Qu’est-ce que le syndrome du choc toxique ?

Par Juliette RocheLaura Gauthier
Qu'est-ce que le syndrome du choc toxique et comment l'éviter
Le syndrome du choc toxique menstruel est une maladie infectieuse rare, mais à prendre au sérieux. Le Dr Gérard Lina, médecin au Centre national de référence staphylocoques, rappelle les précautions à prendre afin de sensibiliser les femmes, encore mal informées de ce risque.

Le syndrome du choc toxique lié aux règles revient régulièrement sur le devant de la scène. La maladie a notamment été très médiatisée en 2017, lorsque la mannequin Lauren Wasser, victime d’un choc toxique cinq ans auparavant, avait annoncé qu'elle allait devoir être amputée de sa seconde jambe. Les jeunes femmes restent mal informées des risques pendant leurs règles. Gérard Lina, médecin au Centre national de référence des staphylocoques rappelle les précautions à prendre pour s’en prémunir.

Définition : qu’est-ce-que le syndrome du choc toxique ?

Le syndrome du choc toxique (STC) est une maladie infectieuse causée par une bactérie : le staphylocoque doré (staphylococcus aureus). Nous sommes tous porteurs, à un moment donné de notre vie, de staphylocoques dorés. Ils sont aussi présents dans le vagin chez certaines femmes et peuvent produire une toxine, la TSST-1. "La présence de cette toxine ne pose aucun problème", explique le professeur Gérard Lina, sauf si on permet au staphylocoque de se multiplier au niveau du vagin.

Avec une protection périodique interne comme le tampon ou la cup, le flux menstruel ne s’écoule pas et reste accumulé au niveau vaginal. "Le staphylocoque va utiliser ce sang menstruel comme milieu de culture et, au bout d’un certain moment, va produire une toxine", détaille Gérard Lina. Cette dernière passe dans le sang et engendre des symptômes. 

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Les symptômes du syndrome du choc toxique

La maladie semble d’autant plus difficile à détecter qu’elle génère les mêmes désagréments qu’une maladie fréquente telle la gastro-entérite ou des états grippaux. Une éruption cutanée qui ressemble à un coup de soleil peut aussi apparaître. "À la vue de ces symptômes, il faut retirer son tampon ou sa coupe menstruelle", prévient le Dr Lina. Dans la plupart des cas, ces maux disparaissent dans les quelques heures qui suivent le retrait de la protection intra-vaginale, si ce n’est pas le cas il faut consulter un médecin.

Le syndrome du choc toxique, une infection rare

Le syndrome du choc toxique demeure rare comme le confirme Gérard Lina : "Au centre national de référence des staphylocoques, nous recensons environ 25 cas chaque année, ayant nécessité une prise en charge à l’hôpital". Seules les femmes porteuses de la bactérie qui produit la toxine responsable du STC sont concernées, soit moins de 4% des femmes françaises. Cependant, toutes les femmes porteuses de la bactérie ne font pas nécessairement de choc toxique. Mais comme le souligne le professeur Lina, il y a aussi "environ 10% des femmes qui ne développent pas d’anticorps contre cette toxine".

Syndrome du choc toxique : les tampons et cups sont-ils dangereux ?

Le 20 janvier 2020, l’Anses a publié les résultats de son expertise sur la sécurité des protections intimes internes (tampon et cup menstruelle). Ces essais ont révélé la présence de substances chimiques dans les tampons et les coupes menstruelles, mais sans dépassement des seuils sanitaires. Il n’y aurait pas non plus de lien direct entre les propriétés physico-chimiques des matériaux de ces protections intimes et un risque d’augmentation de syndrome du choc toxique

Comme l’explique le docteur Lina, "la toxine TSST-1 ne provient pas du tampon ou de la cup, mais des bactéries déjà présentes au niveau vaginal". Inutile, donc, de se débarrasser des tampons et des cups, qui offrent un confort de mouvement essentiel pendant les règles. En revanche, Gérard Lina recommande de "ne pas porter une protection intra-vaginale plus de six heures". Il est absolument déconseillé de passer une nuit entière avec un tampon ou une cup. Privilégiez les protections externes comme les serviettes ou culottes menstruelles.

Alterner l’utilisation des protections périodiques pour éviter le SCT

C’est un fait : les protections intra-vaginales exposent à davantage de risques de SCT. Le Dr Lina conseille d’alterner les différentes protections périodiques. Évitez de ne porter que des tampons ou que des protections intra-vaginales durant vos règles. Vous pouvez ainsi alterner avec les serviettes hygiéniques ou les serviettes lavables. A noter aussi, l’essor des culottes menstruelles, dont la plupart sont faites de textiles certifiés, garantis sans métal lourd. 

Ensuite, il faut se laver les mains avant et après l’application de sa protection périodique. La coupe menstruelle ne doit pas seulement être rincée à l’eau avant son utilisation. Il faut absolument la stériliser en la faisant bouillir dans de l'eau, pour éliminer toutes les bactéries et minimiser les risques. Contrairement à ce que les marques recommandent, Gérard Lina préconise de la stériliser entre chaque utilisation, et non uniquement au début du cycle. Il conseille d’emporter avec soi plusieurs coupes périodiques pour la journée.

Comment traiter le syndrome du choc toxique ?

En cas de survenue des symptômes, il faut immédiatement retirer le tampon ou la cup et se rendre à l’hôpital.Le choc toxique doit être traité de toute urgence, avant que l’infection ne puisse nuire définitivement à plusieurs organes vitaux. En cas de suspicion de syndrome de choc toxique, les patients doivent être hospitalisés immédiatement et recevoir un traitement intensif. 

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