ENVIRONNEMENT - Combien de déchets de la poubelle jaune ne sont pas triés lorsqu'ils arrivent dans les centres de tri? Le tri qu'on fait chez soi est-il vraiment utile? Que faut-il mettre dans cette poubelle, qu'elle soit jaune, bleue, grise ou marron, en fonction des communes? Et le polystyrène, on en fait quoi?
À l'occasion de la journée mondiale du recyclage et du lancement de la COP23 à Bonn ce mercredi 15 novembre, Le HuffPost a mis le nez dans la poubelle (ou surtout le parcours de son contenu) pour mieux comprendre le tri comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.
Le recyclage est à l'honneur de cette COP23, dans le cadre des Accords de Paris dont les objectifs prévoient, entre autres, une baisse des émissions de gaz à effet de serre. Une partie de ces gaz sont émis par l'incinération des déchets. Moins de déchets, moins de gaz. Parmi les 100 projets lauréats pour le climat, 12 abordent le recyclage, et bénéficieront d'un accompagnement pour voir les projets changer d'échelle.
Mais, le tri, comment ça se passe au quotidien? Dans notre reportage, vous découvrirez toutes les étapes, en partant du ramassage, jusqu'au tri et à la mise en "balles", ces gros cubes de matière envoyés dans des centres de retraitement des déchets.
Le camion que nous avons suivi, de 6 heures à 8 heures et demi du matin, a collecté cartons, bouteilles en plastiques, papiers, aluminium, boîtes de conserve... Quelques poubelles ont été refusées par les agents, parce qu'elles contenaient soit trop de déchets ménagers, soit des grands morceaux de polystyrène. Ils ont la possibilité de refuser jusqu'à 20% des poubelles si elles sont mal triées.
L'ennemi public numéro un du tri
Oui, le polystyrène est l'ennemi public numéro un du tri. Les particuliers et les entreprises sont persuadées de bien faire en le mettant dans la poubelle jaune, et pourtant, il doit finir incinéré comme tous les déchets ménagers classiques. Il doit y avoir un pan de notre subconscient qui veut croire qu'un recyclage de cette matière est possible, elle qui met mille ans avant de disparaître dans la nature et qui tue les animaux marins.
Le polystyrène fait partie de cette marge d'erreur de 20% -qui s'additionne aux 20% que les éboueurs sont en droit de refuser- que continuent de faire les Français malgré les multiples campagnes de communication.
Christophe Maria, responsable de la sensibilisation au Syctom, l'agence métropolitaine des déchets, l'affirme au HuffPost:
En 2010, le Syctom traitait 179.851 tonnes d'emballages ménagers et de papiers par an, sur 84 communes et 5,5 millions d'habitants.
Des déchets à perte de vue
Nous avons donc suivi le camion de ramassage une fois sa tournée terminée dans le XIVe arrondissement parisien. Direction le Syctom, et plus précisément, le centre Paris XV. Chaque semaine, 135 camions de collecte y transitent, soit 23 par jour en moyenne.
Notre camion est entré dans un immense hangar, avec des déchets à perte de vue. Il y a déversé sa cargaison. Un premier tri visuel et manuel est effectué. Puis, ce qui reste au sol est intégré à la chaîne de tri.
Cribles balistiques et séparateurs magnétiques
Les déchets arrivent dans la cabine de pré-tri. Les agents retirent tout ce qui n'est pas recyclable ou qui pourrait gêner la bonne marche de l'installation. Ils prélèvent à cette étape de pré-tri les petits appareils électroménagers, destinés à une filière de démantèlement et de recyclage dédiée.
Dans la cabine de tri, on compte deux cribles balistiques, un séparateur magnétique et une machine de tri optique. Le premier crible balistique trie les déchets en fonction de leur poids, forme et taille, et permet de distinguer les déchets plats (papiers, journaux, revues, magazines, cartons), des déchets creux (bouteilles, flacons en plastique).
Le second crible affine le tri des déchets creux. Ensuite, les creux passent dans un séparateur magnétique pour capter les éléments en acier, puis dans une machine de tri optique. Ce système de reconnaissance infrarouge fait la différence entre les résines de plastiques, entre le PEHD (bouteilles de lait, lessive...) et le PET (bouteilles d'eau, soda...). Elle analyse leur spectre lumineux.
La danse des agents
Vient encore le tri mécanique. Les agents doivent capter tout ce qui n'est pas du papier propre. A chaque agent de tri sa fonction et son rôle. Chacun se voit attribuer des matières à capter et/ou à retirer du tapis (bouteilles, canettes en aluminium, emballage pour liquides alimentaires, refus, etc.). La danse qu'ils opèrent est impressionnante en terme de vitesse et d'acuité.
À cette étape, Christophe Maria l'admet, une marge d'erreur est possible, de 2 à 3%. Mais le Syctom l'assume en toute transparence. 2 à 3% contre 80% de déchets triés, qu'est-ce que c'est?
Une fois séparés, les déchets sont stockés dans les alvéoles situées sous la cabine de tri. Elles sont enfin compactées puis envoyées dans des centres de retraitement. Avec 4 briques alimentaire, on fabrique un rouleau de papier toilette, avec 2 kg d'aluminium recyclé, c'est une trottinette de gagnée.
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