Harcèlement sexuel : «Twitter ne remplace pas les tribunaux», prévient Marlène Schiappa

Les témoignages de femmes victimes de harcèlement et d'agressions sexuelles se multiplient. Un projet de loi devrait voir le jour en 2018 pour renforcer les sanctions en la matière.

    Alors qu'elle vient de lancer une consultation citoyenne en vue de présenter un texte de loi « contre les violences sexistes et sexuelles », la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, nous reçoit et l'affirme : « La société est prête à ne plus rien laisser passer sur le harcèlement sexuel. »

    L'affaire Weinstein a fait naître sur Twitter le hashtag #BalanceTonPorc en France. Que répondez-vous à ceux qui parlent de délation?

    Marlène Schiappa. On ne peut plus dire aux femmes comment elles doivent s'exprimer. C'est un sujet difficile et intime qui a été tabou pendant des dizaines d'années. L'immense majorité n'en parle toujours pas, et si le fait d'utiliser les réseaux sociaux peut permettre de libérer cette parole et de faire prendre conscience collectivement qu'il y a un problème, c'est extrêmement positif. On ne peut pas dire aux femmes sans cesse : vous expliquez mal comment vous avez été agressé, vous racontez mal votre harcèlement sexuel... Evidemment, Twitter n'est pas une cour de justice, il ne remplace pas les tribunaux, mais il faut encourager toutes les initiatives qui aident à prendre la parole sur ces sujets.


    QUESTION DU JOUR. Faut-il une nouvelle loi pour sanctionner le harcèlement de rue?

    D'où la nécessité d'une loi avec la consultation citoyenne que vous venez de lancer ?

    Oui, on a sifflé la fin d'une forme de tolérance. L'idée est d'aller plus loin et de déposer un projet de loi en 2018 contre les violences sexistes et sexuelles. On a déjà identifié trois volets principaux : la verbalisation du harcèlement de rue, l'allongement des délais de prescription et la création d'un âge minimal, d'un seuil de présomption de non-consentement pour les enfants. L'idée est d'associer véritablement tout le monde. Les experts, les associations, les magistrats, les professionnels de santé, mais aussi les citoyennes et les citoyens. Ils peuvent ainsi participer à des ateliers du Tour de France de l'égalité entre les femmes et les hommes qui a été lancé le 4 octobre par le Premier ministre. Il y en a plus de 300, partout en France. C'est important que chacune et chacun puissent participer à l'écriture de la loi.

    Lors de son intervention télévisée, dimanche soir, le président de la République a incité les femmes à parler. Pourtant, parler aujourd'hui, c'est aussi prendre le risque de perdre son travail, de ne pas avoir une réponse de la justice.

    C'est la première fois, en France, qu'un président se positionne très clairement du côté des femmes victimes. C'est un message politique extrêmement fort. Après, il faut dire aussi aux victimes qu'elles ne sont pas seules, qu'il existe de nombreux dispositifs pour les accompagner. Elles peuvent notamment appeler le numéro Violences Femmes Info qui est le 39.19, aller dans un CIDFF (NDLR : centre d'information sur les droits des femmes et des familles), dans des points d'accès au droit qui peuvent aider les femmes à construire leur plainte...


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