Fatigue, déprime, perte de cheveux... Et si c'était une hypothyroïdie fonctionnelle ?

Par Claire Dhouailly
hypothyroidie
La thyroïde est plus qu'on ne le croit à l'origine de maux qui nous gâchent le quotidien. Pourtant, il arrive encore trop souvent qu'elle ne reçoive pas toute l'attention qu'elle devrait. Voici comment détecter une hypothyroïdie fonctionnelle.

Le matin vous vous réveillez toujours fatiguée, et avez besoin d'un grand thé ou café pour démarrer ? Malgré vos efforts, vous n'arrivez pas à perdre de poids ? Vos cheveux sont très secs et vous avez tendance à les perdre ? Vous avez toujours les mains et pieds froids, une tendance à déprimer et/ou une digestion lente et difficile ? Et tout cela persiste malgré diverses tentatives d'améliorer votre état ? Il existe une quantité de symptômes qui peuvent s'expliquer par la thyroïde et, plus précisément, par une hypothyroïdie.

Vidéo du jour

Beaucoup d’hypothyroïdiens non soignés car non diagnostiqués

Parfois on ne présente que deux ou trois signes, parfois plus. Pourtant, les analyses sanguines habituellement prescrites par les médecins pour vérifier l'état de cette glande située à la base du cou, c'est-à-dire le dosage de la TSH (hormone sécrétée par l'hypophyse qui en pilote le fonctionnement), peuvent dans de très nombreux cas se révéler dans les normes. Résultat, on reste avec ses problèmes. "On parle d'hypothyroïdie fonctionnelle. On peut avoir jusqu'à 20 ou 30 signes cliniques avec un bilan sanguin parfait", note le Dr Stéphane Résimont, qui pratique la médecine fonctionnelle et a co-écrit le livre Pleine Santé ! Vitalité, immunité, anti-âge, anti-kilos (Éd. Résurgence).

Que se passe-t-il alors ? "La thyroïde fonctionne normalement mais on est face à un problème de conversion de l'hormone synthétisée, la T4 (inactive) en T3 (active)", poursuit-il. D'où une cascade de signes cliniques puisque le corps fonctionne au ralenti, comme si la thyroïde était défectueuse. Une situation qui concerne de plus en plus de monde, et notamment des femmes. "Si on se réfère aux signes cliniques, 90 % de nos patients aujourd'hui sont en hypothyroïdie, contre 5 % dans les années 80", remarque le spécialiste.

les symptômes d'une hypothyroïdie fonctionnelle

Ce qui importe avant tout, ce sont les signes cliniques. Outre ceux évoqués précédemment, on peut aussi citer les yeux gonflés et le visage bouffi au réveil, la voix rauque au lever, la sensation d'être toujours au ralenti, d'avoir le cerveau un peu lent… "On traitait mieux les problèmes de thyroïde il y a des années quand on se fondait sur la clinique. Les analyses de sang apportent des informations mais ce sont les symptômes du patient qui devraient passer en premier", estime le Dr Résimont.

Et du côté des analyses sanguines, il ne faudrait pas s'en tenir à la TSH et à la T4. "Il faut doser aussi la T3 et tous les cofacteurs qui permettent la conversion de T4 en T3 active", poursuit ce dernier. Ils sont multiples. Ce sont les vitamines A, D, B12, le zinc, le magnésium, le sélénium, le manganèse, la ferritine mais aussi la progestérone, hormone qui chute à la ménopause et qui commence à décliner dès le milieu de la trentaine. "Trop peu de femmes prennent le traitement hormonal substitutif, ce qui explique de nombreuses hypothyroïdies. Il faudrait même commencer par rééquilibrer les hormones dès la préménopause", insiste l'expert.

Il est en effet essentiel pour que les hormones thyroïdiennes agissent correctement d'avoir un bon rapport œstrogènes-progestérone : un excès d'œstrogènes réduit la conversion de T4 en T3. Le cortisol, qui joue lui aussi un rôle majeur, est aussi à surveiller. On comprend qu'il s'agit d'une "cuisine" complexe, et qu'une multitude de facteurs doivent être analysés pour apporter une vraie solution.

Comment retrouver l'équilibre ?

En commençant par manger des aliments riches en nutriments : des végétaux issus de la culture biologique, des poissons gras, de l'huile de foie de morue pour les vitamines A et D, enfin de la viande rouge pour la B12. Des protéines le matin pour apporter au corps de la tyrosine, un acide aminé précurseur des hormones thyroïdiennes. Elles jouent un rôle dans la synthèse de neurotransmetteurs suivants : la dopamine essentielle à la mémoire, à la concentration, à la motivation, à la joie de vivre et à la libido, ainsi que la noradrénaline qui apporte énergie physique et mentale.

Des compléments alimentaires doivent aussi être envisagés tels le zinc, le magnésium, la vitamine D… Nous en serions tous quasiment carencés. Pour faire le point et prendre les molécules à bon escient, faire un bilan nutritionnel chez un spécialiste est toutefois recommandé. "Pour 10 à 20 % des patients, en optimisant la conversion de T4 et T3 avec des vitamines, oligo-éléments et de la progestérone pour les femmes après 35 ans, on résout les problèmes, constate le Dr Résimont. Cependant, la plupart du temps, il faut y ajouter un traitement hormonal thyroïdien, avec un mélange de T3 et T4."

Le Levothyrox, médicament fréquemment prescrit pour traiter l'hypothyroïdie, n'apporte au corps que de la T4.

Le signe que cela fonctionne ? Les problèmes que l'on traînait depuis des années disparaissent pour la grande majorité dans les 8 à 10 jours (fatigue, constipation, frilosité, rétention d'eau, déprime…) Si on a pris beaucoup de poids, évidemment, il faut un peu plus de temps mais on arrête de grossir pour un rien.

Qui consulter pour être écoutée et prise en charge ?

Un endocrinologue mais aussi les docteurs convertis à la médecine fonctionnelle - encore peu nombreux et décriés par le milieu médical - qui ne jurent pas que par le dosage de TSH mais qui prennent aussi en compte l'analyse globale des symptômes d'un patient et s'appuient aussi bien sur des traitements médicamenteux classiques que sur l'alimentation et les compléments alimentaires pour une meilleure santé.

[Dossier] Troubles de la thyroïde : suis-je concernée ? - 4 articles à consulter

La Newsletter Égo

Bien-être, santé, sexualité... votre rendez-vous pour rester en forme.