Qui sont ces cinq femmes, tirées de l'oubli, qui vont avoir une rue à leur nom à Caen ?

À Caen, moins de 3 % des rues portent un nom de femme. La Ville tente de rattraper son retard en baptisant 5 nouvelles rues au féminin. Qui sont ces femmes ainsi distinguées ?

Janine Hardy lors d’un échange avec la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, à la préfecture de Caen, le 1er mars 2019.
Après les bombardements alliés qui ont détruit Caen, la jeune Janine Hardy s'était engagée au Centre d'accueil du lycée Malherbe pour aider les rescapés. ©Archive Maxence Gorréguès / Liberté Caen
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L’invisibilité des femmes dans l’espace public à Caen (Calvados) s’est de nouveau invitée dans les débats lors du dernier conseil municipal courant décembre 2022.

Cinq femmes importantes de l’Histoire récente de Caen

Seules 2,7% des rues de Caen portent un nom féminin. L’association Caen à elles voulait en attribuer une cinquantaine en centre-ville, désignant des femmes oubliées en Normandie. Sans pouvoir s’entendre avec la mairie. Elle s’est dissoute en janvier 2022. Mais la municipalité a repris en (petite) partie l’idée.

Les élus caennais viennent de s’accorder pour donner le nom de femmes importantes dans l’Histoire récente de Caen, à cinq nouvelles rues bientôt créées en ville. Qui étaient-elles ? Toutes ont de près ou de loin un lien avec la Résistance.

Madeleine Verly

Durant la guerre, Madeleine Verly, assistante sociale à la SNCF à Caen (Calvados), faisait passer des messages et des renseignements précieux pour la Résistance.
Durant la guerre, Madeleine Verly, assistante sociale à la SNCF à Caen (Calvados), faisait passer des messages et des renseignements précieux pour la Résistance. ©Centre Juno Beach

Elle faisait partie des Grandes Femmes dans la guerre 1939-1945, l’exposition déployée au centre Juno Beach à Courseulles-sur-Mer jusque fin 2021. Originaire de Villers-Bocage, Madeleine Verly est entrée dans la Résistance en 1942, via le réseau Samson à Lisieux. Grâce à son laissez-passer, l’assistante sociale de la SNCF a pu transmettre des documents et obtenir des renseignements sur les navires allemands et le Mur de l’Atlantique.

Après-guerre, elle a été élue à Caen jusqu’en 1959 et a œuvré pour la reconstruction de la ville.

Son nom est donné à une allée créée, rive droite, entre l’avenue Albert 1er et la rue Gustave-Flaubert, en bordure du nouveau pôle médical.

Marguerite Saulé

L'hôpital Clémenceau ancien Hôtel Dieu.
Tuée le 14 juillet 1944, Marguerite Saulé a dirigé l'école d'infirmières de Caen, dans l'hôpital Clémenceau, tout au long de la guerre. ©Archives du Calvados (18FI/17 ; 18FI/22)

Née en 1898, Marguerite Saulé est la première directrice de l’école d’infirmières de Caen. L’école est alors installée dans l’hôpital Clémenceau (ancien Hôtel Dieu) depuis 1932. Tout au long de la guerre et de la bataille de Caen, Marguerite Saulé continue de diriger ses infirmières. Dans la nuit du 6 au 7 juillet 1944, elle perd nombreuses de  » ses filles  » dans l’écrasement de la clinique Miséricorde. Elle meurt le 14 juillet 1944.

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L’allée Marguerite Saulé sera située entre la rue de la Masse et la rue des Cultures, dans le futur quartier du Clos Joli, construit à la place de maisons ouvrières. Cette nouvelle rue ne sera pas inaugurée avant la fin des travaux, en 2024.

Janine Hardy

Elle a eu 100 ans le 1er septembre 2020, avant de s’éteindre l’année suivante.

Pendant la guerre, Janine Hardy, adolescente, s’engage dans la Résistance et fait passer de faux papiers à Paris. À 23 ans, elle est durablement marquée par les bombardements et la destruction de Caen. Elle travaille au Centre d’accueil du lycée Malherbe en 1944 auprès des rescapés. Elle est ensuite engagée au service état civil de la Ville.

Son nom est réservé pour l’une des 4 allées dégagées sur l’ancien site du CHR Clémenceau, près de la rue Traversière.

Claire Mériel

Ici la caserne d'Artillerie, située quartier Claude Decaen.
Sage-femme, Claire Mériel travaillait dans les baraquements logée dans la caserne d'artillerie, située quartier Claude Decaen. ©18FI/22 Archives du Calvados

Née à Caen en 1913, Claire Mériel, dite  » Mademoiselle Mériel « , devient sage-femme. Elle intervient à la cité du 43. Il s’agit alors d’un quartier sauvage d’après-guerre fait de baraquements provisoires situé à l’ancienne caserne Decaen, rue du 43e Régiment d’Artillerie. Elle continuera d’exercer son métier jusqu’en 1988, date de son décès.

L’allée Claire Mériel se situera entre l’avenue Georges Guynemer et le parking Albert 1er.

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Léa Vion

Caen Bénouville Léa Vion Résistance
« Comtesse » (son surnom) durant la Résistance, Léa Vion a été la maire de Bénouville de 1947 à 1953. ©Archives départementales du Calvados

Grâce à elle, la maternité du château de Bénouville a été un haut lieu de la Résistance dans la région caennaise. Faux papiers, cache d’armes, renseignements… Léa Vion, surnommée la  » Comtesse  » durant la guerre, a aligné les coups d’éclat et les décorations.

Par la suite, elle est restée, avant de se retirer de la vie publique trois ans plus tard.

Son nom est attribué à l’une des 4 allées ouvertes sur l’ancien site du CHR Clémenceau, qui donne sur la rue des Cultures.

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