Afin de se préserver des violences conjugales, des femmes kényanes fondent des villages exclusivement féminins

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Au sein de la population Samburu, être une femme n’est pas une partie de plaisir, en tout cas bien moins que dans d’autres régions du monde. L’excision y est pratiquée, malgré son interdiction par la loi kényane de 2011, les mariages sont arrangés, les femmes sont battues par leurs conjoints, qui ont souvent peu de considération pour elles, d’après Le Monde Afrique.

Pour échapper aux maltraitances et à la domination des hommes, certaines femmes Samburu constituent depuis 25 ans des « mini-républiques » dans leurs villages, dans lesquels elles décident de qui a le droit de cité ou non parmi la gent masculine, et régissent la vie en communauté.

Photo d'illustration de femmes Samburu au Kenya. Crédit photo : hecke61 / Shutterstock
« Nous sommes très heureuses de vivre ici parce que nous sommes libres. Personne n’est là pour nous imposer des restrictions, nous avons le pouvoir » affirme au Monde Afrique Nepi Lelegweny, âgée de 42 ans et doyenne du village de Mopukori, située dans une zone présumée dangereuse en raison de la présence d’animaux tels que des éléphants ou des léopards.

Les Samburus ont des rites et des traditions combattues par la Samburu Girls Foundation, incluant le choix de petites filles par des hommes qui leur offrent des colliers de perles, les rendant automatiquement disponibles pour des relations sexuelles.

Quelques dizaines de villages kényans se sont transformés en refuges fondés et gérés intégralement par des femmes accueillant d’autres femmes refusant de se plier aux règles dictées par les hommes, ou fuyant les violences et autres mutilations génitales, même si le nombre exact de ces communautés demeure inconnu.

Parmi ces villages, Le Monde Afrique note que certains sont complètement hermétiques à toute présence masculine. Les autres, comme le village de Mokupori, autorisent les visites des pères des enfants, des petits amis, et bien sûr autorisent les fils des résidentes à rester y vivre. Mais les femmes du village sont celles qui ont le monopole du choix, notamment concernant le droit de cité.

Surtout, si elles choisissent de garder des hommes avec elles, c’est pour qu’ils servent de gardes, et maintiennent les villages en sécurité. Celui de Mokupori subsiste grâce à son économie alimentée par l’élevage de bétail, et par le commerce de colliers de perles, vendus à des touristes.

Conscient des violences à l’égard des femmes dans le pays, le gouvernement kényan a promis au travers de la loi l’ouverture de refuges pour celles-ci, refuges qui tardent à pointer le bout de leur nez. En conséquence, elles sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers ces villages entièrement gérés par des femmes, fondés de leur propre initiative. Pour autant, ces havres de paix restent assez peu connus... de même que la loi de manière générale.

Ainsi, si la loi de 2011 interdisant l'excision a fait diminuer le taux de femmes excisées à 20% (contre 30%) auparavant, beaucoup de villages ignorent l'existence même de celle-ci. De la même manière, beaucoup de Kényans ne sont pas au courant de la loi de 2015 concernant les violences domestiques, et la mise en place programmée de refuges par le gouvernement. Faute de véritable cohésion, et en raison d'une communication défaillante de la part de l'État, ces villages féminins sont donc l'unique alternative à la fatalité pour de nombreuses femmes Samburu pour l'instant. 

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Au sujet de l'auteur : Hugo Nikolov

Journaliste