Pour Marlène Schiappa, la tribune des 100 femmes comporte "des choses profondément choquantes, voire fausses"

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Pour Marlène Schiappa, la tribune des 100 femmes comporte "des choses profondément choquantes, voire fausses"

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Marlène Schiappa à Angoulême, le 10 novembre 2017
Marlène Schiappa à Angoulême, le 10 novembre 2017
© Maxppp - Thibaud MORITZ / IP3 Press

La tribune sur la "liberté d'importuner" publiée ce mardi dans le journal "Le Monde" comporte "des choses profondément choquantes, voire fausses", a estimé la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa, invitée de notre journal de 12h30.

Invitée ce mercredi, de notre journal de 12h30, la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa a réagi à la tribune de 100 femmes publiée dans le quotidien Le Monde sur "la liberté d’importuner".

Pour Marlène Schiappa, ce texte comporte "des choses profondément choquantes, voire fausses". Par exemple dire que, "éventuellement, dans certains cas, peut-être qu'une agression sexuelle peut être considérée comme un délit, ce n'est pas vrai. En tant que membre du gouvernement, je suis là pour rappeler ce qu'est le droit." 

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Frotter un sexe d’homme contre une femme dans le métro, sans son opinion, c’est une agression sexuelle. Cela vaut jusqu'à trois ans de prison et 75 000 euros d’amende. On a du mal à dire aux jeunes filles qu’elles n’ont pas à éprouver de la honte, et qu’elles ne sont pas coupables de cela. Donc je pense que c’est dangereux de tenir ce discours. Enfin, il y a des choses dans cette tribune qui relève du fantasme : dire comme c’est écrit que des hommes auraient été renvoyés en France pour avoir touché le genou d’une femme, c’est faux. Ou alors, si il y en a un, qu’on me le présente !

Un débat "sémantique et intime"

Marlène Schiappa estime qu_"il y a un peu de tout dedans, des réflexions pas inintéressantes, mais qui ne sont pas nouvelles non plus._" Pour la secrétaire d'Etat, les 100 signataires "revendiquent de ne pas être traumatisées, de ne pas être des victimes à vie" après une agression sexuelle ou un viol. Marlène Schiappa rappelle que le débat avait été soulevé lors du vif échange entre Christine Angot et Sandrine Rousseau, dans l'émission "On n'est pas couché" sur France 2, le 30 septembre dernier. "C'était : 'est-ce qu'on est victimes et est-ce qu'on revendique un statut de victime, ou est-ce qu'on ne veut surtout pas être assignée à cela ?'"  La secrétaire d'Etat explique que c'est un débat "intéressant", qui est un débat "sémantique et intime", qui porte "sur le ressenti de chaque femme" :  "Personne ne peut dicter à une autre femme son ressenti."

Tribune et contre tribune, égalité femmes - hommes, laïcité, écoutez l'intégralité de l'entretien avec Marlène Schiappa

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Marlène Schiappa qui s'est aussi exprimée pour notre série vidéo " Il faut que ça change !" sur la culture du viol :

Il faut que ça change. C'est pour cette raison qu'avec la garde des Sceaux nous présenterons en 2018 un projet de loi pour assurer une vraie condamnation, judiciaire, des violences sexistes et sexuelles. Cette condamnation sociétale doit être assurée par l'ensemble de la société, qui doit redéfinir son seuil de tolérance aux violences sexuelles. Ce n'est plus acceptable que les femmes soient suivies, touchées contre leur gré dans l'espace public, les transports, ou harcelées sexuellement sur leur lieu de travail.

Une contre tribune ce mercredi

Une trentaine de personnalités et membres d'associations, Caroline de Haas en tête, ont publié ce mercredi une sorte de contre tribune intitulée " Les porcs et leurs allié.e.s ont raison de s’inquiéter", à lire sur le site de France Info. Caroline de Haas s'est expliquée à France Culture, jointe par François Pierre Noel. Selon elle, notamment :

Le fait que des personnalités utilisent leur visibilité médiatique pour banaliser la violence me rend surtout triste. Je me dis qu'elles auraient pu, peut-être, utiliser cette visibilité pour dire aux hommes qu'il ne faut pas violer, ni agresser, plutôt que de dire aux femmes que ce n'est pas si grave si elles étaient victimes d'agression ou de harcèlement.

Enfin, l'historienne et militante féministe Michelle Perrot a aussi réagi à la tribune publiée dans Le Monde sur notre antenne. Interrogée hier par Antoine Mercier dans le journal de 12h30 :

Michelle Perrot à propos de cette tribune : "Elles ont raison dans une certaine mesure, mais il faut plutôt valoriser cette prise de paroles des femmes"

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