Insécurité à Marseille. Ces femmes ont peur dans les transports : elles témoignent

Abordées, sifflées, suivies ou bien agressées par des hommes dans les transports à Marseille, les usagères adoptent des stratégies pour éviter les violences sexuelles et sexistes.

Hasnaa Legram a déjà vécu plusieurs situations de violences sexuelles et sexistes dans le métro.
A Marseille, Hasnaa Legram a déjà vécu plusieurs situations de violences sexuelles et sexistes dans le métro. (©Claire Grazini / actu Marseille)
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« On fait partie des réseaux les plus sûrs de France« , assure Gil Valabregue, directeur de l’offre et de l’expérience client à la Régie des Transports Métropolitains (RTM).

À Marseille, toutes les usagères des transports en commun ne peuvent pas en dire autant, notamment le soir.

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« Tous les jours, il y a des mecs qui me disent bonjour, regardent avec insistance ou sifflent »

Des histoires dans les transports, la plupart des femmes en ont à raconter. « Tous les jours, il y a des mecs qui me disent bonjour, regardent avec insistance ou sifflent », reconnaît Maëlys.

Quand on lui demande si elle a déjà vécu des violences dans les transports, elle répond que non. Pourtant, il s’agit déjà là de violences sexuelles et sexistes, particulièrement d’outrage sexiste, passible de 1 500€ d’amende.

3 374 victimes de vols et d’agressions dans les transports 

D’après les chiffres du ministère de l’Intérieur, le nombre de victimes de violences sexuelles et sexistes a augmenté de 13% dans les transports en 2022 par rapport à 2021.

À Marseille, les statistiques font état de 3 374 victimes de vols et d’agressions dans les transports en 2022. Il n’y a pas de précision sur le plan local.

La préfecture de police a annoncé dans un tweet que « les atteintes aux personnes dans les transports en commun de Marseille sont en baisse de 13 % » depuis janvier 2023.

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Une facture Uber salée pour éviter les transports le soir

Les jeunes femmes interrogées adoptent des stratégies d’évitement, qui ont parfois un coût financier élevé. Hasnaa Legram, 22 ans, a travaillé quelques temps dans la restauration. Elle rentrait tard le soir, vers 23h. 

"Un soir, j'attendais le métro, j'ai vu deux mecs bizarres descendre sur le quai d'en face, ils m'ont vu et ont fait le tour pour venir sur mon quai, il y en a un qui essayait d'attirer mon attention. Je l'ignorais, il m'a attrapé le bras, j'ai essayé de me débattre, l'autre a bloqué la sortie de métro, il a cru que j'avais frappé son pote donc il est venu, j'ai pu prendre la fuite."

Hasnaa Legram, 22 ans.

Depuis, Hasnaa a changé de travail. Quand elle travaillait encore dans la restauration, elle demandait à son meilleur ami de venir la chercher en scooter. Elle a également payé au moins deux Uber par semaine, à 15 euros la course, pour se sentir en sécurité pendant un mois.

La jeune femme a également vécu une agression sexuelle dans le métro : « Il y en a un qui m’a regardé et a commencé à se toucher. »

Plutôt marcher que d’attendre le métro

Maëlys, elle, préfère marcher plutôt que d’attendre seule le métro pendant dix minutes sur le quai. « J’évite les regards, je fais semblant de pas entendre, il faut rester alerte », raconte-t-elle.

Elle a déjà vu une femme se faire suivre dans le tramway. Celle-ci a tenté de sortir et rentrer au dernier moment pour éviter un homme, lui a fait pareil, alors elle a crié à l’aide.

Eve a déjà assisté à ce genre de situations également. Elle évite de prendre les transports seule le soir et se fait raccompagner par des amis. 

Le bouton SOS de la RTM, bonne idée, mais pas pratique

La RTM a mis en place un bouton d’alerte en début d’année 2023. Intégré à l’application, il permet d’alerter par téléphone ou SMS un agent de la RTM d’une situation d’agression, de harcèlement ou même un malaise.

Il donne la possibilité d’enregistrer sans réseau et d’envoyer lorsqu’il y en a à nouveau.

« Sur la ligne 44, il y a une usagère qui a vu une autre voyageuse se faire harceler sexuellement. Elle nous a prévenus, on a dépêché notre équipe sur place, on a fait arrêter la personne », raconte Gil Valabregue.

Il indique que la plupart des alertes proviennent de femmes, sans donner de chiffres pour autant. Les jeunes femmes interrogées ont pris connaissance de ce bouton d’alerte.

« C’est une bonne idée, mais ça me semble compliqué quand on est victime d’agression, d’ouvrir l’application, ça prend du temps, il faut attendre pour accéder au bouton », indique Maëlys. Même son de cloche chez Hasnaa.

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