Pourquoi brûlait-on les sorcières ?

Ancienne gravure illustration : Jeanne D'Arc convoqué à l’exécution - Illustration ©Getty - Ilbusca
Ancienne gravure illustration : Jeanne D'Arc convoqué à l’exécution - Illustration ©Getty - Ilbusca
Ancienne gravure illustration : Jeanne D'Arc convoqué à l’exécution - Illustration ©Getty - Ilbusca
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Les dictionnaires définissent la "chasse aux sorcières" comme la poursuite, et même le harcèlement, d'une catégorie de personnes, souvent des opposants au pouvoir politique en place.

Il faut néanmoins rappeler que cette expression, "chasse aux sorcières" est la trace de l'une des formes les plus extrêmes de la domination que les hommes ont exercée sur les femmes au cours de l'histoire. Rien qu'en France, on estime qu'entre le XIVe et le XVIIIe siècle, près de 100 000 femmes ont été condamnées au bûcher pour sorcellerie par des tribunaux présidés par des hommes. L'exemple le plus célèbre est celui de Jeanne d'Arc. Comme nous le savons, elle a péri sur le bûcher en 1431 pour avoir pactisé avec le diable et offensé de multiples manières la religion chrétienne. Pourtant, c'est bien pour des raisons politiques que la bonne Lorraine fut condamnée. Ses juges étaient à la solde des Anglais qui ne lui pardonnaient pas d'avoir contribué, en 1429, au sacre du roi Charles VII - événement qui annonçait la reconquête de tout le royaume par la dynastie capétienne.

Jeanne d'Arc, impardonnable

Ce que l'accusation ne pardonnait pas non plus à Jeanne c'est "d'avoir  abandonné complètement et sans honte la décence et la réserve de son sexe". Autrement dit, Jeanne d'Arc fut accusée d'avoir pactisé avec le diable, parce qu'elle avait transgressé les normes en matière d'identité de genre, en s'habillant en homme et en prenant la tête des troupes combattant les Anglais. Dans la plupart des procès pour sorcellerie qui eurent lieu entre le XVe et le XVIIIe siècle, on retrouve la même logique. (…) L'intégralité de la chronique est à écouter ci-desssus.

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ERRATUM

Dans ma chronique du "Pourquoi du comment" intitulée "Pourquoi brûlait on les sorcières ?", diffusée le mercredi 27 octobre 2021, j'avais affirmé que "Rien qu'en France, on estime qu'entre le XIVe et le XVIIIe siècle, près de 100 000 femmes ont été condamnées au bûcher". Les spécialistes de cette question estiment qu'en réalité le nombre des victimes n'a pas dépassé 60 000 en Europe, un quart à un tiers des condamnés étant des hommes.

Cela ne contredit nullement le constat essentiel de ma chronique, concernant la "chasse aux sorcières" comme "l'une des formes les plus extrêmes de la domination que les hommes ont exercée sur les femmes au cours de l'histoire". J'ajoute que j'avais déjà rectifié mon erreur de chiffre dans la chronique intitulée "Faut-il réhabiliter « Catillon », la dernière femme qui fut brûlée pour sorcellerie en Suisse ?" diffusée le 10 juin 2022. Gérard Noiriel

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