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Des fillettes en bikini: sur Instagram, des parents gagnent de l'argent en attirant les pédocriminels

Des parents ont sexualisé leurs enfants afin de maximiser les revenus tirés des abonnements payants sur Instagram. Alertée en interne, la plateforme peine à réagir face à cette nouvelle pratique.

Depuis 2023, les influenceurs ont la possibilité de faire payer leurs abonnés Instagram pour leur donner accès à du contenu exclusif. Mais une enquête du Wall Street Journal pointe les dérives de cette nouvelle option. Certains parents - gestionnaires du compte de leurs enfants - profitent de cette fonction pour engranger de l'argent.

Pour cela, ils mettent parfois en scène des fillettes mineures, présentées dans des bikinis ou des justaucorps. Ces contenus réservés aux abonnés ayant souscrit un abonnement - vendu 19,99 dollars par mois - incitent à faire des donations. Malgré l'absence de nudité ou de contenu illégal, ils attirent des internautes sexualisant le corps de ces enfants.

Les équipes de Meta alertées en amont

Sans surprise, les personnes mettant la main à la poche sont majoritairement des hommes. Surtout, de nombreux profils sont identifiés comme potentiellement pédocriminels. Ils sont du moins estampillés comme tels directement par Meta (maison-mère de Facebook et Instagram), en raison du langage sexualisé qu'ils utilisent dans les commentaires.

Les équipes de sécurité de Meta avaient alerté leur hiérarchie de ces dérives potentielles dans un rapport, en amont de la mise en ligne du système d'abonnement payant, précise le Wall Street Journal. Des solutions avaient d'ailleurs été évoquées, comme le fait d'empêcher les comptes de mineurs gérés par leurs parents de pouvoir accéder à l'option.

Mais Meta a préféré ne pas en tenir compte. À la place, l'entreprise a opté pour un système de modération automatique, censé empêcher les profils identifiés comme liés à de potentiels pédocriminels de s'abonner à des comptes de mineurs.

"Nous avons lancé des outils de monétisation pour les créateurs avec un ensemble solide de mesures de sécurité et de contrôles multiples des créateurs et de leur contenu", se défend Andy Stone, directeur de la communication de Meta, auprès du média américain.

Des centaines de milliers d'abonnés

Seul problème, la mesure a facilement été contournée par les profils identifiés comme potentiellement dangereux. Le Wall Street Journal a ainsi épluché le fonctionnement de comptes de mineurs gérés par leurs parents populaires et observé des manquements évidents au système.

Notamment un compte banni l'an dernier pour exploitation de mineur. Le journal a constaté qu'il a depuis été rétabli et a même reçu une vérification officielle de Meta, engrangeant des centaines de milliers d'abonnés au passage.

Aussi, des comptes bannis sur Instagram ont pu continuer à publier du contenu sur Facebook. A deux reprises, le Wall Street Journal a relevé la promotion de comptes de mineurs sur une page Facebook - regroupant 200.000 personnes - spécialisée dans les contenus pour adultes et la fétichisation de la grossesse. Ces différents comptes ont été bannis à la suite des révélations du journal américain.

L'été dernier, le Wall Street Journal avait déjà épinglé Meta sur la pédocriminalité. Une enquête avait mis en avant que les algorithmes de recommandation faisaient la promotion de réseaux pédophiles.

Pierre Monnier