« Même en congés, c’est aux femmes qu’il revient de préparer » : la charge mentale ne prend pas de vacances

Une plage à Belle-Île-en-mer, le 2 août 2020 (Illustration)

Une plage à Belle-Île-en-mer, le 2 août 2020 (Illustration)  PHILIPPE DANNIC/SIPA / PHILIPPE DANNIC/SIPA

66 % des femmes font plus de tâches que leur conjoint pour préparer les vacances d’été, selon une étude publiée par l’institut de sondage Ifop. Billets de train, location d’appartements... c’est majoritairement aux femmes d’anticiper l’organisation.

« Lui, il ne fait rien, il me dit tu prends ce que tu veux je te suis. » Cet été Faustine part en Turquie avec son conjoint pour les vacances. Mais que ce soit la destination, les billets d’avion, le choix des jours de congé ou encore la réservation de l’hôtel : la jeune femme de 25 ans a tout fait de A à Z. « Il ne va pas forcément me donner son avis ou chercher de son côté. Même pour la destination. Tant qu’on part en vacances il s’en fout », confie-t-elle. Caroline, son mari et son adolescent de 17 ans prendront la direction de Biarritz pour trois semaines. Mais là encore, c’est Caroline, 51 ans, qui a loué le petit appartement à 300 mètres de la plage, qui accueillera les vacanciers. « Avant je faisais les valises et lorsqu’on arrivait j’avais toujours une remarque de mon mari ou de mon fils : “Ah mais tu as oublié ça !” Maintenant, j’ai établi que je ne les faisais plus », raconte-t-elle.

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Faustine et Caroline ne sont pas seules dans ce cas. Selon un sondage publié par l’institut Ifop en partenariat avec Voyageavecnous la semaine dernière, 66 % des femmes en couple estime avoir fait plus de tâches que leur conjoint pour les congés d’été. De plus, 48 % des Françaises révèlent se charger seules de l’hébergement. Même en vacances, la charge mentale ne s’évapore pas.

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« Les vacances n’échappent pas au privilège de genre »

Et une fois arrivés à la plage, le farniente paraît un peu plus au programme pour les hommes que pour les femmes. Plus de 53 % des Françaises assument personnellement le ménage et l’entretien du lieu de villégiature, 54 % préparent les repas, 78 % d’entre elles préparent les vacances des enfants et nettoient leur linge, apprend-on dans l’étude de l’Ifop. Quitte à provoquer quelques tensions.

« À la maison, mon mari fait la vaisselle et moi la cuisine. La première année où on s’est retrouvés en location, il m’a annoncé : “comme c’est les vacances je ne fais pas la vaisselle” donc j’étais obligée de lui dire que dans ce cas je ne ferai pas la cuisine. Quand il a vu que je ne cuisinais pas, il a fait la vaisselle quand même ! », se souvient Caroline. « Si c’est toujours à moi de chercher des restaurants ou un programme pour la journée, ça me saoule », témoigne aussi Faustine.

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« Cette enquête montre que les vacances n’échappent pas au privilège de genre qui veut que les hommes en fassent globalement moins que les femmes dans la plupart des tâches liées à la vie de couple et aux enfants. Même en congés, c’est à elles qu’il revient très majoritairement d’anticiper, de préparer et de gérer », commente François Kraus, directeur du pôle « Genre et sexualité » à l’Ifop.

« C’est moi la cheffe du planning »

« Les femmes ne sont jamais autant en vacances que les hommes », poursuit François Kraus. Pourtant, Faustine l’avoue, « c’est une petite charge en plus », qui ne « la dérange pas tant que ça ». Isabelle est encore plus catégorique. Cette quadragénaire organise chaque année les vacances de son mari, ses deux adolescentes de 15 et 17 ans mais aussi de couples d’amis qui partent avec elle. Mais elle adore ça. « C’est moi la cheffe du planning », affirme-t-elle, « Je fais tout mais je préfère contrôler ».

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De plus, les trois femmes ne se verraient pas laisser les commandes à leur partenaire de vie. « J’aurais peur qu’il choisisse les trucs sans regarder les avis et que l’on se retrouve là-bas, dans un hôtel miteux », confie Faustine. Pour Caroline, c’est l’inverse. Elle le sait : son mari choisirait un hôtel cinq étoiles sans se soucier une seule seconde du budget. « C’est une habitude », répète Isabelle. Une habitude si sociologiquement ancrée que les femmes en viennent à croire que l’homme ne pourrait pas se débrouiller seul pour partir en vacances.

« C’est peut-être idiot, c’est peut-être de ma faute, c’est peut-être parce qu’on ne se lâche pas », se questionne Caroline. « C’est un problème de lâcher prise, on a toujours été mises dans ces choses-là », renchérit Isabelle. Avant d’ajouter : « Le bouton magique n’existe pas, il faut faire un travail sur soi. »

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