Un organisme canado-américain de femmes d'affaires, mis sur pied il y a près d'un an par Justin Trudeau et Donald Trump, a publié mercredi son premier rapport, qui réclame notamment une meilleure conciliation travail-famille.

La création du Conseil canado-américain pour l'avancement des femmes entrepreneures et chefs d'entreprises avait été annoncée par le premier ministre canadien et le président américain lors de leur rencontre à Washington en février dernier. La fille du président, Ivanka Trump, et Justin Trudeau parrainent ce Conseil canado-américain.

L'organisme annonce mercredi ses quatre recommandations relativement au premier des cinq piliers de son initiative bilatérale: «Promouvoir les femmes dans le monde des affaires».

Le Conseil propose ainsi d'améliorer le programme américain d'approvisionnement qui favorise les petites entreprises appartenant à des femmes, et de mettre en oeuvre un programme semblable au Canada d'ici un an. Aux États-Unis, 5 % des contrats publics sont actuellement réservés à des entreprises appartenant à des femmes, dans les secteurs où les femmes sont sous-représentées.

Le Conseil recommande même d'arrimer éventuellement les deux programmes, afin que des femmes entrepreneures d'un pays puissent décrocher des contrats publics dans le pays voisin.

Le rapport du Conseil signale par ailleurs des disparités entre les politiques de soutien familial dans les deux pays: ainsi, les Canadiennes, contrairement aux Américaines, bénéficient d'un programme national de congés parentaux. Mais le Conseil estime que la conciliation travail-famille, ou même travail-foyer, demeure difficile dans les deux pays.

Il serait par contre hasardeux de proposer une solution unique, conclut le Conseil. On suggère tout de même des politiques de congés de maternité, des crédits d'impôt, et même des congés de paternité pour partager davantage le fardeau de «l'économie domestique».

Rapports hommes-femmes

Le rapport signale plusieurs disparités de genre dans le monde des affaires, à commencer par le nombre infime d'entreprises dirigées par des femmes - surtout au Canada. Selon des sources fédérales, 14 % des entreprises américaines comptant de 100 à 500 employés sont dirigées par des femmes; au Canada, c'est deux fois moins. Et les chiffres pour les PME ne sont pas beaucoup plus reluisants.

Le Conseil encourage d'ailleurs les accélérateurs d'entreprises et les réseaux professionnels à faire un suivi de la représentation des sexes, et à adopter des «pratiques exemplaires» pour encourager les femmes entrepreneures. «On ne peut pas améliorer ce qu'on n'a pas mesuré», comme le dit un chef d'entreprise cité dans le document.

Et en cette époque de scandales d'inconduites sexuelles, le rapport consacre quelques pages à un sujet qui ne fait pas consensus chez les hommes et les femmes: est-il approprié d'aller à un «dîner d'affaires» ou de prendre un verre, seul, avec quelqu'un qui n'est pas son conjoint ou sa conjointe?

Si 41 % des hommes trouvent ainsi approprié d'aller prendre un verre avec une femme qui n'est pas leur conjointe, 29 % des femmes ne se disent pas à l'aise avec cette idée. Le Conseil encourage les dénonciations de gestes inappropriés, mais craint que des réactions de surprotection n'isolent encore davantage les femmes en affaires.

Le prochain rapport du Conseil, prévu en juillet, se penchera sur les façons d'augmenter le nombre de femmes dans les domaines des sciences, de la technologie, du génie et des mathématiques.