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J’ai fait un don d’ovocytes, voilà comment ça s’est déroulé !

Cette madmoiZelle a donné ses ovocytes. Ils pourront permettre à un couple d’avoir un enfant. Elle raconte comment se déroule cette procédure aussi généreuse que méconnue !

Je suis célibataire, sans enfant, et j’ai fait un don d’ovocytes à 24 ans. Bonjour !

Beaucoup de gens ont entendu parler du don du sang, de plasma, d’organes, parfois même de sperme… Mais le don d’ovocytes est assez peu répandu.

J’en ai entendu parler un peu par hasard, en cherchant ce que je pouvais donner d’autre que le sang (à cause d’un récent tatouage, je n’étais plus en mesure de donner).

J’ai épluché le site institutionnel du don d’ovocytes et je me suis dit « après tout, pourquoi pas moi ? ».

Je donne mes ovocytes, puisque je ne m’en sers pas

Je ne veux pas d’enfants pour le moment (et je ne pense pas changer d’avis), alors je me suis dit que si je n’utilisais pas mes ovules, pourquoi ne pas les offrir à quelqu’un qui en a besoin ?

Évidemment c’est un peu plus compliqué dans la pratique, mais mes motivations étaient aussi simples que ça.

Le don est anonyme et totalement gratuit. Un couple bénéficiera de mes ovocytes sans connaître mon identité, tout comme je ne saurai jamais la leur. Ça protège la vie de tout le monde et évite des recours juridiques complexes.

Comment se déroule un don d’ovocytes ?

Le don d’ovocyte est, évidemment, plus complexe que le don de sperme, pas besoin de vous faire un dessin.

Il requiert une légère intervention médicale afin d’aller récupérer les ovules directement dans l’ovaire, mais surtout des injections d’hormones durant une phase préparatoire.

https://youtu.be/wn_LXC3Dy5I

La première étape est administrative : il faut contacter le centre spécialisé le plus proche de chez vous (il y en environ une vingtaine en France, il existe une carte qui les répertorie).

Durant le premier rendez-vous, qui se fait par téléphone, on m’a expliqué comment se passait le don, les contraintes, l’organisation. Je pouvais poser les questions que je voulais.

Le second rendez-vous est physique, dans le centre spécialisé, et surtout médical. Il se déroule en trois étapes. On peut soit les regrouper le même jour, soit les échelonner à des moments différents, selon ce qui vous arrange le plus.

Personnellement j’ai pris ma demi-journée et j’ai regroupé les trois rendez-vous pour gagner du temps. J’ai vu trois professionnels différents :

  • Un•e psychologue afin d’examiner les motivations, la réaction d’un•e éventuel•le conjoint•e et s’assurer que j’ai toutes les informations avant de me lancer.
  • Un•e médecin biologiste qui m’a fait une prise de sang afin d’établir mon caryotype. Cette « carte » des chromosomes permettra de s’assurer qu’il n’y a pas d’éventuelles pathologies génétiques dont je suis porteuse. On me demande également les antécédents médicaux de la famille proche.
  • Un•e gynécologue qui a examiné l’état de mon appareil reproducteur grâce à une échographie pelvienne.

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Ces trois professionnels vont monter un dossier qui passera en commission. Une fois que cette dernière donne son accord, on peut lancer la véritable mise en place du don.

L’autorisation administrative pour le don d’ovocytes

Mes rendez-vous se sont tous très bien passés. J’ai été reçue par deux femmes et un homme, tou•tes très bienveillant•es avec moi, ma démarche, ma situation atypique en tant que femme célibataire sans enfant.

Je me suis sentie soutenue et je pouvais poser toutes les questions que je voulais — ce qui est même conseillé.

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Lors de la préparation du dossier, on offre aux donneuses la possibilité de conserver une partie des ovocytes prélevés pour un usage personnel futur. C’est censé donner davantage envie aux femmes de se porter volontaires pour le don.

J’ai personnellement refusé.

J’ai également signé une clause autorisant l’usage d’ovocytes pour la recherche. C’était important pour moi de me dire que même si mes ovocytes ne sont pas exploitables pour la procréation, ils pourront toujours être « recyclés ».

J’ai eu la réponse de la commission plus d’un mois après (mes rendez-vous ont eu lieu début février pour une réponse le 24 avril), car le caryotype est long à faire. Puis j’ai reçu une bonne nouvelle : je suis autorisée à faire ce don !

C’était pour moi le début officiel de l’aventure.

La procédure médicale du don d’ovocytes

J’ai été recontactée en mai pour la suite des événements. J’ai eu rendez-vous avec une sage-femme qui m’a expliqué la suite des événements.

On a fait une nouvelle échographie pelvienne pour vérifier à quel stade de mon cycle je me trouvais, afin de commencer les injections d’hormones au bon moment.

On a terminé avec une prise de sang qui aidera à mesurer la dose d’hormones que je vais devoir prendre. Il faut que les prises soient exactes pour que l’ovulation, et donc le prélèvement, se fasse le jour prévu.

