Quand Arte Radio se mêle d'égalité, ça s'écoute 

Chaque mois, à travers des récits intimes, la documentariste Charlotte Bienaimé élève le débat sur les féminismes, les questions de genre et les rapports hommes-femmes pour l’émission “Un podcast à soi”, sur Arte Radio.

Par Carole Lefrançois

Publié le 17 janvier 2018 à 12h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 01h33

«Je me dis ouvertement féministe et ce n’est pas sans conséquences. Une fois le mot prononcé, je décèle les sourires ­moqueurs, les regards effrayés, on soupire, on lève les yeux, on me dit qu’il faut changer le mot, que c’est trop clivant. On me dit que l’égalité est un leurre car les hommes et les femmes sont différents. Le féminisme est devenu comme une évidence. Un enjeu majeur qui concerne la moitié de la société. » Voilà ce qu’explique Charlotte Bienaimé en préambule de son émission, Un podcast à soi, où elle tend le micro aux femmes dans leurs luttes diverses au quotidien. Quand ce nouveau rendez-vous a été mis en ligne à l’automne sur Arte Radio, l’affaire Weinstein ne faisait pas encore la une des journaux, #balancetonporc et #metoo n’avaient pas encore enflammé les réseaux sociaux, libérant la parole sur le harcèlement sexuel ordinaire.

Pour un “dialogue constructif”

Cette mensuelle ouvre un espace de réflexion sur le genre unique dans le paysage radiophonique. « L’actualité m’a renforcée dans l’idée que ce podcast était essentiel pour faire entendre des ­paroles de femmes (et d’hommes), mais aussi pour les recontextualiser sans rester dans l’émotion uniquement, pour avancer, explique la jeune femme de 34 ans. Il ne s’agit pas d’un acte militant mais d’un dialogue constructif. » Parmi les sujets : travail, éducation, santé, écologie, sport, parentalité, sexualité, violences, discriminations, grossophobie…

Des thèmes explorés à travers des récits ­intimes forts et édifiants, devenus nécessaires dans le débat public : « Il y a comme une urgence à témoigner et réfléchir ensemble à un autre modèle de société… Toutes mes rencontres avec des femmes multiples aux parcours très différents sont toujours bouleversantes. A travers leurs expériences, leurs combats silencieux ou assumés, elles ont la même volonté de faire évoluer les mentalités. »

“La radio est le média parfait pour traiter ces questions-là, car on n’y sent pas le poids de l’image du corps de la femme tel qu’il est véhiculé par la socié­té.“

La productrice dresse depuis quel­ques années une cartographie des luttes et pensées féministes sur France Culture dans différentes émissions (Les pieds sur terre ; LSD, la série documentaire…). « La radio est le média parfait pour traiter ces questions-là, car on n’y sent pas le poids de l’image du corps de la femme tel qu’il est véhiculé par la socié­té », pointe-t-elle. Un montage sonore serré, l’écriture des « micros », le choix des musiques et l’utilisation des ambiances permettent de soigner particulièrement cette proximité. Tout comme le choix du nom de l’émission, en référence à un livre de Virginia Woolf, Une chambre à soi (1929), où la romancière anglaise se montrait ironique : « La plus grande gloire pour une femme est qu’on ne parle pas d’elle, disait Périclès, qui était, lui, un des hommes dont on parlait le plus. »

A écouter

Un podcast à soi, sur Arte Radio. Réalisation : Samuel Hirsch. 35 mn.

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