Rwanda: l'opposante Victoire Ingabire n'est pas autorisée à se présenter à la présidentielle
Au Rwanda, Victoire Ingabire ne pourra pas se présenter à la présidentielle du 15 juillet, après une décision du tribunal émise ce mercredi 13 mars. Figure de l'opposition au président Paul Kagame, la femme politique avait été déchue de ses droits après sa condamnation à 15 ans de prison en 2013 pour « conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre » et « minimisation du génocide de 1994 ».
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Au Rwanda, les juges de la Haute Cour de Nyamirambo ont refusé la demande de l’opposante, déposée en février dernier, de retrouver ses droits politiques et notamment le droit de se porter candidate à une élection. Victoire Ingabire a affirmé avoir pourtant respecté toutes les conditions imposées après sa libération par grâce présidentielle en 2018, rapporte notre correspondante à Kigali, Lucie Mouillaud.
C’est une décision de justice décevante pour la femme politique qui comptait se présenter au scrutin présidentiel, prévu le 15 juillet 2024, contre le président Paul Kagame, au pouvoir depuis 2000 et candidat à sa réélection pour un quatrième mandat. « C’est une grande déception, parce que je m’attendais à ce que la loi soit respectée. Mais c’est dommage que la Haute Cour du Rwanda décide de ne pas dire la loi. Je continue mon combat pour l’instauration de la démocratie au Rwanda, pour un État de droit au Rwanda, pour le respect des droits de l’homme dans mon pays. »
« Une occasion manquée pour le Rwanda, affirme-t-elle, de faire des avancées significatives vers l’établissement d’une véritable démocratie. » Pendant une audience en février, le procureur de la République avait déjà requis contre la réhabilitation de Victoire Ingabire, qui selon lui, avait notamment poursuivi des activités politiques après sa libération.
My Statement on Today's High Court Decision Regarding My Rehabilitation Request #Rwanda pic.twitter.com/7jiBwrAEun
— Victoire Ingabire (@VictoireUmuhoza) March 13, 2024
« Son appel est sans fondement »
« Je ne suis pas d'accord avec cette décision. Elle est clairement politisée. Nous avons toujours un pays où les tribunaux ne sont toujours pas indépendants », a-t-elle réagi ce mercredi 13 mars auprès de l'AFP depuis le tribunal de la capitale Kigali, où elle a assisté à l'annonce de la décision.
« Lors de la grâce présidentielle accordée à Ingabire, certaines conditions ont été fixées qu'elle doit respecter. Il est impossible d'annuler la condamnation, puisque les conditions imposées lors de sa grâce présidentielle n'ont pas expiré. Son appel est donc sans fondement », a déclaré de son côté le tribunal rwandais dans sa décision.
L'opposante de 55 ans, qui ne peut pas faire appel de cette décision avant deux ans, avait été déchue de ses droits après sa condamnation en 2013 à 15 ans de prison notamment pour « minimisation du génocide de 1994 », qui a fait 800 000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité tutsie. D'origine hutue, Victoire Ingabire avait été arrêtée et accusée de nier la réalité du génocide, après avoir demandé en janvier 2010 que les auteurs de crimes contre les Hutus soient aussi jugés.
Pour l’instant, le député Frank Habineza du Parti vert est le seul candidat déclaré face au président Paul Kagame. Après la décision de la Haute Cour, l’opposante Victoire Ingabire affirme vouloir explorer des possibilités d’appel auprès de la justice régionale.
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