Danica Roem, candidate démocrate en Virginie, le 22 septembre 2017, à Manassas, petite ville enclavée dans le comté du Prince-William dans le nord de la Virginie (est des États-Unis)

Danica Roem est la seule personne trans à siéger dans une assemblée locale dans l'ensemble des 50 Etats américains.

afp.com

La candidate démocrate Danica Roem a écrit une page de l'histoire des États-Unis. Elle est devenue la première femme trans élue à une assemblée locale, mardi dans l'État américain de Virginie.

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Selon des résultats quasi-complets, Danica Roem, 33 ans, a remporté 55% des voix contre le républicain sortant, Robert Marshall. Conservateur opposé aux droits LGBTI, celui qui occupait le siège depuis 26 ans refusait obstinément de désigner son adversaire par le pronom "elle".

"D'autres suivront ses pas"

Danica Roem deviendra ainsi la première personne transgenre à siéger à l'Assemblée générale de la Virginie, représentant une petite circonscription autour de la ville de Manassas. Cette assemblée vote les lois locales, au niveau de l'État. Selon le Victory Fund, une organisation qui finance des candidats LGBT, elle sera même la seule personne ouvertement trans à siéger dans une assemblée locale dans l'ensemble des 50 États américains.

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"2017 restera comme l'année des candidats trans, avec la campagne héroïque de Danica au centre d'un mouvement national", a déclaré Aisha C. Moodie-Mills, qui dirige le Victory Fund. "Il est inévitable que d'autres suivront ses pas".

Cette ancienne journaliste ne souhaitait pas entrer en politique en tant que symbole LGBT, et avait fait campagne exclusivement sur des problématiques locales, à commencer par les embouteillages sur le principal axe routier traversant sa circonscription. "Seul un tout petit nombre de gens ont dit à mes bénévoles et collaborateurs qu'ils ne voteraient pas pour moi car je suis transgenre", avait-elle confié en octobre. Sa candidature a suscité un élan de soutien national et les dons ont afflué de tout le pays.

Un scrutin-test pour Trump

Cette échéance électorale mêlait les enjeux locaux à ce qui a pris la forme d'une sorte de référendum sur le locataire de la Maison Blanche, un an après son élection. La soirée s'est ainsi transformée en revanche pour les démocrates, qui n'avaient réussi à conquérir aucun siège lors des cinq élections partielles au Congrès tenues depuis le début de l'année.

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Les candidats démocrates au poste de gouverneur en Virginie et dans le New Jersey ont tous les deux battu des candidats républicains qui, s'ils avaient gardé leurs distances avec Donald Trump, avaient repris à leur compte son vocabulaire et ses idées, liant par exemple immigration clandestine et criminalité. Dans le New Jersey, Phil Murphy succède au républicain Chris Christie. Et en Virginie, une élection à suspense s'est terminée par la victoire du démocrate Ralph Northam, qui a battu sans trop de difficultés le républicain Ed Gillespie.

Les enjeux locaux ont bien sûr aussi pesé dans ces scrutins. Près de la moitié des électeurs de Virginie ont dit n'avoir pas voté en fonction du dirigeant, selon les sondages de sorties des urnes. La Virginie penchait depuis des années du côté démocrate. Dans le New Jersey, l'impopularité du gouverneur républicain sortant, Chris Christie, a pesé sur la candidate républicaine, qui était vice-gouverneure.

Le maire de New York envoie un message à Trump

Sans surprise, le maire démocrate de New York Bill de Blasio a été facilement réélu avec plus de 65% des voix. Celui qui s'est posé toute la campagne en défenseur des New-Yorkais face au président américain a estimé que les New Yorkais avaient, en le réélisant, "envoyé un message à la Maison Blanche". "Si vous vous retournez contre les valeurs de votre ville natale, votre ville résistera", a-t-il lancé à l'attention du président lui aussi natif de New York, sous les applaudissements de ses supporters réunis au Brooklyn Museum.

"Nous allons défendre le système de santé", a ajouté De Blasio, en allusion aux efforts de Trump pour démanteler Obamacare. "Nous allons défendre les immigrés [...] Quand les immigrés sont attaqués, c'est nous tous qui sommes attaqués!", a-t-il encore ajouté.

Quels enseignements pour 2018?

Le résultat de mardi pourrait forcer les futurs candidats républicains à revoir leur stratégie, entre modération et "trumpisme" forcené. Peu avant la fermeture des bureaux de vote, l'élu républicain local pro-Trump, Corey Stewart, avait estimé qu'une victoire d'Ed Gillespie aurait montré "que le message Trump fonctionne". Sa défaite change le calcul de ceux qui se présenteront aux suffrages des électeurs l'an prochain, lors des élections législatives de novembre 2018. Nombre de sénateurs républicains sortants devront également survivre aux primaires qui seront organisées au printemps. Des primaires où Stephen Bannon, l'ex-conseiller présidentiel, a fait voeu de dégager les sortants afin de sauver la révolution trumpiste des griffes de l'establishment.

Fin septembre, une primaire sénatoriale avait donné un aperçu de ce combat interne au parti républicain. Le président avait soutenu le sénateur sortant de l'Alabama, mais les électeurs lui avaient préféré un magistrat ultra-conservateur, Roy Moore, soutenu par Stephen Bannon.

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