Quelques jours plus tard, j’ai pu récupérer mes premières hormones en cachets, qui mettent mes ovaires au repos en attendant le bon moment pour les injections d’hormones.

Le don d’ovocytes est totalement pris en charge par la sécurité sociale, j’ai eu un papier à transmettre seulement, et je n’avais aucun frais à avancer (et quand on voit le coût des hormones, tant mieux : une note s’élevait à près de 900€).

Après ces cachets j’ai eu à nouveau un rendez-vous au centre de don pour les mêmes examens et afin de vérifier que mon corps supporte les doses. Puisque tout va bien, la sage-femme m’a prescrit mes premières hormones afin de stimuler la croissance de plusieurs ovocytes dans mes deux ovaires.

J’ai eu le choix entre faire venir une infirmière pour réaliser les injections et les faire moi-même. Comme je ne suis pas à l’aise avec les aiguilles, j’ai choisi l’infirmière.

Plus sympa quand même.

Là encore je n’ai rien à avancer, tout est pris en charge par la sécurité sociale.

Je dois faire une injection par soir à heure fixe, un peu comme la pilule contraceptive, et ce pendant 10 à 12 jours.

Vers la fin de cette période, j’ai eu une seconde injection à faire afin de ralentir le processus de maturation, histoire de ne pas ovuler trop vite.

Pendant la prise d’hormones, j’ai fait plusieurs contrôles afin de vérifier que mon corps ne réagit pas mal à ces injections. J’ai été chanceuse, je n’ai eu aucun effet secondaire, mais ce n’est pas le cas de tout le monde.

Le plus souvent, ils sont bénins (gonflement du bas-ventre, ballonnements, mais aussi des risques de phlébite pour lequel la sage femme m’avait prescris des bas de contention). C’est pourquoi je ne me suis pas inquiétée !

Dernier contrôle sanguin et échographie pelvienne à nouveau. J’ai de la chance, je réagis bien aux injections et j’ai du monde dans mes ovaires (au moins je ne fais pas ça pour rien !).

Le médecin biologiste m’a dit lors du premier rendez-vous que les femmes nées en juillet sont réputées pour produire plus d’ovocytes que la moyenne, apparemment je confirme cette croyance. Tant mieux !

La sage-femme me prescrit ensuite une nouvelle hormone qui provoquera une « super ovulation ». L’heure de cette injection est également fixe et m’a été donnée par téléphone quelques jours avant la ponction.

Donc vendredi soir à 22h15, je fais ma petite piqûre toute seule. Le lendemain à 11h je serai dans le bloc opératoire ! Le stress monte un peu, mais je suis aussi terriblement excitée.

Le prélèvement des ovocytes

J’ai rendez-vous à l’hôpital de jour à 8h afin de me préparer pour la ponction. J’ai choisi de recevoir une légère sédation plutôt qu’une anesthésie générale, ce qui fait que je n’ai pas à être hospitalisée. Je peux repartir quelques heures après mon don.

La préparation se fait avec une douche à la bétadine, injection d’un gel insensibilisant dans le vagin et, puisque j’étais stressée, j’ai également eu un petit comprimé de Xanax.

On m’a également installé une intraveineuse sur le dessus de la main, au cas où et pour m’hydrater.

https://youtu.be/QXpExAU-igw

Vers 11h on me descend au bloc. Je suis installée sur une table avec des étriers, comme pour un accouchement.

J’ai tout de même une ceinture qui me maintient sur la table, ce qui est moyennement rassurant. Mais ça évite que je bouge pendant l’opération et que je me blesse.

J’ai un anesthésiste qui régule la sédation, à la moindre grimace il augmente ma dose (j’ai dû grimacer plus que la normale parce que je n’ai vraiment rien senti du tout).

Comment ça se déroule ? Alors ça peut faire peur, mais ça se passe très rapidement et je n’ai rien senti — après, on est pas tous et toutes à égalité devant la douleur.

La gynécologue insère une sonde dans mon vagin. Cette sonde se termine par une aiguille qui ira percer le fond du vagin afin d’atteindre l’ovaire. Ils ne percent qu’une seule fois, se contentant de bouger l’aiguille pour atteindre le second ovaire.

J’ai eu à peu près la même sensation que lors d’un frottis.

Je ne saurai pas combien d’ovules ont été prélevés, afin d’éviter une forte déception si jamais la ponction a donné un mauvais résultat. Mais les médecins avaient été très enthousiastes devant mes échographies précédentes !

J’ai pu sortir le jour même, ma colocataire étant venue me chercher à l’hôpital.

À cause de la sédation, je n’ai pas le droit de conduire, prendre les transports en commun et encore moins le droit de prendre des décisions importantes (prêts, contrats importants par exemple) pendant 24 heures.

Suite au don j’ai encore une hormone à prendre afin de mettre mes ovaires au repos et éviter qu’ils soient sur-stimulés. J’ai une dizaine de jours d’hormones et puis c’est terminé.

L’étape post-don peut faire peur car on nous prescrit plusieurs anti-douleurs. Finalement j’ai été chanceuse et un simple paracétamol le matin m’a évitée toute douleur.

