Comment se balader en forêt améliore votre santé

Au Japon, on ne se balade pas en forêt mais on prend un «bain de forêt». Des scientifiques ont découvert pourquoi ce rituel fait tant de bien à nos organismes.

 Il est conseillé de passer deux heures par mois en forêt.
Il est conseillé de passer deux heures par mois en forêt. LP/ARNAUD JOURNOIS

    Saviez-vous que se promener dans les bois peut-être bon pour notre métabolisme ? C'est ce qu'explique le biologiste Qing Li dans son nouveau livre. Celui qu'on présente au pays du Soleil Levant comme le pape des arbres publie ce jeudi « Shinrin Yoku »* (en français « les Bains de forêt »), un ouvrage grand public traduit en 35 langues. Le Parisien l'a dévoré en avant-première.

    Le scientifique y raconte comment lui et ses équipes ont prouvé que la fréquentation des arbres diminuait le taux de cortisol, un indicateur de stress, donnait un coup de fouet à notre système immunitaire et même augmentait les cellules tueuses (NK), ces protéines qui protègent notamment contre le cancer…

    Tout a commencé quand, en 1982, le ministre japonais de l'Agriculture lance un programme de recherche sur les « bains de forêt », un rituel de la culture nippone. Depuis, des centaines de cobayes ont vu leur sang, urine, temps de sommeil soupesés, décortiqués, analysés après des excursions au milieu des futaies tandis que les sites de soins fleurissaient au milieu des forêts l'archipel. On en compte aujourd'hui 62 au Japon et une poignée d'autres à travers le monde.

    Deux heures en forêt par mois

    Comment les arbres peuvent-ils nous faire autant de bien ? Grâce aux huiles naturelles « phytoncides », répond le Pr Qing Li. Il s'agit de défenses naturelles que les grands végétaux libèrent « pour se protéger des bactéries et champignons ».

    Ces résultats ne surprennent pas Michel de Waard, directeur de recherche à l'Inserm au sein du Grenoble Institut des neurosciences. « Logique : si des composés chimiques que l'on respire comme les polluants de nos pots d'échappement nuisent à notre santé, pourquoi des substances émises par les arbres ne pourraient pas être bénéfiques ? » On observe les premiers effets dès la première demi-heure en forêt. Qing Li conseille d'y passer au moins deux heures par mois.

    Les forêts sont à la mode

    La thérapie par les arbres — ou sylvothérapie — n'est pas une nouveauté en France. Durant l'entre-deux-guerres, la pratique était commune, « notamment à Fontainebleau (Seine-et-Marne) où l'on amenait la bonne société parisienne se ressourcer », rappelle Patrice Hirbec, écologue à l'Office national des forêts. Des cures détrônées par les thalassothérapies.

    Mais les forêts redeviennent à la mode. Il suffit de voir le succès d'édition de l'allemand Peter Wohlleben pour s'en rendre compte. Sa « Vie secrète des arbres » s'est écoulée à plus de 250 000 exemplaires.

    « Depuis un an, je vois un engouement que je n'avais pas anticipé », confirme Jean-Marie Desfossez, organisateur de « Shirin Yoku » à la française et auteur d'un livre sur le sujet*. « Peut-être que nous, humains, avons besoin de revenir à ce milieu qui nous a nourris et dans lequel nous avons évolué des millions d'années », avance-t-il. Un retour à nos racines ?

    *« Shinrin Yoku, l'art et la science du bain de forêt », de Qing Li, First éditions, 320 p., 17,95 €.

    **« Sylvothérapie : le pouvoir énergétique des arbres », de Jean-Marie Desfossez, Ed. Jouvence, 15,90 €.