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Ma contraception ne regarde que moi

ÉDITO - Que l'on soit adepte de la pilule, du stérilet ou du préservatif, notre mode de contraception attise les commentaires. Alors qu'on fait difficilement plus intime et personnel.

Dans la série "Broad City", Abbi et Ilana mènent leur vie sans se soucier de l'avis des autres
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Crédit : Comedy Central
Morgane Giuliani
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Certains lundi matins sont plus difficiles que d'autres. Celui du 26 septembre 2016 en est un. On y a célébré la journée mondiale pour la contraception. Ce qui, en soi, est une bonne nouvelle ! La contraception nous concerne toutes et tous, et mieux nous sommes informés, plus on peut trouver facilement un moyen de contraception qui nous convient.

Pilule, stérilet, implant, diaphragme, anneau vaginal, préservatif (masculin ou féminin)... les options ne manquent pas. Malheureusement, il ne suffit pas de faire son choix et de mener une vie sexuelle sereine (sans oublier que seul le préservatif protège des IST). La journée mondiale pour la contraception (et les discussions avec les collègues mal renseignés) m'a rappelé qu'il y a toujours des gens pour émettre des remarques négatives sur notre moyen de contraception. Alors qu'on ne leur a bien sûr rien demandé. 

Chère chère pilule

Trouver une contraception qui nous convient est souvent un parcours du combattant. Lorsque les premiers émois sexuels surviennent, vers la fin de l'adolescence, le médecin va plutôt avoir pour réflexe de nous proposer la pilule. Mais laquelle prendre ? Celles qui suppriment les règles, par exemple ? "Oui mais c'est bizarre non ?", rétorque très vite une de tes potes, ajoutant "Moi je ne me verrais pas ne plus avoir mes règles. Quelque chose manquerait."

Ah bah, très bien. Sauf que tu ne cesses pas d'être par magie une femme quand tu n'as plus tes règles. Surtout, certaines filles perdent tellement de sang pendant leurs menstruations, et ont parfois des douleurs si fortes - au point d'avoir de l'endométriose - que leur santé en dépend. (Et puis, rappelons que la pilule arrête les règles quoiqu'il en soit. Ce sont des règles "artificielles" qui s'écoulent tous les mois, mises en place pour rassurer les meufs qui ne se voient pas sans.) (Ou entretenir l'idée selon laquelle on ne peut pas être une vraie femme si on n'a pas plus nos règles ?)

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Parlons d'un autre sujet qui fâche : le prix de la pilule. On peut en trouver gratuitement au Planning familial, et dans certains établissements scolaires. Mais les plus modernes, qui sont souvent les mieux dosées, sont très mal remboursées, et peuvent revenir très chères. "On va quand même pas avoir des goûts de luxe et dépenser 90 euros tous les 3 mois, non ?", peut-on s'entendre dire de la part de nos parents ou de notre partenaire. D'ailleurs, on connaît toutes des mecs qui ne comprennent pas pourquoi ils devraient participer aux frais de pilule, ou même, à qui ça n'est jamais venu à l'esprit. Pourtant, un enfant se fait bien à deux, non ? Alors il n'y a pas de raison qu'ils ne mettent pas la main au porte-monnaie. 

Le stérilet, cet instrument du diable

Que dire des filles qui préfèrent le stérilet (ou DIU, Dispositif Intra-Utérin) ? Ahlala, quelles fofolles. Internet regorge de témoignages de nullipares (des femmes qui ne sont jamais tombées enceintes), qui ont galéré à obtenir un stérilet. Cette sorte de petite ancre toute fine, qui peut être prescrite avec ou sans hormones (dans ce cas, elle est au cuivre), a une mauvaise réputation qui lui colle à la peau en France. De nombreuses personnes, dont des professionnels du milieu médical, restent persuadées qu'il s'agit du diable en personne, et qu'il n'est pas adapté aux nullipares. C'est bien sûr faux, et cela a été démontré à de nombreuses reprises.

C'est ainsi que j'ai eu un jour à me fader un dialogue improbable avec une pharmacienne revêche. "Qui vous a prescrit un stérilet ?" "Un médecin." "Mais vous savez qu'on n'est pas censé poser de stérilet sur une femme n'ayant jamais eu d'enfant ? Ça peut rendre stérile. C'est pas pour rien que ça s'appelle un stérilet." Très bien, je ne savais pas qu'il fallait une formation éthymologique sponsorisée par Des Chiffres et des Lettres pour obtenir son diplôme de pharmacien. Autant vous dire que j'ai cru devoir enjamber le comptoir pour lui arracher la boîte des mains, mais la dame a fini par céder, et j'ai pu faire poser mon stérilet au Planning familial. Vous pouvez découvrir cette histoire dans une suite de tweets grâtinés de gifs de Britney Spears. 

Le premier jour du reste de ta vie

Et puis, la pilule du lendemain. Cette contraception de la débauche (sic). Tu es une fille ayant une vie sexuelle ? Tu décides d'être une personne responsable en te rendant dans une pharmacie pour prendre la pilule du lendemain après un rapport à risque ? Qu'une nuée de criquets s'abatte sur toi, c'est bien tout ce que tu mérites, petite dévergondée. Et tu me feras le plaisir de te calmer sur la baise. (sic) Il y a quelques semaines, une Twittos a raconté sa mésaventure avec un pharmacien qui lui a allégremment fait la morale, alors qu'elle avait tous les droits de repartir avec sa pilule du lendemain, n'a aucun compte à rendre ni excuse à faire.   

L'IVG, objet de toutes les hystéries

Finissons en beauté sur cette légende des temps modernes qui veut que l'IVG soit de plus en plus vue comme un mode de contraception comme un autre. Rappelons tout d'abord que c'était beaucoup plus le cas il y a bien longtemps, quand la pilule et le préservatif n'existaient pas, et qu'on se contentait d'une contraception "naturelle" peu fiable. Les grossesses non-désirées étant plus fréquentes, les femmes s'avortaient avec des méthodes dignes d'un film d'horreur, parce que les médecins n'avaient officiellement pas le droit de le pratiquer. (La gamine de L'Exorciste qui se plante un crucifix dans le minou en vomissant partout, c'est rien à côté.)

L'IVG n'est pas une méthode de contraception. C'est juste ce qu'indique son nom : une Interruption Volontaire de Grossesse. Si une fille est amenée plusieurs fois à avorter, c'est sûrement qu'elle est mal renseignée sur les options de contraception qui s'offrent à elle, n'a pas un usage adapté de son contraceptif, ou habite dans un désert médical dans lequel elle n'a pas trouvé de professionnels médicaux compétents.

Faire croire que de plus en plus de filles voient l'IVG comme un moyen de contraception "banal", c'est, justement, les diaboliser, et empêcher une approche non-hystérique de l'avortement. Depuis quelques années, le blog je vais bien merci recueille des témoignages de femmes pour qui l'avortement n'a pas été un traumatisme, juste un acte réfléchi, ou qui s'est imposé de lui-même. Oui, elles existent, et non, elles ne sont pas des monstres

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