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La créatrice de Paye ta shnek transforme en posters les insultes qu’elle a reçues

«L’idée, c’est de transformer la violence en quelque chose de bienveillant, de solidaire et de drôle, et de donner une utilité aux trolls», explique Anaïs Bourdet à BuzzFeed News.

Anaïs Bourdet est la créatrice du projet Paye ta shnek, un Tumblr mais aussi une page Facebook qui compilent des témoignages sur le harcèlement de rue.

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Cette graphiste freelance de 33 ans vient de lancer un nouveau projet : une boutique en ligne intitulée «Mauvaise compagnie» où elle vend des posters, dont une bonne partie est inspirée de critiques et d'insultes qu'elle a reçues sur les réseaux sociaux.

Facebook: payetashnekleblog

Comme par exemple «hystérique radicale», «islamogauchiste» ou encore «ultraféministe».

«En ligne, je suis confrontée en permanence à des insultes, décrit-elle à BuzzFeed News. On m’a attribué pas mal de qualificatifs mi-agressifs mi-complètement comiques. Donc ça faisait un moment que je me posais la question de comment transformer cette violence en quelque chose de positif.»

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Anaïs Bourdet raconte qu’à force d’être insultée, elle a fini par s’en faire des visuels qu’elle a affichés chez elle. Ce qui a beaucoup plu à ses amis : «Ils et elles m’ont dit qu’il fallait que je leur en fasse pour eux, donc je me suis mise à en produire de plus en plus.»

Elle résume : «L’idée c’est de transformer la violence en quelque chose de bienveillant, de solidaire et de drôle, et de donner une utilité aux trolls.»

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«Il y a plein d’insultes que j’ai fini par vider de leur sens à force de les retourner», poursuit-elle.

«Par exemple, si "islamogauchiste" c’est avoir une bonne connaissance de ce qu’est la laïcité et être de gauche, alors effectivement je suis islamogauchiste. "Ultraféministe", si ça veut dire que je suis très féministe, alors oui c’est un compliment en fait !

Je me suis rendu compte que la plupart des insultes, selon le regard que l’on pose sur elles, peuvent finalement être des compliments. On peut les revendiquer, on peut en faire des objets de fierté.»

Anaïs Bourdet explique aussi avoir été inspirée par la youtubeuse Klaire Fait Grr qui, l'année dernière, avait récolté 14 004 euros pour le planning familial en vendant sur Ulule un recueil papier des insultes qu'elle avait reçues après avoir publié une vidéo en soutien au planning.

Facebook: KlaireFaitGrr

«J’avais trouvé ça merveilleusement intelligent», commente Anaïs Bourdet.

Pour elle, cette boutique est aussi le moyen de «générer un peu de budget pour Paye ta shnek».

«Je travaille complètement bénévolement sur ce projet depuis six ans. Etant freelance à côté, c’est assez précaire. Mais je culpabilisais à l’idée de gagner de l’argent avec Paye ta shnek. Là, c’est un bon compromis parce que c’est vraiment en tant que graphiste que j’interviens, et ça aide aussi d’autres associations.»

En effet, pour certains visuels, un euro sera reversé à une association choisie par la militante : Les Féministes contre le cyberharcèlement, le Planning familial, Stop harcèlement de rue, SOS méditerranée et Lallab.

Cette militante féministe précise que le nom de la boutique, «Mauvaise compagnie», lui a été inspiré par un tweet de Caroline Fourest.

En effet, l’été dernier, Anaïs Bourdet a contribué à une tribune qui prenait la défense de l’association Lallab, au cœur d’une polémique et notamment accusée par certains d’être «racialiste» ou encore de faire de l’«islamisation».

Caroline Fourest avait alors commenté sur Twitter «Benoît Hamon vole au secours de Lallab et signe une pétition en bien mauvaise compagnie».

«Avec les signataires, on avait adoré être qualifiées de "mauvaise compagnie", décrit Anaïs Bourdet. On s’était amusées à faire un hashtag #teammauvaisecompagnie. C’est aussi de là qu’est né la démarche de la boutique.»