Cécile Duflot a été sifflée, en 2012, pour le port d'une robe fleurie à l'Assemblée nationale.

Cécile Duflot a été sifflée, en 2012, pour le port d'une robe fleurie à l'Assemblée nationale.

xavier de torres/MAXPPP

Aurore Bergé et sa robe bleue satinée: c'est le débat vestimentaire qui fait rage depuis la diffusion de Salut Les Terriens, samedi, sur C8. Cette tenue était-elle trop courte? Trop décolletée? Pas assez solennelle - comme Jean-Michel Aphatie l'a affirmé ce mardi - pour une personnalité politique? Ce qui est certain, c'est qu'elle est loin d'être la seule à provoquer une discussion animée. Car les tenues des femmes politiques sont sans cesse scrutées, analysées, commentées. Et ce, depuis des années.

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L'exemple le plus frappant est bien évidemment celui de "la robe de Cécile Duflot." En juillet 2012, la ministre de l'Égalité des territoires et du logement, tente, tant bien que mal, d'évoquer l'avenir du Grand Paris à l'Assemblée. Peine perdue: sa robe blanche imprimée de fleurs bleues lui vaut d'être huée.

La séquence, surréaliste, fait polémique. Pourquoi Cécile Duflot a-t-elle été huée pour avoir porté une robe? Interrogée par la Tribune de Genève à l'époque, la politique Géraldine Savary semble comprendre ce qui a pu gêner ses camarades masculins. Elle estime qu'il ne faut pas être "agressif avec sa féminité."

Cette robe printanière connaît malgré tout une fin heureuse: elle entre au Musée des Arts Décoratifs, à Paris, en novembre 2016, intégrée à la collection "Tenue correcte exigée, quand le vêtement fait scandale." Printanière, elle n'avait pourtant rien de bien sulfureux.

Le jean de Cécile Duflot, le "soutif" de Najat Vallaud Belkacem

C'est ainsi qu'en 1972 - cela remonte effectivement un peu -, la jeune conseillère politique Michèle Alliot-Marie ne peut entrer à l'Assemblée nationale, le chemin barré par un huissier. Comme l'explique Christine Bard dans son livre Histoire politique du pantalon (et comme le rappelle Slate en 2012), si l'accès lui est interdit c'est parce qu'elle porte un pantalon. Menaçant de l'enlever, Michèle Alliot-Marie finit par entrer.

En 2012, un peu avant l'épisode de la robe à fleurs, Cécile Duflot est épinglée pour le port d'un jean, alors qu'elle assiste au Conseil des ministres. C'est, pour Nadine Morano, inadmissible. "Je trouve que quand on représente les Français, il faut faire la différence entre la dilettante du week-end et la tenue du conseil des ministres", affirme-t-elle sur RTL.

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Quand il ne s'agit pas d'un jean, c'est un soutien-gorge qui a le don d'agiter les commentateurs politiques. L'essayiste Jean-Paul Brighelli fait référence, dans une tribune parue sur le site du Point, à ce sous-vêtement porté par Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l'éducation, en novembre 2015 à l'Assemblée nationale. "C'est dans Annie Hall que Woody Allen développe le concept californien de LVS - la ligne visible du slip. Mercredi, Najat Vallaud-Belkacem l'a réactualisé en LVS 2 - ligne visible du soutif, écrit-il. Une stratégie de communication vieille comme le monde - le rouge à lèvres et les pendentifs aux oreilles arborés par Mme Vallaud-Belkacem avaient ce mardi lors des questions au gouvernement à l'Assemblée, la même fonction 'écran de fumée' -, mais inédite devant la représentation nationale."

Nathalie Kosciusko-Morizet, épinglée de son côté - comme Rachida Dati - pour des vêtements trop luxueux (en 2012, ses bottes à 1700 euros font scandale), admet auprès magazine WWD que s'habiller quand on est une femme politique en campagne est "complexe."

"Le vert vous va à merveille!"

Car les années passent, mais les avis sur les tenues des femmes, eux, restent. Qu'ils soient négatifs ou positifs, d'ailleurs. Ségolène Royal, en 2014, a par exemple le bonheur de recevoir l'approbation du député UMP Jacques-Alain Bénisti alors qu'elle se trouve en pleine audition sur le projet de loi sur la transition énergétique.

"Vous me permettrez Madame la ministre de vous féliciter pour le choix de la couleur de votre tailleur. Le vert vous va effectivement à merveille!", se réjouit-il. Ce n'est pas la première fois que Ségolène Royal voit ses tenues commentées. En 2005, alors qu'elle commençait à montrer ses ambitions pour 2007, Jean-Luc Mélenchon, encore socialiste à l'époque, a eu cette phrase restée célèbre, affirmant que les élections n'étaient pas "un concours de beauté." En pantalon ou en robe courte, les tenues des femmes politiques sont, quoi qu'il arrive, un sujet.

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