HistoireUn docu retrace les « destins exceptionnels » de 4 femmes sous l’Occupation

Seconde Guerre mondiale : Les « destins exceptionnels » de quatre femmes révélés dans un documentaire sur l’Occupation

HistoireDeux jeunes réalisateurs originaires du Nord ont réalisé un documentaire sur le destin de quatre femmes durant l’Occupation
Un documentaire retrace le destin de quatre femmes pendant l'Occupation
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • Deux jeunes Nordistes, Germain et Robin Aguesse, ont réalisé le documentaire 39-45 : elles n’ont rien oublié axé sur le témoignage de quatre femmes durant l’Occupation.
  • Ces quatre femmes sont l’écrivaine Frédérique Hébrard, une déportée Lili Leignel, une résistante Geneviève Delerive et la grand-mère de 98 ans des réalisateurs.
  • En attendant une distribution plus large, le film est diffusé en projection-débat d’une ville à l’autre, depuis la mi-janvier et jusqu’au 19 mars.

«Moi, vous savez, les Allemands, ça reste les Allemands ! » Geneviève Delerive vit aujourd’hui dans une maison de retraite à Armentières, dans le Nord. Cette femme au caractère bien trempé était une jeune adolescente résistante durant l’Occupation. Près de près de 80 ans plus tard, elle témoigne de cette période dans un documentaire historique de 90 minutes, signé par deux jeunes réalisateurs nordistes, Germain et Robin Aguesse.

Avec 39-45 : elles n’ont rien oublié, les deux frères retracent le destin de quatre femmes. « Le projet est né grâce à notre grand-mère, Marie-Claire, qui a vécu l’exode en 1940 et nous racontait souvent ses souvenirs d’enfance pendant la Seconde Guerre mondiale », raconte Germain Aguesse.

Déportée à Ravensbück et Bergen-Belsen

Cette femme, qui a aujourd’hui 98 ans, fait partie des héroïnes de ce documentaire, tout comme l’écrivaine et comédienne Frédérique Hébrard qui évoque la nuit où elle a dormi avec la Joconde pour la sauver des mains des Allemands. Les deux autres témoins de cette époque sont des Nordistes : Lili Leignel, rescapée des camps de concentration et Geneviève Delerive, résistante qui distribuait un journal clandestin.

« Lili était venue témoigner dans mon lycée donc je connaissais son histoire. Quand on a eu l’idée de retracer le parcours de plusieurs femmes, j’ai tout de suite pensé à elle, explique Germain Aguesse. Pour Geneviève, on cherchait une femme qui appartenait au Réseau Voix du Nord. » Leur point commun : une mémoire intacte et un franc-parler.

« J’ai commencé à témoigner dans les collèges et les lycées à partir de l’apparition des thèses négationnistes. On ne pouvait pas laisser dire ça », indique Lili Leignel à 20 Minutes, en précisant qu’elle continuerait à raconter son histoire « jusqu’à 100 ans ». « Après, on verra », sourit celle qui a survécu à l’enfer, déportée à Ravensbück à l’âge de 11 ans, puis à Bergen-Belsen.

« Le matin, on nous comptait pendant des heures et le décompte n’était jamais exact, il fallait attendre, parfois dans un froid glacial, se souvient-elle. On vivait comme des ombres face à la brutalité des SS et de leurs terribles chiens. » Aujourd’hui encore, Lili Leignel en garde une peur bleue, mais elle ne cesse d’enseigner la tolérance. « Ce n’est pas avec la haine qu’on construit quelque chose de valable. »

« C’était difficile, mais j’étais persuadée d’avoir raison »

Geneviève Delerive, de son côté, a plus de mal à pardonner. Lors de l’exode, cette Nordiste a vu son petit frère de 6 ans et demi se faire tuer par les Allemands. Son père, patron d’usine et résistant, a été déporté. « Lorsqu’il est revenu, il n’a jamais voulu raconter », avoue-t-elle. Cette époque, pour elle, c’est celle du silence. « Nos parents nous disaient toujours : "vous ne savez rien, vous ne dites rien". Il fallait tout le temps se taire. »


Les réalisateurs Robin (à gauche) et Germain Aguesse entourent Geneviève Delerive, jeune résistante durant l'Occupation, lors du tournage de leur documentaire « 39-45: elles n'ont rien oublié ».
Les réalisateurs Robin (à gauche) et Germain Aguesse entourent Geneviève Delerive, jeune résistante durant l'Occupation, lors du tournage de leur documentaire « 39-45: elles n'ont rien oublié ». - Gaëtan Lamarque

D’autant que l’école privée qu’elle fréquentait avait plutôt un penchant pour le maréchal Pétain que pour la résistance. « C’était difficile, mais j’étais persuadée d’avoir raison. J’avais beau n’avoir que 14-15 ans, je savais ce que je voulais. »

Travail de mémoire

A travers le témoignage de ces femmes, des images d’archives familiales et des reconstitutions, ce travail de mémoire explore donc la place qu’elles occupaient durant le conflit. « C’est aussi une des dernières occasions de faire entendre la voix de ces femmes aux destins exceptionnels avant qu’elles ne s’éteignent à jamais », note le réalisateur.

En attendant une distribution plus large, le film est diffusé en projection-débat d’une ville à l’autre depuis la mi-janvier. Il reste une quinzaine de dates (voir encadré) pour découvrir ce nouveau regard sur une des périodes les plus sombres de notre Histoire.

Prochaines dates de projection du documentaire

Le 6 février (19h30) à Arras, au cinéma Megarama ; le 11 février (20h30) à Bar-sur-Aube, au cinéma Le Vagabond ; le 12 février (15h30) à Pont-à-Mousson, au cinéma Concorde ; le 17 février à Clichy-la-Garenne ; le 18 février, à Saint-Denis, ; le 25 février, à Biarritz (16h), au cinéma Le Royal et à Saint-Vincent-de-Tyrosse (18h), au cinéma Grand Écran ; le 9 mars (20h30), au Havre, au cinéma Studio ; le 10 mars à Hauteville ; le 11 mars (18h) à Guingamp ; le 12 mars, à Veules-les-Roses, au cinéma Rex ; le 14 mars (19h30), à Marcq-en-Barœul, au pont des Arts ; le 16 mars à Mèze (14h30) et à Frontignan (20h30) ; le 17 mars (20h30) à Bédarieux et le 19 mars (17h) à Tourcoing, au Fresnoy.

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