Le combat de ces femmes qui ne supportent pas la pilule

Par Juliette Roche
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Oui, certaines femmes ne supportent pas la pilule ! Elles vivent un véritable calvaire et peinent à trouver d’autres moyens de contraception. Dans le passé, elles ont mal été conseillées par leur gynécologue. Depuis, elles ont traversé de nombreuses épreuves. Certaines n’ont toujours pas trouvé de contraception idéale. Elles ont décidé de crier haut et fort leur colère. Voici leurs témoignages.

Cinq filles ont décidé de se confier sur leur rapport à la contraception. Elles ont un point commun : elles ne supportent pas la pilule.

Loin d'être des cas isolés, elles souhaitent partager leurs témoignages et montrer qu’il y a d’autres alternatives à la pilule.

Pour elles, le thème, parfois tabou de la contraception, est un véritable sujet de société.  

La pilule ne me convient pas  

  • Le rôle du gynécologue

En règle générale, la première fois qu’on souhaite prendre un moyen de contraception, notre gynécologue nous aiguille vers la pilule. A seize, dix-sept ans, difficile de demander s’il existe d’autres alternatives.

Malheureusement, les gynécologues, expliquent rarement les risques dus à la pilule et parlent peu de stérilet, d’anneau vaginal ou de toute autre sorte de contraception.

« Les gynéco ne m’ont pas beaucoup renseignée et j’ai l’impression, qu’il y a une obligation en France à prendre la pilule. Depuis 1975, cela apparaît comme sacré, alors qu’en fait c’est très nocif. On en parle pas, parce que ça reviendrait, dans la pensée collective, à être contre un droit essentiel pour les femmes », raconte Maelle.

Bien sûr, certains médecins veillent à présenter tous les moyens de contraception. Comme celui de Maud, qui lui a conseillé de se renseigner en détails sur le site Choisir sa contraception.

 

 Copyright : Peter Dazeley/Getty Images

Pour Gaëlle, la société a une vision biaisée de la pilule : « Pour moi, on ne pense pas assez aux alternatives possibles.Tout le monde parle toujours de la pilule, le reste c'est des trucs bizarres qui marchent plus ou moins bien. En prime, la pilule est censée te faire une peau merveilleuse et te grossir les seins, le rêve ! Mais dans la réalité, les choses sont bien différentes. »

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  • Quels sont les symptômes d’une pilule non supportée ?

En effet, certaines femmes régissent très mal à la pilule. Les symptômes les plus voyants, sont d’abord physiques.

« J’ai commencé à prendre la pilule la moins dosée du marché. Puis j'ai développé des douleurs horribles dans la poitrine. J'ai donc changé pour une autre qui elle m'a développé de l'acné et une forte baisse de libido (ce qui pose problème quand on a vingt ans) », explique Maelle.

Victoria souffre quant à elle de nausées, de vertiges et de migraines. De plus, le cycle des règles peut totalement se dérégler. Maud raconte qu’en commençant à prendre la pilule, elle a eu ses règles pendant un mois et demi. Un gros problème, lorsqu’on est anémique.

Pour Gaëlle, la faute revient en partie à son gynécologue : « Ma pilule a entraîné une crise d’acné monumentale, qui a duré trois ans. J’ai donc décidé d’arrêter. Mais mon gynéco voulait à chaque fois me la prescrire à nouveau pour "soigner" mon acné.

Pourtant, je reste persuadée que c’est ma pilule qui m’a provoqué mes crises et qu'elle ne soigne rien du tout. Elle masque seulement. D'alternatives viables, il ne m'en a jamais proposé. »

  • La pilule me rend dépressive

L’université de Copenhague s’est livrée à la plus grande étude menée sur le lien entre pilule et dépression. Pendant quatorze ans (de 2000 à 2014), les scientifiques ont analysé les données médicales d’un million de femmes danoises, âgées de quinze à trente-quatre ans.

Cinquante-cinq pourcent d’entre elles étaient sous contraceptif. A l’issue de l’étude, ils ont découvert que parmi ces dernières, 133 000 ont reçu des antidépresseurs pour la première fois et 23 000 ont été diagnostiquées dépressives.

De plus, les adolescentes prenant la pilule, présentent un risque trois fois plus élevé de tomber en dépression ou de prendre des antidépresseurs, que les femmes de vingt-cinq à trente-cinq ans.

Maelle a vécu cet effet secondaire de la pilule : « Depuis quelques mois je me rends compte que je ne la supporte pas du tout sur le plan psychologique. J’ai des pensées négatives tout le temps, des sauts d’humeurs, des idées noires. »

Changer de contraception : que choisir ?

Les jeunes femmes interrogées ont toutes décidé de changer de contraception. Mais le parcours du combattant était loin d’être terminé.

Gaëlle a commencé à se poser beaucoup de questions : « Le stérilet, je suis bien trop jeune quand même, et puis je veux encore des enfants (info ou intox? Est-ce qu'il y a vraiment un danger ou bien est-ce qu'on nous dit ça parce que l'industrie pharmaceutique aurait trop à perde?). L'implant est aussi hormonal. Le diaphragme a l'air compliqué et pas vraiment fiable. »

Voici les différentes alternatives contraceptives vers lesquelles elles se sont tournées.

