda. À l’instar de celui qu’on ne présente plus, Mileva Einstein a également fait carrière dans la physique et les mathématiques. S’il n’a bien sûr jamais été question de remettre en cause le génie d’Albert Einstein, le rôle de Mileva Einstein dans la réussite de ses travaux est aujourd’hui étudié de plus près. Notamment en ce qui concerne les découvertes liées à l’espace-temps et à la vitesse de la lumière. Et ce, notamment après que plusieurs échanges du couple ont pu être mis en lumière. Comme ce courrier de 1901, dans lequel Albert Einstein écrit : "Comme je serai heureux et fier quand nous aurons tous les deux mené notre travail sur le mouvement relatif à une conclusion victorieuse !". Et pour cause, très douée, Mileva Einstein corrigeait régulièrement les travaux du scientifique. Toutefois, faute de preuves, le rôle de Mileva Einstein au sein des réussites d’Albert Einstein n’est, aujourd’hui encore, que très faiblement estimé.

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Portrait de Jeanne Baret, la première femme qui fit le tour du globe

Lise Meitner

En obtenant la plus haute mention, Lisa Meitner devient en 1901 – époque où étudier relève du parcours du combattant pour la gent féminine – la deuxième femme à être diplômée Docteur de l’université de Vienne. En 1911, elle intègre le département de chimie, dirigé par Otto Hahn, de la société Jaiser-Wilhelm pour l’avancement des sciences. Puis, prend la direction du département de physique, à sa création. L’un chimiste, l’autre physicienne, la collaboration d’Otto Hahn et Lise Meitner est très efficace. En 1934, Fritz Strassman rejoint le duo de scientifiques pour étudier sur les réactions nucléaires artificielles. En 1938, ils découvrent le principe de la fission, découverte fondamentale dans la construction de la bombe nucléaire. Hélas, après l’annexion de l’Autriche par le régime nazi, Lise Meitner, issue d’une famille juive, est contrainte de prendre la fuite en Suède. En décembre de cette même année, lorsque leurs travaux sont publiés dans la revue scientifique Naturwissenschaften, Lise Meitner, compte tenu de sa situation, n’est pas citée. Et c’est ainsi qu’en 1944, le prix Nobel de chimie est alors attribué à Otto Hahn et Fritz Strassman.

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Ada Lovelace

Si l’informatique est, aujourd’hui encore, un milieu où les femmes peinent à trouver leur place, dans les années 1800, l’idée même qu’une femme puisse s’y intéresser – avec talent – n’était même pas envisagée. Surnommée "Princesse de Parallélogrammes", Ada Lovelace est une mathématicienne qui, à partir des années 1840, a traduit avec passion, de l’anglais au français, les travaux de Charles Babbage (qui n'était autre que son précepteur) portant la machine analytique. S’est-elle contentée de les traduire ? Non, elle y a également apporté ses (nombreuses) observations. Parmi elles : des instructions permettant de calculer les nombres de Bernoulli. En bref : de précieuses informations qui sont aujourd’hui considérées comme le premier programme informatique de l’Histoire. En considérant la programmation comme un langage à part entière, Ada Lovelace apporte ainsi une vision inédite à l’utilisation des machines. Malgré tout, ses contributions pourtant capitales dans le domaine de l’informatique restent encore méconnues.

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