A Afrine, des femmes se mobilisent pour nourrir les troupes kurdes

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A Afrine, des femmes se mobilisent pour nourrir les troupes kurdes
A Afrine, des femmes se mobilisent pour nourrir les troupes kurdes © AFP

Temps de lecture : 3 min

Penchées sur une grosse marmite fumante, deux femmes aux manches retroussées remuent vigoureusement de la viande hachée. A Afrine, cible d'une offensive turque dans le nord syrien, mères, tantes et épouses préparent au quotidien le repas des troupes kurdes sur le front.

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"On aide nos enfants, notre peuple, on aide la résistance", lance fièrement Amal Abdou. Trois de ses neveux sont engagés au sein des forces kurdes pour faire face à l'offensive turque contre l'enclave d'Afrine.

Depuis le 20 janvier, Ankara mène une opération militaire sans précédent dans cette région, pour en chasser la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), pilonnant sans relâche l'enclave qui se trouve à sa frontière.

Et alors que les autorités kurdes semi-autonomes ont décrété la "mobilisation générale", des dizaines de femmes participent à l'effort de guerre, préparant chaque jour et sans relâche les centaines de repas qui iront aux YPG et aux combattantes des Unités de protection de la femme (YPJ).

"Avec notre âme, avec nos enfants, on va défendre Afrine jusqu'à la dernière goutte de notre sang", martèle Mme Abdou, maman d'une fille et de trois garçons, d'élégantes boucles d'oreilles en or dépassant de son hijab bleu.

'Au nom de la femme'

Au menu: des Kebbé, ces boulettes à base de viande hachée et de blé concassé, spécialité du Moyen-Orient.

Avec les plats chauds cuisinés, Mme Abdou place de larges galettes de pain, des tomates et des concombres dans des sacs en plastique, qu'elle ferme consciencieusement pour qu'ils soient envoyés au front.

Une Kurde syrienne prépare un repas destiné aux troupes kurdes qui combattent les forces turques dans la région d'Afrine, près de la frontière avec la Turquie, le 27 janvier 2018  © Diyar MUSTEFA AFP

Pendant ce temps, une jeune femme lave de gros piments verts disposés dans un bassine, où un tuyau d'arrosage apporte de l'eau.

Cette cuisine d'Afrine a été mise en place par Kongreya Star, organisation féministe kurde, mais plusieurs initiatives similaires ont fait leur apparition dans toute la région.

"Nous sommes venues, au nom de la femme, soutenir nos forces, YPG et YPJ", confie fièrement Amina Hamo, membre de Kongreya Star.

"Il y a plein de femmes qui viennent de tout le Canton d'Afrine pour nous aider", ajoute-t-elle, les cheveux hâtivement ramenés en chignon.

"Les Turcs doivent savoir que les forces ne sont pas seules, nous sommes à leurs côtés, et quoi qu'on nous demande, nous sommes prêts", poursuit la jeune femme de 23 ans.

Devant elle, six femmes de tous âges, assises à même le sol, épluchent et émincent des piles d'oignons.

Dans un angle de la pièce dénuée de tout ameublement, des cartons d'oeufs sont posés les uns sur les autres, aux côtés de sacs en plastique remplis à craquer de pommes de terre qui attendent d'être épluchées.

'Comme une arme'

Assise sur un tabouret, une dame arborant un fichu gris lâchement noué sur ses cheveux noirs, les manches retroussées, lave une bassine tandis que devant elle des tomates bien mûres trempent dans l'eau d'un grand récipient.

En Syrie, où règne une société conservatrice qui considère que la femme n'a pas toujours les mêmes droits que les hommes, les Kurdes se targuent d'encourager l'égalité des sexes, même au combat.

Des volontaires kurdes syriennes préparent un repas destiné aux troupes kurdes qui combattent les forces turques dans la région d'Afrine, près de la frontière avec la Turquie, le 27 janvier 2018  © Diyar MUSTEFA AFP

Et alors que les combattants kurdes, soutenus par les Etats-Unis, sont rapidement devenus incontournables dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), plusieurs femmes, comme la commandante Rojda Fellat, ou encore Clara Raqqa, ont pris part au haut commandement de l'offensive pour reconquérir Raqa, ex-fief jihadiste dans le nord syrien.

Son fils et sa fille participent aux combats contre les forces turques et les rebelles syriens qui leurs sont alliés, et Fatma Slimane supervise les opérations dans la cuisine pour Kongreya Star.

"Quand on prépare à manger (pour les combattants), on leur donne des forces contre l'ennemi", estime la quadragénaire, qui ne tarit pas d'éloge à l'égard du rôle des volontaires: "J'ai l'impression moi aussi de défendre ce qu'on fait, c'est comme une arme, comme le combat".

30/01/2018 09:50:15 -          Afrine (Syrie) (AFP) -          © 2018 AFP