La rédaction de “Sud Ouest” se mobilise depuis deux ans
« Sud Ouest » a engagé depuis deux ans un travail de longue haleine afin de raviver la mémoire de chacune des femmes de notre région, mortes sous les coups d’un compagnon, d’un ex-conjoint, d’un inconnu ou d’un voisin. Une série baptisée Elles s’appelaient, diffusée sur nos différents supports papier et numérique depuis septembre 2022.
Chaque année, 219 000 femmes de 18 à 75 ans sont victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur compagnon ou ex-conjoint, selon la Haute Autorité de Santé en France. En 2020, 102 femmes sont mortes sous les coups ; 114 en 2021. 118 en 2022. Pourquoi les chiffres ne baissent-ils pas ? Comment est-ce possible encore aujourd’hui que tous les trois jours, une femme décède parce qu’elle est une femme dans notre pays ? La Nouvelle-Aquitaine était la deuxième région la plus touchée en 2022.
Face à ce constat, le Médialab, groupe de réflexion en quête de nouveaux formats éditoriaux, né il y a deux ans, au sein de la rédaction de « Sud Ouest » a souhaité réagir. Rapidement, un nom jaillit : celui de Chahinez Daoud, 31 ans. Le 4 mai 2021, elle est brûlée vive par son mari, devant son domicile à Mérignac (33). Au sein de la rédaction, ce fait divers a particulièrement marqué les esprits. Les journalistes ont choisi de rendre hommage à ces victimes de féminicides. De toutes les Chahinez. Parce qu’avec le recul, le traitement éditorial de ces affaires paraît biaisé : c’est l’auteur des faits qui comparaît aux assises, c’est donc lui qui apparaît largement dans nos colonnes. Double peine : la victime reste l’absente. C’est cela que nous avons voulu faire : redonner vie à ces femmes. Une série de portraits à retrouver sur sudouest.fr et sur cette page dédiée aux victimes dont la liste s’allonge malheureusement de mois en mois.
Afin de commémorer la mémoire de toutes les femmes de la région victimes de féminicides, “Sud Ouest” est allé plus loin cette année 2023 en plongeant dans ses archives jusqu’en 2010. Et énumère la longue liste des victimes dans la région. Chaque “carte” rappelle leur nom, la date du drame, quand c’est possible leur visage, puis les faits ou le procès. Parfois la rédaction a pu proposer un portrait en rencontrant les familles, un travail long et délicat, dans le respect de l’entourage. Voici donc 100 noms de femmes, à qui on a volé le droit de vivre.