J’étais un peu sensible le lendemain matin de la ponction mais rien d’anormal ni de très douloureux, le paracétamol a vite réglé le souci.

La sage-femme en charge de mon dossier m’a rappelée quelques jours plus tard pour prendre de mes nouvelles et avoir mon ressenti. Elle m’a remerciée chaleureusement et m’a souhaité bon courage pour mes projets à venir.

J’avais un peu l’impression de dire au revoir à une amie, je ne montre pas mes ovaires à tout le monde !

J’ai eu mes règles de manière tout à fait normale suite à cela. Tout est rentré dans l’ordre et je peux reprendre ma vie sans me poser de questions.

Le don d’ovocytes vu par une donneuse

Je suis heureuse d’avoir pu faire cette démarche. Ce n’était pas simple dans le sens où il y a pas mal d’injections à faire, des rendez-vous à prendre…

Mais je me suis sentie tellement heureuse en sortant de l’hôpital que si c’était à refaire, je le referais sans aucune hésitation.

Le don d’ovocytes et les autres

Ce qui a été le plus difficile à gérer, ça a été la réaction de certain•es proches. Ma mère était moyennement emballée à cause des hormones dont elle se méfie comme de la peste.

Mais elle m’a dit qu’elle était fière de moi et que c’était incroyablement généreux, elle m’a répétée qu’elle était prête à venir me soutenir à l’hôpital si j’en avais besoin. Ça m’a touchée car j’étais littéralement à l’autre bout du pays !

Mais au final j’étais contente d’être seule pour gérer ça et ne pas avoir à faire avec ses doutes, ses inquiétudes qui auraient parasité mon état d’esprit.

J’ai été remerciée par tous les médecins que j’ai vus ainsi que par l’infirmière qui est venue me faire mes premières injections. Mais en fait ça m’a mise plus mal à l’aise qu’autre chose, je ne faisais pas ça pour être reconnue et remerciée.

À qui iront mes ovocytes ?

Mes ovocytes ne sont pour le moment utilisables que par des couples hétérosexuels, mais peut-être qu’un jour la science ouvrira la porte aux couples du même genre ?

À lire aussi : Merci, Christiane Taubira, d’avoir mis l’amour de tous et toutes à égalité

Tous les couples utilisant des ovocytes issus de dons ne sont pas stériles, c’est parfois pour éviter une pathologie grave. Alors si jamais un jour un enfant naît grâce à mon ADN sain, ce sera pour moi la plus belle des victoires.

Le couple qui recevra mes ovocytes, et moi

Je n’aimerais pas connaître les couples qui vont bénéficier de mon don parce que… ce n’est pas mon aventure. Ces gens ont décidé d’avoir un enfant à deux, pas à trois.

Savoir qui a reçu mes ovules ce serait m’impliquer dans l’intimité d’un couple (d’inconnus qui plus est) et ce n’est pas quelque chose dont j’ai envie.

Et aussi, c’est un désir personnel mais je ne veux pas savoir si les FIV qui seront faites avec mes ovules vont échouer ou réussir.

Je préfère positiver et me dire qu’elles vont toutes fonctionner, que seuls des bébés en parfaite santé vont naître de ces procédures médicales !

https://youtu.be/8dkCPDPNYWI

Je ne veux pas non plus connaître l’identité des éventuels enfants tout simplement parce que, pour moi, ils ne seront pas mes enfants. Ils sont, génétiquement parlant, mes descendants mais pas mes enfants.

Je ne me considère pas comme leur mère ni même leur génitrice, même si mes gènes leurs sont transmis. Je me vois plus comme la cigogne qui amène le bébé dans un baluchon !

Je ne sais pas de quoi mon avenir sera fait et je ne veux pas de cette incertitude. Je ne veux pas que quelqu’un toque à ma porte en me demandant « madame, est-ce que je suis issu•e de votre ovule ? ».

C’est une question délicate : je comprends l’envie, voire le besoin de savoir des personnes issues de dons. Mais même si c’est peut-être égoïste, cet anonymat du don est pour moi essentiel.

Je ne suis pas sûre que j’aurai fait la démarche si ça n’avait pas été le cas.

Pour vous renseigner sur le don d’ovocytes, et peut-être sautez le pas, rendez-vous sur le site dédié !

À lire aussi : Le don de moelle osseuse, pensez-y !

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Les Commentaires

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Avatar de Ruthya
12 mars 2019 à 14h03
Ruthya
Grand merci à toutes ces femmes remplissant les conditions qui n’hésitent pas à donner leurs ovocytes pour aider des couples infertiles à avoir des enfants de manière naturelle ; dommage que cet acte solidaire soit insuffisant pour régler définitivement le problème de l’infertilité en france avec une legislation plutot stricte avec la limitation de l’âge des donneuses et receveuses ; c’est cette situation qui pousse de nombreux couples à tenter l’aventure à l’étranger des centres de pma se trouvant dans des pays comme l’ukraine et bien d’autres encore ;
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