Sur le web comme dans la rue, les femmes ont toute leur place!
TRIBUNE - Le Haut Conseil à l'Egalité (HCE) remet mercredi à Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat chargé du Numérique, un rapport intitulé "En finir avec l'impunité des violences faites aux femmes en ligne : une urgence pour les victimes". Dans une tribune publiée sur le JDD, le HEC et plusieurs associations appellent "les géants du web et les responsables politiques" à une "action déterminée" à ce sujet.
"Ces derniers mois, les réseaux sociaux et Internet ont joué un rôle capital dans la mobilisation citoyenne autour des violences sexistes et sexuelles via les hashtags #Balancetonporc et #Metoo. Toutefois, à l’instar de l’espace public dont les femmes ont depuis longtemps dénoncé les insultes et agressions sexistes auxquelles elles étaient confrontées, Internet peut également se faire le théâtre de scènes d’une rare violence à l’encontre des femmes : 'J’espère que plus tard tu seras une femme battue parce que t’es une pute dans tout ce que tu fais' ; 'Tu mérites de te faire violer en public grosse pute, j'y crois même pas féministe ratée' ; 'Va faire le ménage et des enfants au lieu de te prendre pour un homme que tu ne seras jamais' ; 'Je compte bien te détruire le cul avant ça je vais te violer chaque antre jusqu’au dernier'.
Lire aussi le rapport remis mercredi à Mounir Majhoubi par le Haut Conseil à l'Egalité
Inimaginable? Impensable, direz-vous? Non! Ces contenus publics - dont la violence est décuplée par l’anonymat que confèrent les réseaux sociaux aux internautes - sont envoyés à des femmes et conduisent nombre d’entre elles à préférer le silence en fermant leur page sur les réseaux sociaux, ou dans le pire des cas, à se tuer pour ne plus les recevoir : souvenons-nous de Marion Fraisse, 13 ans, d’Amanda Todd, 15 ans, et de toutes celles dont la presse ne parlera pas.
92% de l’ensemble des contenus signalés n’ont pas été supprimés
Parce qu’elles se déroulent sur Internet - qui est encore trop souvent considéré comme une zone de non-droit - les violences faites aux femmes en ligne sont banalisées, aussi bien par les victimes que par les internautes qui en sont témoins. Pourtant, leur impact sur les victimes n’est pas virtuel et est accru par le fait que vie en ligne et hors ligne sont imbriquées, ce qui leur laisse peu de répit. Si le harcèlement sexiste et sexuel dans l’espace public affecte le quotidien et limite l’occupation de l’espace public par les femmes, il n’a pas d’incidence sur leur sentiment de sécurité chez elles, dans l’espace privé. Par contre, lorsque l’on est victime de harcèlement en ligne, il n’y a pas de porte que l’on puisse fermer, derrière laquelle on sait que tout va enfin s’arrêter, l’espace de quelques instants. Les messages reçus sur les réseaux sociaux agissent comme un leitmotiv incessant.
"Il est nécessaire que les géants du web et les responsables politiques s’associent dans une action déterminée
"
Contre ces comportements qui harcèlent les femmes et visent à les faire taire, il est nécessaire que les géants du web et les responsables politiques s’associent dans une action déterminée.
Le premier testing inédit réalisé par le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE) sur les trois réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Youtube) avec l’appui du collectif "Féministes contre le cyberharcèlement", la "Fondation des Femmes" et l’association "En avant toute(s)" révèle une très grande tolérance et une réactivité insuffisante aux contenus sexistes en ligne : 92% de l’ensemble des contenus signalés n’ont pas été supprimés, avec d’importantes disparités selon les plateformes - seulement 13% sur Twitter, 11% sur Facebook et 0% sur Youtube! A l’image des mesures fortes qui ont été mises en place en Allemagne, le Haut Conseil à l’Egalité appelle à un sérieux engagement des fournisseurs d’accès, hébergeurs et plateformes, afin qu’Internet devienne un espace de sécurité pour toutes et tous. Dans son Rapport "En finir avec l’impunité des violences faites aux femmes en ligne : une urgence pour les victimes", le HCE recommande un renforcement de leurs procédures de signalement et de leurs règles de modération. Un délai de 24 heures de réponse au signalement doit leur être imposé par la loi.
"Nous demandons que le sexisme ne soit pas oublié"
Bien sûr, il serait naïf de faire porter aux seules plateformes la responsabilité d’un problème qui dépasse très largement les frontières d’Internet. Partout, les femmes sont victimes d’un système qu’il faut bien appeler par son nom : la domination masculine. C’est pourquoi l’engagement des hébergeurs devra s’accompagner d’une politique publique globale et déterminée qui lutte contre le harcèlement sexiste et sexuel en ligne.
Le Premier ministre a annoncé il y a quelques mois le renouvellement d’un plan interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, dont l’un des volets s’intéresse à la prévention et à la répression de la haine sur les réseaux sociaux. Nous demandons que le sexisme ne soit pas oublié, qu’il soit intégré dans les actions de lutte contre les discours haineux en ligne, et notamment dans ses effets conjugués avec les autres formes de discriminations dont sont plus particulièrement victimes les femmes (racisme, sexualité, handicap, etc). On sait combien les jeunes femmes y sont particulièrement exposées, c’est pourquoi l’Education nationale a également tout son rôle à jouer dans la lutte contre le harcèlement sexiste et sexuel en ligne.
"L’espace virtuel, prolongement de l’espace public, appartient à tous et à toutes
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Internet est un espace public du quotidien. Femmes comme hommes doivent pouvoir s’y exprimer librement, naviguer librement, dans le respect de chacun, sans avoir à craindre des rappels à l’ordre. L’espace virtuel, prolongement de l’espace public, appartient à tous et à toutes : il ne doit pas être autorisé de vouloir en exclure les jeunes filles et les femmes."
Signataires :
Danielle BOUSQUET, Présidente du Haut Conseil à l’Egalité
Ynaée BENABEN, Fondatrice de l’association En avant toute(s)
Anaïs CONDOMINES, Journaliste
Edouard DURAND, Co-président de la Commission "Violences de genre" du HCE et Juge des enfants
Claire GUIRAUD, Secrétaire générale du Haut Conseil à l’Egalité
Anne-Cécile MAILFERT, Présidente de la Fondation des femmes
Ketsia MUTOMBO, Présidente de l’association Féministes contre le cyberharcèlement
Ernestine RONAI, Co-président de la Commission "Violences de genre" du HCE et Responsable de l'Observatoire départemental des violences envers les femmes en Seine-Saint-Denis
Marion SECLIN, Comédienne-scénariste
* Les exergues et intertitres sont de la rédaction
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