L'Irlande organisera un référendum sur l'avortement en 2018

Le gouvernement irlandais a annoncé mardi la tenue d'un référendum dans un pays où l'avortement est soumis à de fortes restrictions. Des  manifestations pour le droit à l'avortement sont prévue jeudi dans toute l'Europe.

 Le référendum sur l'avortement en Irlande en 2018 s'annonce tendu 
 Le référendum sur l'avortement en Irlande en 2018 s'annonce tendu  AFP

    Le gouvernement irlandais a annoncé mardi la tenue d'un référendum sur l'avortement en mai ou juin 2018, alors qu'il est actuellement illégal, sauf en cas de menace pour la vie de la mère. «Le gouvernement s'est mis d'accord sur un programme de référendums portant sur des amendements constitutionnels», dont un «reférendum sur le huitième amendement, en mai ou juin 2018», a déclaré le gouvernement dans un communiqué.

    Le huitième amendement garantit «le droit à la vie» de l'embryon, en tenant compte du «droit égal à la vie de la mère». Ce référendum devrait déchaîner les passions dans un pays à forte tradition catholique, où les femmes doivent quitter le pays pour avorter.

    L'annonce fait écho à une mobilisation prévue jeudi en France et dans toute l'Europe sur la question. Des rassemblements sont ainsi prévus dans plusieurs villes de France, ainsi qu'en Europe, pour défendre le «droit fondamental» à l'avortement pour toutes les femmes, encore «dénié» ou «restreint» dans certains pays, selon les associations organisatrices.

    A l'occasion de la Journée mondiale pour le droit à l'avortement, le 28 septembre, un collectif d'associations pour les droits des femmes appelle à des actions et à la signature d'une pétition, qui sera remise au Parlement européen à l'issue d'une manifestation à Bruxelles. «Il faut exiger que nos gouvernements nationaux, le Parlement européen et le Conseil de l'Europe garantissent le droit fondamental pour les femmes à disposer de leurs corps, à vivre librement leur sexualité, à décider ou non d'avoir un enfant», revendique-t-il, se disant «solidaire des femmes qui en sont empêchées».

    Mobilisation en Europe pour la défense de l'avortement

    En Europe, l'avortement est toujours interdit à Malte et soumis à de fortes restrictions en Irlande, à Chypre et en Pologne. L'an passé, les conservateurs au pouvoir en Pologne ont tenté de le restreindre davantage mais ont finalement renoncé sous la pression de manifestations.

    En 2015, le gouvernement espagnol avait également tenté de limiter ce droit. «La question de l'avortement est de la compétence de chaque Etat, c'est pour cela qu'il faudrait un texte de référence au niveau européen», a précisé lors d'une conférence de presse Nelly Martin, de la Marche mondiale des femmes, souhaitant que le 28 septembre devienne «une grande date du mouvement féministe».

    A Paris, un rassemblement aura lieu à 18H30 place de la République. D'autres sont prévus dans 25 villes françaises (Amiens, Le Havre, Lille, Marseille, Orléans, Strasbourg...) et dans une quinzaine de villes européennes. «En France aussi, il y a des freins d'accès», a souligné Caroline Rebhi, co-présidente du Planning familial, prenant l'exemple «de mineures à qui l'on refuse une IVG si elles ne sont pas accompagnées d'un parent» ou de «centres d'échographie et de laboratoires qui ne permettent pas de bénéficier du forfait IVG remboursé à 100%» comme la loi le permet.

    Pour Nora Tenenbaum, de la Coordination des associations pour le droit à l'avortement et la contraception, «il y a la loi et l'application de la loi». «Au niveau européen, la France est un pays avancé mais il faut ensuite donner les moyens d'appliquer les lois», a-t-elle déclaré, précisant que près de 130 centres pratiquant des IVG ont été fermés entre 2000 et 2011.

    Quelque 212.000 avortements ont été réalisés en 2016 en France. Près d'une femme sur trois y a recours au cours de sa vie, selon une étude de l'Ined parue en 2015.