Le projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles, visant à pénaliser le harcèlement de rue ou instaurer un âge minimal de consentement à un acte sexuel, sera présenté le 7 mars en Conseil des ministres,

Selon l'enquête, 12% des femmes déclarent avoir été victimes de viol.

afp.com/PATRICK KOVARIK

L'étendue des violences sexuelles faites aux femmes a de quoi choquer. France Info révèle ce vendredi les résultats d'un sondage réalisé par l'institut Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès. Preuve de l'omerta, les chiffres ne correspondent en rien au nombre de signalements auprès des autorités.

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La très grande majorité des victimes restent silencieuses

Selon l'enquête -réalisée début février sur un échantillon de 2 167 femmes représentatives de la population féminine (âge, profession de la personne interviewée) de 18 ans et plus- 12% des femmes déclarent avoir été victimes de viol et 43% disent avoir subi des caresses ou des attouchements sexuels sans consentement.

Entre 78% et 88% (compte-tenu de la marge d'erreur) des victimes de viol affirment qu'elles connaissaient leur agresseur. Une fois sur trois, il s'agit de leur conjoint et dans 36% à 48% des cas, le viol a lieu au domicile de la victime.

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Les femmes interrogées sont également 58% à avoir été victimes de comportements déplacés à caractère sexiste ou sexuel, 50% a avoir fait l'objet d'insultes ou remarques sexistes, 45% à avoir subi des gestes grossiers à connotation sexuelle et 29% à avoir reçu des messages pornographiques par e-mail ou SMS.

Malgré le très grand nombre de victimes, le dépôt de plainte reste très minoritaire. Ainsi, seules 11% à 19% des victimes de viol portent plainte. Elles sont aussi 56% à 68% n'en a parlé à aucun proche et 64% à 74% n'a pas consulté de médecin. Conséquence de ce manque d'échanges: 32% à 44% ont pensé au suicide et 16% à 27% ont même tenté de le faire.

Des chiffres réalistes

Contacté par France Info, le coordinateur de l'enquête et administrateur de la Fondation Jean-Jaurès, Michel Debout, s'interroge: "Alors que l'on pourrait penser qu'il y a moins de viols depuis les années d'après-guerre, il y en a apparemment davantage. Pourquoi autant de viols et pourquoi si peu de procédures judiciaires?"

Pour la sociologue Alice Debauche, chercheuse à l'Institut national d'études démographiques (Ined), ces résultats -notamment le nombre de femmes victimes de viol- sont réalistes. "12% [de femmes violées], avec les marges d'erreur, c'est un peu plus élevé que dans d'autres enquêtes statistiques, mais ça reste dans des ordres de grandeur qui ne me surprennent pas."

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Si le chiffre est en augmentation depuis plusieurs décennies, ce n'est pas parce que le nombre de viols augmente, mais parce que la parole se libère progressivement. "Sur le temps long, on observe que les femmes les plus jeunes, les générations les plus jeunes déclarent plus que les autres les violences sexuelles. Elles en parlent plus", dit la chercheuse.

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