"Vous devriez avoir mal" : de nouveaux témoignages contre Chrysoula Zacharopoulou

Publié le Lundi 27 Juin 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Après de premiers témoignages de patientes, deux jeunes filles mineures au moment des faits présumés racontent les commentaires et les actes traumatisants qu'elles auraient subis de la part de la secrétaire d'Etat Chrysoula Zacharopoulou lors d'une consultation de gynécologie.
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Lucie était pleine d'espoir quand elle a consulté la grande spécialiste de l'endométriose Chrysoula Zacharopoulou, aujourd'hui secrétaire d'Etat, à l'hôpital Bégin de Saint-Mandé en 2018. Le rendez-vous aurait viré au cauchemar dès les premières minutes de la consultation. "Sans me regarder dans les yeux, elle me demande de m'allonger. Puis sans me prévenir elle a mis sa main à l'intérieur de moi. J'avais l'impression que c'était un poing qu'on m'enfonçait. J'ai eu très mal mais je n'ai ni pleuré ni crié", se souvient-elle auprès de RTL.

La jeune fille continue, les larmes aux yeux : "C'est là qu'elle m'a dit: 'normalement vous devriez crier. Vous devriez avoir mal.' Elle appuyait, ça me faisait vraiment très mal. Ensuite, je me suis rassise. J'ai osé demander si c'était vrai que j'étais stérile. Elle a alors repris mon dossier et m'a dit : 'Mais ma pauvre, vous n'avez rien compris, vous n'aurez pas d'enfant vous êtes stérile'. Lorsque je me suis mise à pleurer, elle m'a demandé : 'Pourquoi vous pleurez, je ne vois pas l'intérêt'".

Si elle n'a pas porté plainte, son témoignage s'ajoute aux nombreux dévoilés par Marianne mercredi 22 juin, qui relatent des actes similaires. Deux femmes accusent également la gynécologue et femme politique de "viol gynécologique".

"J'ai cru pouvoir lui faire confiance, à tort"

Mathilde, qui a souhaité rester anonyme, avait 17 ans lorsqu'elle a croisé la route de la praticienne. "Je venais d'apprendre que je souffrais d'endométriose, elle avait la notoriété d'une spécialiste. Par cette aura, j'ai cru pouvoir lui faire confiance, à tort", raconte-t-elle dans les colonnes de Libération.

Elle décrit comment, dès la salle d'attente, "l'ambiance était angoissante, les patientes sortaient déboussolées de son cabinet, une femme semblait très stressée et faisait des allers-retours aux toilettes". Et de poursuivre que le sentiment de "malaise" se poursuit au sein du cabinet. "Le docteur Zacharopoulou était désagréable et méprisante avec son interne qui préparait la table pour la consultation."

Puis, la gynécologue lui aurait "fait un toucher vaginal, toujours sans me prévenir et sans explication, sans consentement. Elle m'a mis trois doigts avec un gant dans un silence absolu alors qu'une personne était dans la pièce". La jeune femme a "tellement mal" qu'elle "transpire au niveau du dos", rapporte Libé. "L'effet de surprise amplifie la douleur". Mathilde se rappelle encore : "Je me cramponne à la table d'auscultation, je ferme les yeux et j'attends que ça passe".

Sa mère qui l'accompagnait, renvoyée dans la salle d'attente avant l'examen par Chrysoula Zacharopoulou, récupère sa fille en larmes. Elle parle de "violences gynécologiques", "à la limite de la violence physique et psychologique". Mathilde, de son côté, se dit marquée à vie. "Je me revois encore déambuler dans ce grand couloir, tous mes espoirs venaient de s'effondrer. On nous l'avait présentée comme une pointure et je suis sortie du rendez-vous non seulement perdue mais salie, humiliée, dénuée de toute confiance dans le corps médical".

Aujourd'hui âgée de 22 ans, elle envisage des poursuites judiciaires. Trois plaintes visent pour le moment l'actuelle secrétaire d'Etat à la Francophonie qui a réagi le 24 juin à ces témoignages dans un communiqué transmis par son avocat : "Les accusations graves à mon encontre, portant sur des examens cliniques médicaux réalisés afin de diagnostiquer et de soigner la maladie de mes patientes, sont inacceptables et révoltantes". Elle assure n'avoir "jamais imposé le moindre examen à aucune de [ses] patientes sans leur consentement".