  • Les avantages et inconvénients du stérilet

Le stérilet est un dispositif contraceptif en forme de « T » qui mesure 3,5 cm de long. Le médecin ou la sage-femme l’insère dans l’utérus. Il se termine par un fil, qui est coupé au moment de la pose. Ainsi, le médecin peut le retirer à l’aide d’une petite pince.

Il en existe deux sortes : le stérilet au cuivre et le stérilet hormonal. Le premier est en plastique, avec un ou plusieurs manchons de cuivre. Cette partie est la plus importante, puisqu’elle rend les spermatozoïdes inactifs.

On peut se faire poser un stérilet, même si l’on n’est jamais tombée enceinte. En effet, il suffit de choisir la taille : short (pour un utérus plus petit).

Les avantages : le stérilet est efficace à quatre-vingt-dix-neuf pourcent, il est simple d’utilisation et il ne contient pas d’hormone.

Les inconvénients : il peut allonger la durée des règles.

Suite à ses mésaventures avec sa pilule, Maud à opter pour le stérilet au cuivre : « J'ai ensuite essayé le stérilet en cuivre.  Mon médecin généraliste me l'a posé. Mais j'avais des règles extrêmement abondantes et le fil du stérilet piquait mon copain pendant nos rapports (malgré le fait que mon médecin l'ai recoupé quatre fois). »

Pour Victoria, le stérilet au cuivre n’était toujours pas la solution. Trois mois après l’avoir posé, elle ressent des douleurs pelviennes intenses. On lui enlève en urgence.

Zoé a quant à elle finit par opter pour ce moyen de contraception. Mais la solution n’est pas idéale :

« J'ai finalement opté pour ce qui me parait être "le moins pire". Mon stérilet m'a grandement accentué les douleurs de règles. Je me refuse, malgré cette contrainte importante, à me diriger vers une contraception aux hormones.

Le stérilet hormonal contient des hormones progestatives, qu’il va délivrer en petite quantité. Elles épaississent les sécrétions du col de l’utérus et empêchent les spermatozoïdes de passer.

Les avantages : les mêmes que le stérilet au cuivre. En plus, il diminue fortement les règles douloureuses et abondantes.

Les inconvénients : il contient des hormones. Il peut donc entraîner des petits saignements, faire disparaître les règles, faire prendre du poids ou donner de l’acné.

  • Elle a choisi l'implant contraceptif

 Maud a finalement opté pour cette solution : « J'ai finalement et désespérément essayé l'implant. Hallelujah ça me convient presque parfaitement. Seul hic : mes règles sont très longues. Sinon je n’ai plus de maux de ventre et je perds peu de sang, donc je suis ravie. »

Il existe aussi de nombreux autres contraceptifs : le patch, l’anneau vaginal, les progestatifs injectables ou encore les spermicides.

  

Vivre sans contraception : c'est possible 

  • Elles ont choisi les méthodes naturelles

On qualifie de "naturelles" toutes les méthodes visant à identifier la période de l'ovulation de manière à éviter d'avoir des rapports sexuels fécondants.

Beaucoup des jeunes femmes interrogées ont fini par privilégier la contraception naturelle. C’est le cas de Maelle : « Je me suis beaucoup renseignée par moi-même sur internet et je pense que la méthode naturelle n’est pas assez mise en avant alors que les risques, lorsqu’elle est bien appliquée, ne sont pas si élevés que ça. »

Gaëlle a pris la même décision. « J’ai pris la pilule jusqu'au scandale d'il y a quatre ans, lorsqu'une jeune fille est décédée à cause de sa pilule. La même que la mienne. J’ai eu peur, j'ai remis en question le fait de prendre des hormones et de ne pas savoir comment mon corps fonctionnait seul. J’ai arrêté la pilule pour de bon. »

« Aujourd'hui je calcule mes cycles et nous nous protégeons autour de la période d'ovulation », explique Victoria.

Cependant, il ne faut pas oublier que l’ovulation est parfois imprévisible, même chez des femmes au cycle régulier.

Gaëlle ajoute : « Depuis quelques mois je tente la symptothermie: je prends ma température le matin (pendant environ quinze jours par mois). En plus, je fais une analyse de la glaire cervicale et/ou position du col de l'utérus. C'est super fiable pour déterminer l'ovulation et savoir quand tu es fertile ou non.

Mais ça ne laisse que quelques jours (entre une semaine et dix jours) en fin de cycle où tu peux en toute tranquillité avoir des rapports sexuels non protégés. Le reste du temps, c'est préservatif. Le gros avantage, c'est de savoir exactement ce qu'il se passe dans ton corps, à quel moment et d'être plus en lien avec soi-même. »

Attention, l’ovulation peut avoir lieu n’importe quand, votre température peut augmenter car vous êtes malade et un spermatozoïde peut féconder l’ovule cinq jours après l’éjaculation.

Il faut donc être très vigilante avec cette méthode.

N’hésitez pas à questionner votre gynécologue pour vraiment trouver la contraception qui vous convient.

Merci beaucoup à Maelle, Maud, Gaëlle, Victoria et Zoé, pour leurs précieux témoignages.

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