Marie Beauchesne. Une féministe à la mode

Par Amélie Coispel

Si on lui avait dit un jour qu'elle aurait été entrepreneure dans la mode, Marie Beauchesne aurait ri au nez de son interlocuteur. Pourtant, aujourd'hui, à 27 ans, la jeune Crozonnaise est fondatrice de sa marque de prêt-à-porter. Mais pas n'importe laquelle... Ypsylone est une marque féministe. Oui oui, la mode aussi peut être féministe.

Un an déjà ! Ypsylone est née en juin 2016. Depuis, quelques collections ont rythmé l'année.
Un an déjà ! Ypsylone est née en juin 2016. Depuis, quelques collections ont rythmé l'année. (Photo A. C.)
D'aussi loin qu'elle se souvienne, Marie Beauchesne a toujours été féministe. Dès la cour de récré, dans son école sur la presqu'île de Crozon (29). « Il y a des choses qui me révoltaient, notamment la surprotection des petites filles. C'était de petites injustices pour lesquelles je me disais : " Mais pourquoi toujours les filles et jamais les garçons ? ". C'était des constats quotidiens ». Et puis un jour, le déclic. Aujourd'hui, Marie, 27 ans, est à la tête de sa propre entreprise de mode, Ypsylone, à Paris. La capitale parce que « ça ouvre des portes » mais surtout parce que sur la presqu'île natale, « tout le monde se connaît ». Elle y a donc lancé sa marque de prêt-à-porter. Mais surtout de prêt-à-penser. « La mode, c'est seulement un médium ; un moyen, pas une fin. L'objectif, c'est d'engager la conversation. C'est une démarche globale pour faire parler les femmes ».

Zéro photoshop


Alors pour leur donner la place qu'elles méritent, la jeune entrepreneure conçoit son travail de manière féministe. D'abord, elle opte pour le « zéro photoshop » parce que « le féminin est pluriel ». Et pour montrer qu'on peut ressembler à autre chose qu'aux silhouettes des papiers glacés. Puis, parce qu'elle considère que « les femmes ne sont pas là pour faire joli », elle met en scène non pas des mannequins mais « des femmes inspirantes » : « Je cherche à connaître leur histoire, leur opinion. Je ne caste pas en fonction des mensurations mais de la personnalité ». À force de discussion, d'échanges, de propositions, qui peuvent prendre « d'un mois à un an et demi », elle crée les collections. Les histoires et anecdotes qu'elle glane au détour de rencontres sont ensuite contées sur les étiquettes des vêtements et sur l'e-shop. « Par exemple, j'ai réalisé une capsule autour de l'audace, dans le sens : saisir toutes les opportunités ». Inspirée par une femme qui est à la fois « dans les start-ups, l'institutionnel et le clubbing », elle crée un haut en soie « adaptable ». « J'ai aussi réalisé une collection sur la sensibilité. C'est une thématique indirectement féministe parce que c'est l'occasion de montrer que ce n'est pas une source de faiblesse mais une véritable force. Il faut casser les clichés », maintient la jeune femme.

« Je ne suis pas créatrice de mode »


Pourtant, une femme dans la mode, l'image est presque trop évidente. Mais elle se défend : « Je ne suis pas créatrice de mode, je suis entrepreneure. La mode fait partie de ce que je fais mais ce n'est pas ce que je suis ». Pour preuve, sa collection anniversaire, pour fêter la première année d'Ypsylone : un « pied de nez à la mode ». Sur la pièce unique, on peut lire : « nique le prêt-à-porter ». D'ailleurs, elle rejette les codes et la « temporalité de la mode classique » : la thématique prime et il faut « qu'elle ait du sens ». Elle s'accorde une « liberté créative » jusqu'à même s'émanciper d'une boutique physique. « La mode c'est seulement un projet. Mon boulot, c'est la stratégie de communication et le conseil », rappelle Marie. Elle vit dans cette « génération qui aime toucher à tout » et surtout « monter des projets autour de l'empowerment (émancipation, NDLR) ». Et il faut dire que de ce côté, la jeune créatrice de mode tire son épingle du jeu. En novembre dernier, invitée du TEDxChampsÉlyséesWomen, elle prenait le micro à la salle Pleyel, à Paris, pou
r une conférence sur « Le féminisme, les hommes, la liberté et moi ».

La tête pleine de projets


Il y a quelques jours, elle participait aussi à l'« Innovation lab » d'Unleash, au Danemark. Un « programme qui vise à réunir des jeunes pour travailler sur des objectifs de l'Onu (eau, éducation, alimentation, santé etc.) », comme elle l'explique. « C'est un genre de giga start-up week-end pour créer des projets dans le développement durable et améliorer le monde ». Son thème à elle, c'était la « production et consommation responsable ». Mais la jeune femme préfère être claire : « Je suis sensible aux conditions de production (80 % made in France pour Ypsylone, NDLR) et c'est normal de ne pas faire d'esclavage humain. Mais je ne veux pas brouiller les pistes, ce n'est pas mon combat ». Catégorique, elle revendique : « Mon combat, c'est le féminisme ».
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