Les talibans demandent aux femmes de trouver des hommes... pour les remplacer au travail

Publié le Mercredi 20 Juillet 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
En Afghanistan, sous le régime taliban, les libertés et droits des femmes n'en finissent pas d'être menacés et bafoués. Dernier enjeu en question ? Leur vie professionnelle.
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En Afghanistan, sous le régime taliban, les libertés et droits des femmes sont toujours autant menacés et bafoués. Dernière nouvelle dramatique : plusieurs femmes au sein du ministère afghan des Finances auraient déclaré avoir reçu des appels de responsables talibans exigeant d'elles de laisser des hommes, et plus précisément les membres masculins de leurs familles respectives, occuper leur propre profession.

Raison invoquée ? "La charge de travail au bureau a augmenté et qu'il faudrait donc embaucher un homme à notre place", a déploré auprès du Guardian l'une de ces femmes anonymes. Situation catastrophique, alors que bien des Afghanes oeuvrant au sein de postes ministériels ont déjà été renvoyées chez elles dès l'arrivée au pouvoir des talibans en août 2021. Désormais, elles pourraient être remplacées par leurs tuteurs.

"On m'a demandé de présenter un membre masculin de ma famille pour me remplacer au ministère, afin que je puisse être licenciée. Comment pourrais-je facilement présenter quelqu'un d'autre pour me remplacer ? C'est un poste difficile et technique pour lequel j'ai été formée et pour lequel j'ai des années d'expérience", déplore auprès du journal britannique Maryam, qui travaille au sein du ministère des Finances.

Une situation professionnelle dramatique pour les femmes

Les conséquences du régime taliban sur la situation professionnelle des femmes sont catastrophiques en Afghanistan. Comme le relève le Guardian, les restrictions sur l'emploi des femmes ont engendré une perte économique approchant le milliard de dollars (5 % du PIB de l'Afghanistan), alors que les salaires des employées aux postes gouvernementaux ont baissé, et que leurs fonctions ont été rétrogradées.

"Je ne peux même pas payer les frais de scolarité de mon fils", souligne l'une de ces Afghanes. En outre, un rapport sur la perte d'emplois des femmes dans la province de Ghazni révèle que cette dernière est conséquente depuis août 2021, tant et si bien seules les travailleuses de la santé et les enseignantes peuvent aller travailler désormais. Les autres sont obligées de rester à la maison.

Les employées du ministère afghan des Finances concernées par cette situation inquiétante ne comptent pas se laisser faire, et ont prévu de se mobiliser contre cette répression. Notamment, en créant un groupe d'employées du ministère. L'idée ? Négocier, et si cela ne fonctionne pas, manifester, avec les dangers que cela implique.