FEMINISME - Des sifflets. Des remarques, des insultes. Et parfois des gestes qui s'y ajoutent. Toutes les femmes ont déjà été victimes de harcèlement de rue. Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, veut y mettre un terme.
Elle envisage notamment de donner la possibilité à la police de verbaliser les harceleurs surpris en flagrant délit. Mais la proposition fait polémique. "Comment prouver le fait de harcèlement si l'agent n'en a pas été directement témoin?", interrogeaient ainsi dans une tribune publiée dans L'Expressles collectifs Paye ta Shnek et Stop Harcèlement de Rue.
Un groupe de travail de cinq parlementaires a été constitué en septembre pour répondre à ces interrogations et proposer diverses pistes. Ils doivent rendre leurs conclusions d'ici à la fin de l'année. Mais certaines n'attendent pas pour trouver leurs propres parades, comme cette étudiante néerlandaise qui a décidé de faire des selfies avec ses harceleurs pour sensibiliser à ce problème.
Des cours de jiu-jitsu pour les féministes
Il y a un siècle, les solutions des féministes étaient bien plus radicales que ça.
A travers les années 1910, notamment en Angleterre, elles se battaient pour accéder enfin au droit de vote. Mais quand elles prenaient la rue, elles se retrouvaient souvent confrontées aux policiers. Alors elles ont décidé de s'entraîner.
Le 6 avril 1909, Le Petit Parisien rapportait ainsi qu'une Mme Garrut donnait des cours de jiu-jitsu aux suffragettes pour ne plus qu'elles soient "malmenées par les agents de service". Vingt-cinq femmes apprenaient ce sport de combat japonais pratiqué par les samouraïs.
"Pour peu qu'elle en ait bientôt quelques centaines -et elle y compte-, cela nous réserve quelques scènes amusantes lors des prochaines manifestations féministes."
A cette "Mrs Garrud" -l'orthographe change avec le journal- se joint l'année suivante une miss Kelly, relaie Le Figaro, le 24 juin 1910. Les deux féministes forment les militantes au service d'ordre grâce au jiu-jitsu, au sein de la Women's athletic society - société athlétique des femmes.
Le quotidien rappelle les faits d'armes des deux entraîneuses. La première a réussi à s'infiltrer par la lucarne à un meeting électoral exclusivement masculin. Quant à la seconde, elle a, "malgré sa petite taille, 'descendu' plusieurs policemen de six pieds de haut", soit plus d'un mètre 80...
Les méthodes des deux femmes pour calmer les policiers portent leurs fruits. La même année, à New York, la même "Mrs Garrud" forme ses comparses américaines. Un policier se moque alors de ses démonstrations, comme le relaie cette fois L'Aurore. La féministe le défie en combat singulier.
"A la stupéfaction générale, le présomptueux policeman, colosse de 100 kilos, a été, en unround, mis knocked-out par la faible féministe."
La pratique, visiblement, séduit certains. Les journalistes reprennent avec délices les affrontements des suffragettes et de leurs adversaires. Mais dans les colonnes du Journal, leur pratique est citée en exemple pour faire face à "la muflerie de certains hommes". "Rien ne vaut la force brutale", écrit le chroniqueur, qui ajoute: "si l'instruction primaire doit fournir aux jeunes filles un moyen de sauvegarder leur vertu, ce ne peut être que sous la forme d'un cours pratique de jiu-jitsu, de boxe, ou même de chausson".
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