Samedi soir, dans l’émission Ballando con le stelle (l’équivalent de Danse avec les stars) sur Rai 1, “Gessica Notaro a été applaudie plus longtemps que d’ordinaire. Mais pas (seulement) pour sa prestation.” Âgée de 28 ans, Gessica Notaro a été finaliste de Miss Italie en 2007. L’an dernier, elle a été agressée à l’acide par son ex-petit ami, Edson Tavares, condamné en première instance à dix-huit ans de prison. La jeune femme, pour sa part, participe cette année à l’émission Ballando con le stelle, malgré les cicatrices sur sa peau et le bandeau pailleté qui couvre son œil droit

“Elle a toujours raconté son histoire, rappelle La Repubblica. La première fois, c’était dans l’émission Costanzo Show [en avril 2017], quand elle a montré son visage sans les bandages. Elle en a fait une raison de lutter contre les violences faites aux femmes.”

Mais les avocats d’Edson Tavares, qui comptent porter l’affaire en appel, “voudraient que la Miss ne raconte pas ce qu’il s’est passé, rapporte Il Giornale. Dans une lettre, publiée par Il Resto del Carlino, ils accusent Gessica Notaro de mélanger “spectacle et affaire judiciaire” et de vouloir “déclencher une implication émotive” du public. Ils en appellent aux “autorités compétentes” pour que “l’attitude de Mme Notaro soit ramenée dans le périmètre du respect des droits d’autrui”.

“Je continuerai à parler”

Dans l’émission du 7 avril, la présentatrice Milly Carlucci a mis les points sur les i : “Nous sommes avec Gessica.” La jeune femme a ensuite été défendue par deux membres du jury. Puis son partenaire de danse a voulu prendre la parole pour la défendre, mais la jeune femme a préféré le couper directement.

Non, en réalité, il y a quelque chose que je voudrais dire. Merci à tous, merci à vous, mille mercis. Je ne me tairai pas. Je continuerai à parler. Où est la caméra ? Je continuerai à parler, pour moi, pour ces femmes qui ne sont plus là et ne peuvent plus raconter, pour ces femmes qui sont enfermées chez elles et n’ont pas la force de réagir. Donc cessez d’insister, car plus vous me direz de me taire, plus je parlerai.”

“Désormais sur la Rai, on danse moins avec les stars qu’au milieu des polémiques”, écrit Il Resto del Carlino. Car les avocats de M. Tavares ont répliqué aux “insultes et attaques” dont ils ont été l’objet durant l’émission. Ils ont adressé une deuxième lettre, cette fois à l’autorité de surveillance de la Rai et au ministère de la Justice. Ils dénoncent “ce procès médiatique” et s’en prennent directement aux membres du jury qui se sont exprimés, dont la journaliste Selvaggia Lucarelli, laquelle leur répond dans une tribune dans Il Fatto Quotidiano.

Le problème de M. Tavares n’a rien à voir avec ce procès “médiatique”, assure-t-elle, car le cas de Gessica Notaro a déjà été examiné et analysé “sur des milliers de plateaux télé”.

Son problème, c’est le bonheur de Gessica. Il ne voulait pas que qui que ce soit puisse jouir après lui de sa beauté et de sa joie, alors il a cherché à la défigurer. Maintenant qu’il a compris qu’il ne lui avait rien enlevé – ni sa beauté ni sa joie –, il cherche à la priver de son droit à une seconde vie.”