L’assassinat de Shraddha Walker par son compagnon n’en finit pas de choquer l’Inde. La presse suit l’enquête au jour le jour depuis le début du mois de novembre, lorsque la police a découvert plus d’une dizaine de morceaux du corps de la jeune femme dans une forêt de New Delhi. Son compagnon, avec qui elle vivait dans la capitale indienne, a avoué l’avoir étranglée au mois de mai dernier, avant de se débarrasser de son cadavre et de dissimuler les preuves de son meurtre des mois durant. La police continue de chercher des éléments matériels corroborant la version du principal accusé.

Ce meurtre atroce a suscité l’émoi en Inde. La jeune femme était victime de violences conjugales depuis longtemps et avait même écrit à la police en 2020, après avoir été battue par son petit ami, apprend-on sur le site de la chaîne d’information New Delhi Television (NDTV).

“La police vérifie désormais cette plainte et toute action qui aurait été prise […] à l’époque”, précise NDTV. Les parents du suspect, qui étaient au courant des violences que subissait leur belle-fille, et un ancien collègue de celle-ci auquel elle s’était confiée sont également entendus par les enquêteurs.

“Aujourd’hui, il a essayé de me tuer”

La lettre, datée du 23 novembre 2020, anticipe les faits qui se produiront deux ans plus avec une justesse glaçante. “Aujourd’hui, il a essayé de me tuer, et il me fait peur et me menace de me tuer, de me couper en morceaux et de jeter mes restes. Cela fait six mois qu’il me frappe, mais je n’ai pas eu le courage d’aller à la police, parce qu’il menaçait de me tuer”, écrit la victime dans sa plainte citée par NDTV. Elle avait également partagé avec son ancien collègue une photo d’elle couverte de bleus.

Le triste sort de Shraddha Walker met une fois de plus en lumière les violences faites aux femmes, “particulièrement celles victimes de relations toxiques et abusives et qui ne parviennent pas à s’en sortir”, souligne The Indian Express. “Malheureusement, de nombreuses femmes ne sont pas informées de leurs droits”, regrette le quotidien anglophone.

“Cessez de demander pourquoi elle ne l’a pas quitté”, intime une tribune publiée dans The Wire. “Le discours qui entoure le meurtre brutal qui a eu lieu dans la capitale montre qu’il n’existe pas de réelle conscience de la complexité des relations abusives ou de la violence de genre”, regrette Isha Singh, l’autrice de cette tribune, docteure en littérature.

Un tiers des femmes a subi des violences physiques ou sexuelles

“Ce meurtre devrait recentrer le débat sur les violences de genre en Inde”, estime le site indépendant. “Le besoin du moment est une prise de conscience et davantage d’empathie envers les survivants d’abus et de violences de genre.”

En Inde, près d’un tiers des femmes entre 18 et 49 ans a subi des violences physiques ou sexuelles, selon le 5e sondage sur la santé familiale réalisé par le ministère de la Santé et publié au mois de mai 2022. Et, dans plus de 80 % des cas, les violences contre les femmes ont été commises par leur mari. Seules 14 % de ces survivantes ont parlé du problème.