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Charlotte Abramow : "Représenter les femmes ne devrait pas être un combat politique"

GIRL CRUSH - La photographe et réalisatrice belge capture les corps féminins avec humour, bienveillance et loin des stéréotypes omniprésents dans la société. Rencontre avec une femme engagée qui n'a pas fini de nous faire rire autant que rêver.

Charlotte Abramow est photographe et réalisatrice
Charlotte Abramow est photographe et réalisatrice
Crédit : Sasha Marro
Arièle Bonte
Arièle Bonte
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Des femmes dans toute leur diversité. Une ode à leur sexe, leur peau, leurs vergetures et leurs règles. Dans le clip Les Passantes, la photographe et réalisatrice belge Charlotte Abramow a remis au goût du jour le poème d'Antoine Pol, mis en chanson par Georges Brassens.

Dévoilée le 8 mars dernier, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la vidéo divise. Il y a celles et ceux qui crient à l'indécence, tandis que d'autres remercient l'artiste de 24 ans pour ces images. Car en 4 min 15, Charlotte Abramow cristallise les derniers enjeux de société en matière d'égalité.

Les corps féminins uniformisés et sexualisés ? Le tabou des règles ? La place des femmes dans les métiers dits "masculins" ? Le dégoût du vagin ? La censure des tétons féminins ? La rivalité entre femmes ?

Ces stéréotypes ou idées reçues n'ont aucune place dans l'œuvre de Charlotte Abramow qui, a 24 ans seulement, n'en est pas à son premier coup d'essai. L’œil derrière les clips absurdes et décalés de la chanteuse belge Angèle, c'est elle. La dernière couverture du magazine Fisheye affichée dans tous les kiosques, elle aussi. Rencontre avec une artiste qui n'a pas fini de nous montrer les femmes telles qu'on aimerait les voir plus souvent. 

Une autre représentation du corps féminin

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Cet intérêt pour les corps féminins et les questions d'égalité, Charlotte Abramow le tient "peut-être" de ses parents médecins, raconte-t-elle à RTL Girls. Dans sa famille, on parle sans tabou de règles comme de violences sexuelles mais aussi d'avortement et de Simone Veil.

"Ado, même si je ne savais pas ce qu'était le féminisme, j'avais remarqué que les filles étaient victimes de gestes déplacés ou complexées par leur physique. Par exemple, on me disait que j'étais tellement plate que je pouvais passer sous une porte", se souvient-elle.

C'est avec Ophélie Secq, son amie et maquilleuse, que la photographe découvre le mouvement féministe comme "combat pour l'égalité entre les femmes et les hommes".

En images, les convictions de Charlotte Abramow se traduisent dès sa première couverture de magazine pour le Elle Belgique. Elle a alors 17 ans et propose à la prestigieuse publication, au culot, une série de photos réalisées dans le bureau de sa mère. On y voit "LE mannequin belge du moment" Yumi Lambert, porter les fringues du "créateur belge du moment", Jean-Paul Lespagnard. Elle tient un cornet de frites bien grasses, histoire de sortir des clichés du monde du mannequinat. 

"Maintenant que je sais comment fonctionne le milieu, je trouve cela assez fou qu'une rédactrice en chef ait accepté de publier ma photo en couverture du magazine. Normalement cela n'arrive jamais et c'est un peu antinomique avec ma timidité", explique la photographe avec amusement. 

Quelques années plus tard, en 2014, alors qu'elle étudie encore la photo à l'école des Gobelins à Paris, Charlotte Abramow publie le projet The Real Boobs. "C'est une idée qui était, je pense, depuis longtemps dans ma tête. Je me souviens qu’au lycée, dans les vestiaires des cours de sport, on se marrait à propos de nos seins qui étaient tous différents", raconte celle qui a quelques mois plus tard immortalié le corps nu de Claudette, 74 ans. C'est le déclic.

Elle comprend qu'il y a une voie à creuser, avec beaucoup d'humour, afin de "proposer une autre représentation que ces canons aux jambes infinies, cette vision sacrée du corps comme symbole de désir". 

S'en suivent Metamorphosis, une série de portraits sur l'apparition de la puberté chez les filles, Dear Mother, sur la complexité de la relation mère-fille, ou encore Équilibre instable, qui fait aujourd'hui la couverture de Fisheye.

La photographe est loin d'en avoir fini avec cette ligne directrice puisqu'elle s'apprête à publier sur son site une nouvelle série, Find Your Clitoris, qui comme son nom l'indique, "explore la sexualité féminine et la recherche du plaisir féminin".

Un clip qui n'aurait pas dû être politique

Quand on lui demande si on la rapporte à son statut de "jeune femme" dans le milieu dans lequel elle évolue, Charotte Abramow répond que c'est rare. En revanche, il est plus difficile selon elle de porter des projets labellisés comme "féministes", un "mot qui fait peur - mais de moins en moins", explique la jeune artiste.

Pour la scène finale du clip des Passantes par exemple (une représentation d'une vulve incarnée par des femmes et des hommes habillés tout en blanc et filmés par un drone), la réalisatrice souhaitait la capturer dans une cour d'école. Aucune n'a accepté de prêter son bitume pour cette vulve.

HUMAN VULVA ¿

Une publication partagée par Charlotte Abramow ¿ (@charlotteabramow) le

La communication des Pompiers de Paris n'a pas non plus donné son feu vert à la réalisatrice pour qu'une de leur recrue apparaisse à l'écran, confie Charlotte Abramow assurant pourtant qu'elle n'a pas voulu réaliser un clip politique.

"Il l'est dans le sens où il parle de la société mais représenter les femmes ne devrait pas être un combat politique", confie Charlotte Abramow avant de s'épancher sur le sida, le sexisme dans la chanson française, le silence autour de la composition des tampons ou encore le remboursement des frais menstruels.

Montrer la solidarité entre femmes

Car échanger avec Charlotte Abramow, c'est passer d'un sujet à l'autre avec une fluidité inattendue. Quand on lui parle de son travail, elle finit par rebondir sur celui des autres. Ses références vont de Paolo Reversi à Patrick Demarchelier, qui lui ont donné le goût du rêve et de la mise en scène, en passant par Ryan McGinley et ses nus d'hommes et des femmes complètement libres, ou Harley Weir, photographe américaine de 27 ans "dont tout le monde parle en ce moment". 

Parlez-lui de musique et Charlotte Abramow citera sans aucun doute Angèle et son amie Claire Laffut, également artiste-peintre belge, mais aussi Yseult, dont elle admire l'énergie et les messages "toujours positifs" qu'elle poste dans ses story Instagram. 

Ces femmes, on les retrouve dans le clip Les passantes. Toutes différentes, singulières, elles se tiennent les unes à côté des autres comme pour montrer leur solidarité et envie d'agir ensemble plutôt que les unes contre les autres.

"Pendant longtemps, on avait peur de la compétition mais maintenant, on se rend compte que chacune apporte sa différence, que tout le monde a sa place tant que tu racontes ton histoire". 

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