Des enfants sans toit ni loi pour les abriter

Des enfants sans toit ni loi pour les abriter ©AFP - Valentine Chapuis
Des enfants sans toit ni loi pour les abriter ©AFP - Valentine Chapuis
Des enfants sans toit ni loi pour les abriter ©AFP - Valentine Chapuis
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Aïcha et Sami, respectivement 10 et 12 ans, dorment dehors depuis six mois. Sara, 28 ans, et sa fille ont été expulsées de leur logement cet été, sans solution de relogement. Chacun raconte ses nuits d’errance, sans sommeil et sans-abri.

Elles sont douze associations à s’être réunies pour publier, en novembre 2019, un manifeste indigné et demander des moyens supplémentaires. Il y a la Fédération des acteurs de la solidarité, la Fondation Abbé Pierre, le Samu Social de Paris ou encore Unicef France. Ces associations indiquent que chaque soir il y a à Paris 700 enfants qui dorment dans la rue avec leurs parents, qu’en France ce sont des milliers d’autres enfants qui sont sans-abri ou très précaires, et que, par ailleurs, 20 000 mineurs vivent à l’hôtel en Île-de-France avec leur famille. En 2019, huit d’entre eux, mineurs, sont morts dans la rue selon le Collectif Morts de la Rue. "Cette situation est indigne de la France, sixième puissance économique mondiale et signataire de la Convention internationale des droits de l’enfant", ajoutent ces associations.

Les Pieds sur terre sont donc partis à la rencontre de ces enfants sans toit ni loi pour les abriter. Chacun raconte ses nuits d’errance, sans sommeil et sans-abri. À Paris notamment, le nombre de familles à la rue est en forte augmentation et le système d’hébergement d’urgence, saturé. Frère et sœur, Sami et Aïcha, respectivement 12 et 10 ans, dorment dehors depuis six mois.

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“Nous n'avons pas d'hébergement. Il y a six mois, nous avons passé notre première nuit dehors. Un monsieur nous a donné des couvertures et nous avons dormi au parc. Ma mère a dormi sur le banc et moi et mes sœurs, nous avons dormi par terre, sur l'herbe. Et parfois l'herbe est mouillée.” Sami

“Mes amis du collège ne sont pas au courant que je dors dans la rue. Parfois, je leur dis que j'ai une maison car si je leur dis la vérité, ils ne vont plus me parler, ils ne vont plus m'aimer. Déjà qu'ils me reprochent de porter toujours les mêmes habits…” Sami

“J'ai peur de devoir rester toute ma vie dans la rue, c'est ça qui me fait flipper.” Sami

“Dès fois, les passants nous regardent bizarrement alors je me cache le visage avec ma capuche. Mais pourquoi croyez-vous que nous sommes là ? On ne fait pas exprès !” Aïcha

“Moi, si j'étais présidente ou maire, je donnerais à toutes les familles qui vivent dans la rue, un logement.” Aïcha

Les Pieds sur terre
29 min

Sara, 28 ans, et sa fille ont été expulsées de leur logement cet été, sans solution de relogement.

“C'est un 28 juin, à 9 heures du matin, que je suis expulsée de mon appartement, juste avant les vacances scolaires. Heureusement, ma fille n'était pas présente à ce moment-là car elle était à l'école. Trois policiers et un huissier ont débarqué. J'étais prise de panique. Je leur ai demandé combien de temps j'avais et ils m’ont dit qu'il fallait faire vite. J'ai donc pris avec moi quelques affaires et je me suis retrouvée dehors, sans relogement... Je me suis effondrée.” Sara

“A 28 ans, on ne s'imagine pas se retrouver dans ce genre de situation avec son enfant. Psychologiquement, c'est dur.” Sara

Les Pieds sur terre
28 min

Merci à Aïcha et Sami, Sara, Nathalie Martz, Samia Abdi et Violette Volson.

Première diffusion : 30/12/2019

  • Reportage : Olivia Müller
  • Réalisation : Clémence Gross et Emily Vallat

Musique de fin : The Day The Sun Came de Raashan Ahmad feat. Keren Ann

Des nouvelles

Aïcha et Sami habitent dans un hôtel dans l'Essonne. Aïcha est désormais en troisième et Sami a intégré un lycée professionnel dans le 15e arrondissement de Paris, en spécialité électricité et informatique.

Le père de famille vient d'obtenir un titre de séjour de deux ans et cherche du travail dans le BTP. Les enfants sont également en situation régulière. Reste la maman, à qui on a refusé deux fois de suite un titre de séjour.

La situation est toujours compliquée au quotidien, ils espèrent fort que le père trouvera un travail, ils manquent d'argent et de nourriture pour tous les enfants.

Pour aller plus loin :  700 enfants et leur famille à la rue chaque soir à Paris ! publié le 20 novembre 2019 via Morvan56 sur Mediapart

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