Comme chaque année, le palmarès mondial des masters en management du Financial Times reflète la bonne santé des écoles de commerce françaises. Cette année encore, ce classement paru lundi 11 septembre, en liste 24 parmi les 95 meilleurs programmes dans le monde. Et si deux-tiers d’entre elles reculent par rapport à l’an dernier, c’est en raison de nouveaux critères comme l’évolution du salaire des diplômés, trois ans après leur entrée sur le marché du travail, qui n’est pas favorable à la France.
Des managers hommes mieux payés que les femmes
Pourtant, à regarder de plus près, un autre critère pose un problème. Celui de la représentation des femmes parmi les élèves, mais surtout parmi les professeurs et dans les conseils d’administration. En effet, les étudiantes y sont moins nombreuses proportionnellement qu’en classes préparatoires. Beaucoup moins même à HEC, où ce taux tombe à 39 %. "Certaines écoles favorisent les étudiants à l’oral, lâche l’ex-président d’un grand établissement. Car les garçons choisissent souvent des métiers plus rémunérateurs que les filles, comme la finance plutôt que les RH." Ainsi, le salaire moyen des diplômés lors de leur première embauche est plus élevé, ce qui n’est pas négligeable pour la notoriété de l’école. Voire son classement dans le Financial Times.
Des professeurs internationaux plus mobiles que les femmes
Selon HEC, ce déséquilibre entre hommes et femmes, moins marqué dans d’autres écoles, provient du poids des mathématiques à son concours d’entrée. Les élèves de la filière scientifique (ECS) étant majoritairement des garçons. Soit. Mais pourquoi alors les femmes sont aussi peu nombreuses dans le corps professoral des business schools françaises ? Selon le Financial Times, à HEC, moins d’un enseignant sur cinq du master en management est une femme ! "Cela tient au fait que nous avons beaucoup de professeurs étrangers. Il est plus difficile de les faire venir, avance Jean-Paul Vermès, le président du conseil d’administration de l’école. Avant d’ajouter : je suis, avant la parité, pour la compétence."
Des administrateurs qui perpétuent une tradition phallocrate
En revanche, ce chasseur de têtes n’a pas d’explication sur la faible présence des femmes au school advisory board de l’école, son conseil d’administration. Selon le quotidien anglais, elles ne seraient que 13%. Un chiffre qu’il tient à corriger : "nous en comptons 6 parmi les 21 membres. C’est bien sûr insuffisant et cela ne respecte pas la loi". Cette entorse aux 40% désormais légaux est d’autant plus surprenante que le conseil a été constitué le 1er janvier 2016 lors du changement de statut de HEC. Et la tendance ne s’améliore pas : en juillet, des administrateurs ont été remplacés, sans qu’il y ait de rééquilibrage. Au contraire, les administratrices ne sont plus que 5, puisque le représentant des élèves est désormais un jeune homme.
Un management à l'opposé des principaux dispensés
HEC est loin d’être la seule business school à la traine sur ce sujet. La plupart des écoles de commerce sous tutelle des chambres de commerce sont restées très costumes-cravates. "Cela tient au profil des dirigeants des CCI. Il faut de la disponibilité", tente Jean-Paul Vermès. Ainsi à Nantes, Audencia Business School ne compte que 2 femmes à son conseil d’administration parmi les 21 membres. Pourtant, l’école a fait du développement durable et de la responsabilité sociétale l’un de ses marqueurs forts. "Nous avons signé le programme égalité hommes-femmes dès 2011, indique un porte-parole. Et à la rentrée, nous avons une parité totale dans le corps enseignant." L’an dernier, Audencia avait fait partie des dix premiers établissements français à recevoir le label DD&RS qui récompense notamment la gouvernance. Créé par la Conférence des Grandes Ecoles et la Conférence des Présidents d’Université et soutenu le ministère de l’Enseignement supérieur, le jury n’avait, semble-t-il, pas trouvé à redire à ce conseil d’administration qui est tout sauf un exemple pour les futurs managers.