Aucune femme à la tête des théâtres nationaux. Seulement 13 % de femmes directrices de centres chorégraphiques nationaux, 15 % de Maisons d’opéra, 25 % de centres dramatiques nationaux et régionaux, 29 % de scènes nationales… voilà les données de l’édition 2017 de l’Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication. « Les rares bons élèves sont les Fonds régionaux d’art contemporain (Frac) », relève-t-on dans l’entourage de la ministre Françoise Nyssen, de même que les médias publics, désormais présidés à 60 % par des femmes.

Jugeant cette situation globalement « insatisfaisante », la ministre de la culture présentera ce mercredi « une « feuille de route » sur cinq ans qualifiée « de très volontariste », à l’issue d’un comité ministériel pour l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication. Sa mesure phare : user de son pouvoir de nomination pour que 50 % (contre un tiers aujourd’hui) de femmes dirigent les 76 établissements publics du secteur de la culture (musées, patrimoine, spectacle vivant, audiovisuel…) d’ici à 2022.

500 000 € pour rattraper les écarts de salaires

Les établissements culturels publics comme privés (ETCI) devront présenter au ministère une progression chiffrée de leur politique en faveur de l’égalité professionnelle, et notamment salariale. L’écart de salaires à compétence égale est encore de 18 % dans le monde de la création, et de 10 % au sein du ministère de la Culture. Soucieuse de montrer l’exemple, son administration, engagée dans une démarche pour obtenir le label égalité professionnelle, consacrera 100 000 € par an (sur cinq ans) au rattrapage salarial.

Le ministère de la culture emboîte ainsi le pas au Conseil supérieur de l’audiovisuel, première administration à décrocher en octobre dernier l’exigeant label délivré par Afnor. Le même objectif d’égalité professionnelle a été fixé aux médias publics. Force est de constater que ceux dirigés par des femmes se sont montrés plus actifs. Les femmes sont désormais majoritaires aux comités de direction de France Télévisions et d’Arte, et à parité dans celui de France Médias Monde, selon l’Observatoire. L’espoir, en insufflant cette culture, est qu’elle rééquilibre la part des œuvres portées par des femmes.

Prévenir et lutter contre la violence et le harcèlement

L’autre série de mesures de cette feuille de route concerne « la lutte contre les violences et le harcèlement sexuels et sexistes ». En appui à celles annoncées en novembre dernier par Emmanuel Macron, Françoise Nyssen va demander aux directrices et directeurs de tous les établissements sous sa tutelle de rédiger un cahier des charges pour la prévention et la lutte contre ces violences.

Des « référents égalité » seront nommés pour recueillir la parole des victimes et des témoins de violences sexuelles et de harcèlement. Des actions « de formation et de sensibilisation » seront aussi proposées à l’encadrement.

Sensibiliser aussi les écoles et le privé

La ministre entend aussi lutter contre « les images et représentations » et « la lutte contre les stéréotypes » dans l’audiovisuel, la presse, la publicité ou l'édition. Seules un tiers des femmes sont visibles dans les fictions (35 %) ou magazines et documentaires (32 %), et moitié moins (17 %) dans les programmes sportifs, selon le même l’Observatoire. Et elles sont encore trop souvent interrogées en tant que victimes plutôt que comme expertes.

Dans l’entourage de la ministre, on confie qu’une attention particulière sera portée aux écoles de journalisme et à l’édition jeunesse, là où se forgent les consciences et s’acquièrent les réflexes.