GB: 78% des entreprises admettent payer plus les hommes que les femmes

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GB: 78% des entreprises admettent payer plus les hommes que les femmes
GB: 78% des entreprises admettent payer plus les hommes que les femmes © AFP/Archives

Temps de lecture : 3 min

Près de huit grandes entreprises sur dix au Royaume-Uni ont admis payer davantage les hommes que les femmes, d'après une liste publiée jeudi par le gouvernement, qui vient d'imposer la transparence sur ce sujet.

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Le ministère de l'Intérieur avait donné jusqu'à mercredi minuit aux entreprises de plus de 250 salariés de tous secteurs, ainsi qu'à la plupart des administrations, pour publier leurs écarts de salaires entre employés et employées. Un peu plus de 10.000 d'entre elles avaient fourni ces données jeudi matin.

Parmi ces dernières, 92 % ont admis l'existence de différences salariales entre les hommes et les femmes: 78 % en faveur des hommes et 14 % en faveur des femmes. En moyenne, un homme gagne 12 % de plus qu'une femme.

Dans une tribune publiée mercredi dans le Daily Telegraph, la Première ministre, Theresa May, a qualifié les différences salariales entre sexes d'"injustice brûlante" à abattre au plus vite.

La compagnie aérienne Ryanair s'affiche parmi les cancres de l'égalité salariale. L'entreprise irlandaise révèle en effet que ses employées sont payées en moyenne 71,8 % de moins que ses employés.

L'écart est mesuré en mettant dos à dos les revenus horaires médians - c'est-à-dire les salaires intermédiaires entre les moitiés mieux et moins bien payées - des employés de chaque sexe.

Le calcul ne tient pas compte du type de poste occupé ou de l'ancienneté. Le gouvernement n'a pas imposé de publier les différences de salaire à poste équivalent, une discrimination interdite par la loi britannique depuis 1970.

Pour se défendre, Ryanair a pointé du doigt un mode de calcul ne prenant pas en compte le fait que le métier de pilote, hautement rémunéré, est très majoritairement masculin. Sa concurrente EasyJet affiche pour la même raison un écart de 45 %.

L'argument n'a semble-t-il pas échappé à la Première ministre, pour qui "les écarts de salaires sont symptômes d'un problème plus large, celui de la sous-représentation des femmes dans le monde des affaires".

Le secteur bancaire s'est fait lui aussi remarquer pour ses mauvaises performances. L'écart de salaire médian atteint ainsi 32,8 % chez Lloyds Banking Group et grimpe encore pour les établissements tournés vers la banque d'affaires, à 36,4 % chez Goldman Sachs et à 43,5 % chez Barclays International.

Quelques grandes marques ont au contraire fièrement fait part de la parfaite équité de leurs grilles de rémunération, telles les chaînes de restauration Starbucks et McDonald's.

Quant aux entreprises récalcitrantes qui n'ont pas publié leur situation salariale, le gouvernement britannique a annoncé qu'elles s'exposaient à des poursuites légales immédiates.

"Les organisations qui refusent de publier leurs écarts de salaire n'ont absolument aucune excuse," a prévenu la ministre de l'Intérieur, Amber Rudd.

Si le symbole de la démarche gouvernementale est salué à travers le pays, son efficacité est d'ores et déjà remise en cause, principalement du fait de la méthode de calcul adoptée.

"Les données récoltées ignorent trop de facteurs significatifs comme le poste occupé ou le type de contrat en cause - plein temps ou temps partiel - pour dévoiler clairement les discriminations de genre dans le monde du travail," a observé dans un rapport de l'Institut des Affaires Economiques, Kate Andrews, responsable de la revue de cet organisme.

Quelques retombées positives ont déjà été observées: plusieurs organisations se sont spontanément engagées à réduire un écart salarial jugé trop élevé. C'est le cas du quotidien The Guardian, qui a lui-même critiqué l'écart de 12,1 % des salaires médians en son sein en faveur des hommes et promis de corriger ce problème au plus vite.

05/04/2018 14:33:08 -          Londres (AFP) -          © 2018 AFP