Précarité menstruelle : des distributeurs gratuits de serviettes et tampons dans les Vosges

"A la place des serviettes, des fois j’utilise des cotons. C’est moins cher ", avoue Adessoa, qui tente de surpasser sa timidité. Cette nigérienne de 35 ans apprend la langue française à l’association Les Folies à Charmes. Elle découvre le distributeur de protections hygiéniques gratuites, avec un brin de soulagement. "Je vais pouvoir faire des économies ! "

A la place des serviettes, des fois j’utilise des cotons - Adessoa, 35 ans

Comme elle, 1,7 million de femmes sont victimes de précarité menstruelle en France, selon l’association Règles élémentaires. Pour lutter contre ce fléau, le bailleur social Vosgelis met en place six distributeurs gratuits de protections hygiéniques dans les quartiers populaires du département des Vosges. Le bailleur vosgien estime que 500 femmes locataires ne seraient pas en capacité financière de se prodiguer des protections périodiques. 

1,7 million de femmes sont victimes de précarité menstruelle

Habituellement installé dans les halls d’entrée des immeubles de Vosgelis, le distributeur est cette fois-ci situé dans les locaux de l’association Les Folies, à Charmes. " C’est stratégique ici, car c’est un lieu de bienveillance ", explique Monsieur Beretta, le président de l’association qui œuvre pour le lien social dans ce quartier populaire. " Les jeunes filles peuvent venir sans problème ici, parce que c’est pas facile de demander un tampon aux hommes barbus qui gardent l’entrée des appartement Vosgelis ! ", lâche-t-il. 

« Ma fille pourra venir ici sans problème, sans être jugée », confirme Alexandra, maman de trois enfants. Des clichés qui persistent, encore en 2022 témoigne Valérie Haffnet, bénévole à l'association Les Folies. "Hier, une maman était gênée d'en parler devant ses enfants. Il ne faut plus qu'il y ait de gêne. Il faut briser ce tabou des règles. Nous en parlons tant aux garçons qu'aux filles, en espérant qu'elles oseront franchir la porte !" 

Le distributeur est confectionné à partir de cartons de récupération, par Sophie Kilunski, une auto-entrepreneuse et locatrice de Vosgelis. Dans chaque distributeur, 500 boites de tampons et de serviettes sont entreposés. Au total, ce projet s'élève à 10 000 euros.

La région Grand est a lancé un appel d'offre pour lutter contre la précarité menstruelle. Un appel auquel a répondu le bailleur. S'il le remporte, le président de Vosgelis, Fabrice Barbe espère "pérenniser ces points d'approvisionnement et multiplier leurs nombres sur le territoire des Vosges."