Elisabeth Badinter : "On livre des hommes, en particulier, à la vindicte publique sans passer par la justice"

Elisabeth Badinter, philosophe, spécialiste du siècle des Lumières ©AFP - Leemage
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Elisabeth Badinter, philosophe, spécialiste du siècle des Lumières, est l'invitée de 7h50. Elle revient sur les manifestations contre le régime iranien après la mort de Mahsa Amini et exprime ses craintes sur le recul des droits des femmes dans le monde.

"J'ai une grande crainte pour elles, quel courage d'oser affronter les mollahs", réagit ce mercredi matin sur France Inter, la philosophe Elisabeth Badinter, à propos de la colère qui secoue l'Iran après la mort de Mahsa Amini*. "A côté de ces craintes, je ressens une profonde espérance. Pour la première fois dans un pays islamique, les jeunes hommes aussi sont descendus dans la rue. C'est une grande source d'histoire. Si on compare avec l'arrivée des Talibans en Afghanistan, les hommes n'ont pas bougé, ils n'ont pas tiré, ils ont laissé entrer les tortionnaires de leurs femmes. Quand on compare ces deux situations, on a l'espoir pour l'Iran et les femmes iraniennes."*

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Ces manifestations peuvent-elles faire bouger le régime iranien et la République islamiste ? Elisabeth Badinter répond que "tout dépend de la possibilité des manifestants de tenir. Mais lorsqu'on tue les gens, ça peut retarder cet élan. Je ne fais aucune confiance en la miséricorde des mollahs concernant les manifestations et les femmes en particulier. Je suis dans l'inquiétude, il y a dans notre monde actuel un primat de la religion, que ce soit même en Amérique. Quand Dieu pèse presque entièrement sur une société, c'est la fin des libertés féminines. Je ne compte pas sur un geste des mollahs.

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Elisabeth Badinter affirme ne pas être frappée "par l'indignation des néo féministes à propos du voile, et pour une bonne raison, elles défendent justement les filles voilées en France. Il n'y a pas rien, mais il y a peu [de la part des néo féministes]. J'entends beaucoup de féministes qui bougent et qui sont devant l'ambassade d'Iran, et qui vont recommencer. Il y a des associations qui gueulent, mais j'aimerais que ce soit plus massif."

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Sur les démissions récentes d'Adrien Quatennens et Julien Bayou

Après les affaires Quatennens et Bayou, Elisabeth Badinter considère que ce mouvements MeToo politique en cascade, "c'est un mouvement qui se radicalise, et à leur tête, nous avons une députée écolo, Sandrine Rousseau, qui veut faire tout flamber. J'ai été choquée de son intervention sur C à Vous, quand elle s'est permise d'évoquer un problème entre Monsieur Bayou et sa compagne et d'appeler à son exclusion. Où on en est ? Où sommes-nous pour mépriser la justice ? On ne peut pas à ce point mépriser les principes démocratiques", une référence aux propos d'Eric Dupont-Moretti, le Garde des Sceaux. "Je crois que cette femme [Sandrine Rousseau] est dans la toute-puissance et qui se permet de contrer la justice. Mettre quelqu'un au piloris publiquement sans que nous sachions ce qui s'est passé… On livre des hommes, en particulier, à la vindicte publique sans passer par un minimum de justice."

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Pour Elisabeth Badinter, *"qu'il y ait une justice parallèle en plus au sein de la politique, ce n'est pas possible. Ce que reprochent les féministes de MeToo à la justice, et je peux le comprendre, c'est la question de la prescription. Je vais vous dire, si on en finissait avec la prescription, cela voudrait dire qu'on assimile les violences sexistes à la loi contre les nazis, qui est le crime contre l'Humanité [imprescriptible], ce n'est pas possible. Il faut être logique : les violences faites aux femmes sont punies, mais enfin est-ce que ce sont des crimes de l'Humanité, il ne faut pas exagérer, c'est même indécent", martèle-t-*elle.

"Quand on tourne le dos à la justice pour exercer sa propre justice, on n'a pas la certitude de leur objectivité et et de leur honnêteté. Parce que je comprends pas bien ce qui se passe au sein de la Nupes. C'est la fin de la présomption d'innocence. On peut s'interroger. Pourquoi ne pas porter plainte avant la prescription", lance Elisabeth Badinter. Mais parfois les femmes se taisent, lui répond-on.

"Il faut prendre ses responsabilités. Je comprends très bien que ce soit difficile à évoquer pendant un certain temps, mais quand même 10 ans, ce n'est pas si mal. Je redoute les comités de déontologie au sein des partis, parce qu'ils sont politiques. Pour certains, on passe le torchon, pour d'autres non. Pour moi, la présomption d'innocence est un principe clef de notre démocratie", martèle l'historienne. Pour rappel, la prescription est de vingt ans en cas de crime, selon la loi du 27 février 2017.

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