Il ne se passe pas une semaine sans que le tribunal correctionnel de Caen (Calvados) ne traite une affaire de violences au sein du couple. Jeudi 16 juin 2022, les faits reprochés à Aurélien* (21 ans) en matière de rage destructrice, en dépassent beaucoup d’autres. La jeune femme, âgée de 19 ans à leur rencontre, est sortie « dévalorisée et traumatisée » de cette première relation de couple.
Première plainte
Aurélien et Chloé* font connaissance en juillet 2020 sur les réseaux sociaux et, en septembre, Aurélien s’installe chez Chloé, à Caen. En novembre, survient la première crise de violence au prétexte qu’elle a oublié de lui acheter un paquet de cigarettes. Il lui donne un coup de genou dans la tête, lui lance la table basse, détruit une porte vitrée à coups de pied. Il l’insulte également, en la traitant de « grosse p… ». Aucune suite ne sera donnée à la plainte de Chloé. Au bout de 15 jours de séparation, elle lui redonne une chance et la vie commune reprend.
Véritable déchaînement incontrôlable
Aux alentours de minuit, jeudi 24 février 2022, Aurélien rentre passablement alcoolisé. Le sentant agressif, Chloé, qui regardait la télé, regagne sa chambre pour éviter toute confrontation. L’homme saisit la porte, l’enlève de ses gonds et la fracasse contre le mur. Divers autres objets vont subir sa colère. Effrayée, Chloé quitte l’appartement en courant mais il la rattrape dans les escaliers. Il la traîne pour la ramener de force, lui plaque une main sur la bouche pour l’empêcher de crier. » Tu ne seras plus jamais tranquille ! », la menace-t-il en lui crachant au visage.
À lire aussi
La scène de furie dure jusqu’à 3 h du matin, Chloé parvenant enfin à appeler les secours. Lorsque les policiers pénètrent dans les lieux, la jeune femme est prostrée, les vêtements déchirés. Aurélien fracasse le téléviseur sous leurs yeux. Le sol est jonché de débris de verre. Placé en garde à vue, il en ressort avec une mesure de contrôle judiciaire, jusqu’à son procès qui s’est tenu jeudi 16 juin.
» Ce n’était qu’une grosse dispute «
À la barre, ou le prévenu ne se souvient plus de ces faits, ou il se justifie :
Si je suis comme ça, c’est de sa faute. Elle sait comment me pousser à bout.
Et aussi : « je ne l’ai pas frappée, juste saisie fortement » et encore, étonné de se trouver là : « ce n’était qu’une grosse dispute ».
À la question « pourquoi la ramener de force dans l’appartement, et l’y enfermer ? », il répond : « elle allait en sous-vêtements dans la rue », ce qui insupporte au point haut point la juge Sophie Vernet.
« Vous allez aller jusqu’au meurtre ? »
« Elle doit subir votre violence à l’intérieur, et dans le même temps, sortir habillée correctement, c’est bien ça ? Et avec votre prochaine compagne, vous allez aller jusqu’au meurtre ? ».
Il est ensuite question de sa personnalité, de son intolérance à la frustration, de son besoin de soins et de son casier judiciaire qui comporte une mention pour vol avec destruction.
Prison avec sursis
Aurélien écope finalement de six mois de prison avec sursis, de 24 mois de sursis probatoire. Il a interdiction d’entrer en contact avec Chloé, de se présenter au domicile de la victime ou sur son lieu de travail. Il devra suivre des soins psychologiques et un stage de sensibilisation aux violences conjugales. Enfin, il devra rembourser 621,55 euros pour le préjudice matériel et verser 1 200 euros pour le préjudice moral.
*Prénoms d’emprunt.