Plusieurs streameuses dénoncent l’hypersexualisation et le cyberharcèlement massif sur Twitch

Des créatrices de contenus de la plateforme de streaming ont témoigné des attaques sexistes dont elles sont victimes en ligne et de leurs difficultés à se protéger de ces violences.

La plateforme Twitch a annoncé mettre en place un système de détection des utilisateurs malveillants en décembre 2021 pour lutter contre le cyberharcèlement.

La plateforme Twitch a annoncé mettre en place un système de détection des utilisateurs malveillants en décembre 2021 pour lutter contre le cyberharcèlement.  SOPA IMAGES/SIPA

Le #MeToo des streameuses ? Une multitude de témoignages glaçants secoue le monde des streamers français, ces joueurs ou joueuses de jeux vidéo qui partagent et commentent leurs parties en direct. Plusieurs figures féminines dénoncent les cyberviolences sexistes et sexuelles qu’elles subissent depuis des années sur les réseaux.

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Messages insultants, photomontages sur des corps d’actrices pornos, scénarios sexuels autour de sa personne sur des forums… C’est dans un long témoignage publié lundi 24 octobre sur le réseau social Twitter que Maghla, l’une des streameuses les plus suivies de France avec 700 000 abonnés sur la plateforme de diffusion Twitch, a mis en lumière l’enfer quotidien des créatrices de contenus en direct autour du jeu vidéo.

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« Je la viole »

Maghla, connue comme toutes les streameuses par son pseudonyme, dénonce l’incessante sexualisation dont elle fait l’objet, s’obligeant même à faire attention à son style vestimentaire pour ne pas s’exposer à des « commentaires ».

« Il y a des centaines de pages de gens qui se branlent sur mes photos et les postent. Littéralement. Egalement des montages encore et encore et les commentaires peuvent aller (à) du “je la viole” à “je vais la pénétrer cette chienne”, etc. Le forum est alimenté tous les jours. »

Un témoignage fort, enrichi de nombreuses captures d’écran pour étayer son propos partagé plus de 30 000 fois, qui a permis de libérer la parole en entraînant dans son sillage plusieurs autres streameuses et vidéastes françaises.

Comme les messages de Shironamie et AvaMind qui affirment avoir reçu des menaces de viol et de meurtre en « live », extrait audio à l’appui.

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Ou encore celui de Trixy, déplorant le manque de soutien des forces de l’ordre :

« Quand j’ai été voir la police pour porter plainte concrètement, malgré les 300 “screens” [captures d’écran, NDLR] et les menaces de mort, c’était pas suffisant. »

Des moyens renforcés

Début 2021, un pôle spécialisé pour lutter contre la haine en ligne a été créé au sein du parquet de Paris tandis que le grand public peut signaler les comportements et contenus illicites sur la plateforme Pharos depuis 2009.

Il faut dans tous les cas que la victime dépose plainte pour que la justice puisse agir. Ces moyens ont été renforcés régulièrement ces dernières années à mesure que le phénomène prenait de l’ampleur.

Sur YouTube comme sur Twitch et les autres plateformes, ce sujet n’est pas nouveau et beaucoup trop récurrent, déplorent les streameuses alors que la vague #MeToo a déjà cinq ans d’existence.

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« La pointe de l’iceberg »

« Ceux qui tombent des nues en apprenant ça alors que ça fait des années qu’on dénonce, vous (ne) mesurez vraiment pas l’ampleur des problèmes que nous causent les hommes (oui je l’ai dit) au quotidien », déplore Lixiviatio. « Et là, vous ne voyez que la pointe de l’iceberg, complète sa consœur BagheraJones. Personnellement, j’ai dû déménager à cause de harcèlement et de “visites” à mon appartement, j’ai développé des angoisses énormes et mes insomnies en sont devenues redoutables. »

Présents essentiellement sur Twitch, propriété du géant Amazon, les principaux streamers francophones sont des figures masculines comme Squeezie et ZeratoR, dont les chaînes ont connu des pics d’audience respectifs d’un million et 700 000 spectateurs.

Un système de modération insuffisant

Signataire en juin du code de conduite de l’Union européenne contre la haine en ligne, Twitch avait annoncé en décembre 2021 la mise en place d’un système pour détecter les utilisateurs malveillants, après une vague de harcèlement raciste et homophobe.

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Le code de conduite de l’UE contre la haine en ligne, lancé en 2016, compte une dizaine de signataires, dont Facebook, Microsoft, Twitter, YouTube, Instagram, Snapchat, Dailymotion, Jeuxvideo.com, TikTok, et LinkedIn, ou encore l’application de messagerie Viber.

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Les signataires s’engagent à évaluer dans les 24 heures la majorité des contenus signalés par les utilisateurs comme des discours de haine en ligne, et à les supprimer si nécessaire, conformément à la législation nationale et européenne.

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