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Elle se prend en photo pendant un mois avec les hommes qui la harcèlent dans la rue

Des militantes féministes participent le 26 août 2010 place du Trocadéro à Paris à un rassemblement pour commémorer les 40 ans du mouvement féministe

Des militantes féministes participent le 26 août 2010 place du Trocadéro à Paris à un rassemblement pour commémorer les 40 ans du mouvement féministe - Thomas Coex-AFP

"Je sais ce que je te ferais, bébé", "tu veux un baiser?" ou encore "Je peux venir avec toi?": une jeune Néerlandaise s'est prise en photo pendant un mois avec les hommes en train de la harceler dans la rue. Elle a accompagné les images des propos de ses harceleurs.

Pendant un mois, elle a pris en photo les hommes qui la harcelaient. Cette jeune femme de 20 ans, qui réside à Amsterdam, a décidé de témoigner du harcèlement de rue quotidien dont de nombreuses femmes sont également victimes en France.

Dans le cadre d'un projet artistique, Noa Jansma a publié sur les réseaux sociaux 24 selfies pris durant le mois de septembre -parfois plusieurs dans la même journée- à côté du ou des hommes qui l'avaient suivie, sifflée, harcelée ou lui avaient fait des propositions déplacées et insistantes dans la capitale des Pays-Bas.

"Je vais montrer mes harceleurs"

"Chers siffleurs" -que l'on pourrait également traduire par "harceleurs"- annonce-t-elle sur la page Instagram consacrée au projet, "et ce n'est pas un compliment", tient-elle à préciser. "Cette page Instagram a pour objectif d'éveiller les consciences sur l'objectivation des femmes dans la vie quotidienne."

"Comme de nombreuses personnes ignorent à quelle fréquence et dans quel contexte le harcèlement de rue a lieu, je vais montrer mes harceleurs", explique la jeune femme, invitant les internautes à faire de même.

"Je sais ce que je ferais avec toi, bébé"

Noa Jansma a ainsi décidé d'accompagner ses images par quelques mots de légendes les plus neutres possibles expliquant le déroulé de la situation de harcèlement. "Je sais ce que je te ferais, bébé", lui a par exemple lancé l'un de ses harceleurs.

"Il me klaxonne trois fois avec son scooter, approche par derrière et me coupe la route. 'Bon Dieu, quand je te vois, tout ce qui me vient ce sont des pensées sauvages, de très très sauvages pensées, chérie.' Il me klaxonne encore trois fois", raconte-t-elle aussi.

"'Bébé, bébé', sifflement", se contente-t-elle également de préciser dans un autre post.

"Humm, tu veux un baiser?" lui propose un inconnu, qui lui pose la main sur le torse, alors que la jeune femme a déjà été approchée dans la même journée par un autre homme qui l'a sifflée et lui a envoyé des bruits de baisers.

"Après m'avoir suivie pendant dix minutes, 'Où vas-tu fille sexy? Je peux venir avec toi?'" raconte-t-elle dans l'un de ses premiers posts.

"Ils trouvent ce qu'ils font tout à fait normal"

La jeune femme a donné des explications sur sa démarche au site Redpers.

"Souvent, les femmes ne savent pas répondre à un commentaire sexiste", rapporte en français le Huffington post. "Poursuivre sa route semble être la seule solution, mais cela n'a aucune conséquence pour les harceleurs. Parfois je leur faisais un doigt d'honneur, mais je me sentais bête après. Je voulais faire quelque chose qui me donne du pouvoir sur eux."

En un mois, un seul de ces hommes lui a demandé pourquoi elle souhaitait se prendre en photo avec lui. "Ils ne sont pas du tout méfiants parce qu'ils trouvent ce qu'ils font tout à fait normal", dénonce-t-elle sur le site Het Parool.

Ce n'est pas la première initiative de ce genre pour dénoncer le harcèlement de rue. En 2012 déjà, Sophie Peeters s'était filmée à Bruxelles. Deux ans plus tard, une Américaine s'était également filmée à New York. Au total, la jeune femme avait été interpellée plus de 100 fois en l'espace de dix heures.

En France, Marlène Schiappa a annoncé mi-septembre sur BFMTV et RMC la prochaine verbalisation du harcèlement de rue. La secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes a assuré "être en train de travailler" sur ce sujet avec Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur. La secrétaire d'État avait déjà annoncé au mois de juin dernier vouloir sensibiliser les policiers au harcèlement de rue.

Céline Hussonnois-Alaya