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Fausse joie pour les fans de foot iraniennes

Lors du match Iran-Syrie du 5 septembre, les femmes avaient réussi à acheter des billets en ligne. Las, il s’agissait d’une « erreur technique » et la police les a refoulées à l’entrée du stade Azadi. Contrairement aux Syriennes.

Par  (Téhéran, correspondance)

Publié le 15 septembre 2017 à 14h12, modifié le 18 septembre 2017 à 10h39

Temps de Lecture 2 min.

Le 5 septembre, les Syriennes ont pu soutenir leur équipe au stade Azadi, à Téhéran. Mais pas les Iraniennes.

Le match de football Iran-Syrie, disputé le 5 septembre dans le cadre des éliminatoires du Mondial 2018, aurait dû se dérouler sans incident à Téhéran, l’équipe iranienne étant déjà qualifiée. C’était compter sans la billetterie en ligne. Deux jours avant le match, des Iraniennes ont révélé sur Twitter que leur rêve d’assister à un match de foot masculin dans leur pays se réalisait enfin. Elles s’étaient rendues sur le site de vente, avaient choisi l’option « femme », et, pour la première fois de leur vie, avaient pu acheter un billet pour le match du mardi. Jusqu’alors, cocher la case « femme » provoquait l’affichage à l’écran d’un message indiquant que l’achat était impossible.

« En raison de l’absence d’espace réservé aux femmes dans le stade Azadi, le prix des billets achetés sera reversé sur le compte de l’acheteuse. » Fédération iranienne de football

Les Tweet de ces chanceuses ont très rapidement fait le tour de la Toile, encourageant d’autres Iraniennes à suivre leur exemple. Leur euphorie n’a duré qu’une petite heure : la fédération iranienne de football a aussitôt annoncé qu’il s’agissait, non pas d’un signe d’ouverture politique, mais d’une simple « erreur technique ». « En raison de l’absence d’espace réservé aux femmes dans le stade Azadi [dans l’ouest de Téhéran], le prix des billets achetés sera reversé sur le compte de l’acheteuse », a ajouté la fédération, en guise de consolation.

Bien qu’il n’y ait pas d’interdiction légale pour les Iraniennes de se rendre dans les stades lors des matchs masculins, les autorités mettent tout en œuvre pour s’y opposer. « L’ambiance dans les stades – propos vulgaires et injures notamment – n’est pas propice à une présence féminine », martèlent-elles. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais certaines femmes, munies de billets, se sont rendues devant le stade pour tenter leur chance. Alors que les policiers leur demandaient de se disperser, elles ont vu, à leur stupéfaction, des supportrices syriennes arriver en bus et tracer leur route vers le stade, sans entrave.

Appel à « briser ce tabou »

Comble de l’humiliation pour ces Iraniennes, à la fin du match – nul 2-2, ce qui permet à la Syrie de rester dans la course des éliminatoires –, a circulé sur les réseaux la photo d’une Syrienne sans voile, pourtant obligatoire dans la République islamique. Non seulement les Syriennes ont pu assister au match, tandis que les Iraniennes étaient bloquées aux portes du stade, mais elles n’ont pas eu à se plier aux règles en vigueur dans le pays.

L’affaire a fait réagir des femmes, mais aussi des hommes politiques. Le ministre des sports, Masoud Soltanifar, a promis que les stades seraient aménagés pour la présence « des familles », autrement dit celle des femmes. Chose rare : en direct sur l’une des chaînes publiques de la télévision nationale, l’ancienne star de football et analyste sportif Amir Haj Rezaei a demandé au président et aux autres autorités du pays de « briser ce tabou » et de laisser les femmes accéder aux stades. « Notre peuple est tellement digne que les lignes rouges seront respectées », a-t-il argumenté.

Bien qu’il soit très peu probable que les Iraniennes puissent assouvir à court terme leur vocation de supportrice, jamais leur combat dans ce sens, jadis ignoré, sinon méprisé, n’avait attiré autant de soutien en Iran. C’est peut-être déjà un succès en soi.

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